Une réaction au décès du petit Hoane… Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris ce drame ?
« Je voudrais d’abord m’associer au message de condoléances les plus attristées du président, adressé bien évidemment aux familles et à la population de Ua Pou. Je crois qu’on vie ce drame tous, nous qui sommes aussi des parents, d’une manière très forte, c’est une véritable tragédie qui vient de se passer. Ça démontre aussi la vulnérabilité de la vie dans les îles et dans ces îles lointaines et la nécessité d’aménager notre territoire pour faire en sorte que demain, nous ayons une meilleure desserte ne serait-ce qu’au niveau de nos aéroports qui existent aujourd’hui. Et nous avons inscrit à l’intérieur du Sage le fait de doter les îles Marquises d’un hélicoptère. »
Justement cet hélicoptère, il est demandé par la population des Marquises. Est-ce que c’est faisable ?
« C’est faisable dans le cadre d’un projet de développement des îles Marquises. Vous comprenez bien qu’une société qui viendrait exploiter un hélicoptère, aura besoin d’équilibrer ses comptes. Même si le Pays vient apporter un coup de pouce en terme de financement au début, il faudra quand même que cette entreprise puisse fonctionner de ses propres moyens et notamment au travers de ses propres recettes. Donc il faut compter sur le tourisme, sur les déplacements administratifs au niveau des îles Marquises par exemple. Mais nous nous sommes rendus sur place, moi-même je me suis rendu sur place, et nous avons discuté notamment avec la directrice de l’hôpital de Nuku Hiva sur la nécessité de mettre en place un équipement de ce type. »
La population attend tout de même, après ce drame, des actions concrètes, de « premières mesures d’urgence », comme disait le président du Pays. Est-ce qu’on peut en savoir plus ?
« Par exemple, nous avons dores et déjà pris la décision de doter les Marquises Nord, donc à partir de Nuku Hiva et pour desservir Ua Huka et Ua Pou, d’un bateau, comme dans le Sud, ce bateau qu’ils appellent Te ata o te Hiva, et qui va pouvoir convoyer, transporter, des passagers dans de meilleures conditions que ce qui existe aujourd’hui. (…) je rajouterai qu’il faut aussi adapter nos aérodromes sur place pour les nécessités d’interventions de nuit. Aujourd’hui, on ne peut pas le faire. Il faut qu’on travaille avec l’opérateur Air Tahiti et Air Archipels, voir comment dans le futur, nous pouvons assurer ce type d’intervention en évacuations sanitaires par exemple. »
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Vous parliez tout à l’heure du shéma d’aménagement général de la Polynésie (Sage, NDLR). L’enquête publique a été lancée hier. Comment la population peut-elle participer à cette enquête publique. C’est un enjeu de taille pour les 20 à 30 prochaines années.
« D’abord nous avons travaillé pendant plus de deux ans sur la réalisation de ce projet de schéma d’aménagement qui concerne l’ensemble des archipels. Nous nous sommes déplacés dans les îles, nous avons rencontré les élus, les acteurs, au travers des associations, qui existent, la population également. Cette fois-ci, il s’agit de restituer ce travail même si le comité de pilotage Pays Etat ainsi que les élus et les représentants de l’assemblée ont dores et déjà validé quelque part le projet mis en avant (…) C’est à la population de réagir au travers des projets mis en avant. Il faut retenir le fait que notre souhait est d’inverser le flux migratoire, que les gens puissent vivre dans leurs îles dans de meilleures conditions. ce qui se passe aujourd’hui est totalement d’actualité. Et d’ailleurs, lorsque je me suis exprimé hier devant les caméras, j’étais dans cette ambiance du Sage. »
A quand des actions concrètes par rapport à ce Sage ?
« Les actions concrètes, on peut dire que dans le cadre des budgets que nous avons aujourd’hui, nous sommes déjà sur la concrétisation, notamment en matière d’augmentation de la production de logements. En matière de prises de décisions sur la création par exemple d’un aéroport international sur Rangiroa. J’ai demandé à ce qu’on inscrive les budgets d’étude pour 2020. Lorsqu’on parle notamment d’adapter l’aéroport de Bora Bora pour accepter les jets qui viennent du monde entier… Tout cela sont des projets qui sont en cours aujourd’hui et qui s’intègrent très bien dans ce qu’on appelle nos politiques publiques, c’est-à-dire les schémas directeurs, qui seront finalement chapeautés par ce Sage. »
On va parler de l’ONU maintenant. Un débat sur la décolonisation qui divise la majorité et les indépendantistes. Quelle est votre position sur ce principe d’inscription sur la liste des pays à décoloniser ?
« Notre position est très simple : c’est un non sujet. La population a fait son choix au moment des élections territoriales, et largement en faveur de la liste menée par Edouard Fritch. Si on devait interroger la population aujourd’hui sur l’avenir institutionnel du Pays, nous aurons 75%, 80% qui rejetterait cette idée d’indépendance et de séparation de la France. Donc ce qui est demandé par Edouard Fritch à l’ONU à New York, c’est l’émanation de ce qu’est le Polynésien aujourd’hui. Le Polynésien aujourd’hui ne se regarde pas tous les matins dans la glace en se posant la question de savoir s’il est Français, Maohi, Chinois etc. Il se sent totalement Polynésien dans sa culture mais aussi au travers de ce lien que nous avons avec la France. Et c’est une longue histoire que nous avons avec la France. »