Élève brillante, ambassadrice de la compagnie au tiare, Vaiiti Raygadas poursuit ses études à Sciences Po Bordeaux, en métropole. En stage à la mairie de Paris, elle a fait partie des premières personnes à se baigner dans la Seine après la grande opération de dépollution en vue des Jeux Olympiques.
« C’est incroyable. On est employés à la ville de Paris et on nous a proposé ça hier. On s’est dit que c’est incroyable, a-t-elle confié à la chaine BFM TV. On espère que dans 20 ans, ce sera quelque chose qui sera banalisé et que tout le monde pourra le faire. On est très contents d’avoir vécu cette expérience et on va faire encore quelques longueurs. Elle est bonne, elle est propre. Moins limpide que l’eau des îles, mais elle est propre ». Le soleil était au rendez-vous ce mercredi à Paris, même si l’eau était à 20°, loin des températures de nos lagons.
Ce bain très symbolique a eu lieu plus de cent ans après l’arrêté préfectoral de 1923 interdisant la baignade dans le fleuve. Tenant sa promesse, la maire de Paris Anne Hidalgo s’est, elle aussi, baignée, en compagnie du président du comité d’organisation (Cojo) des Jeux olympiques, Tony Estanguet.
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L’eau était « très douce et assez claire, fraîche, mais pas froide du tout. C’était très agréable », a commenté Anne Hidalgo.
C’est un « jour de rêve », a réagi la maire après quelques minutes de nage. Pour Anne Hidalgo, « la promesse a été tenue » grâce aux Jeux qui ont été « un accélérateur ».
« Ça y est, la Seine est baignable et effectivement, les compétitions de triathlon et de natation-marathon vont pouvoir se dérouler », s’est réjoui en écho M. Estanguet.
Pour le président du Cojo, cette baignade est « symbolique aussi de l’ambition de Paris 2024 d’être à la fois des Jeux spectaculaires mais aussi des Jeux responsables, utiles, qui vont laisser un héritage ».
1,4 milliard d’euros pour dépolluer
État et collectivités franciliennes ont injecté 1,4 milliard d’euros (environ 167 milliards de Fcfp) depuis 2016 pour rendre baignables la Seine et son principal affluent, la Marne.
Modernisation des stations d’épuration, raccordement des péniches au tout-à-l’égout, ramassage des déchets plastiques… Le plan a aussi accouché de cinq ouvrages majeurs, dont un bassin de rétention des eaux pluviales et usées près de la gare d’Austerlitz, véritable cathédrale souterraine creusée en plein centre de Paris.
Ce bassin a fonctionné deux fois lors d’orages en juin et juillet. Il a évité 40 000 puis 15 000 m3 de déversements dans la Seine « qui auraient été délétères pour la qualité de l’eau pendant plusieurs jours », a salué Samuel Colin-Canivez, responsable des grands travaux du réseau d’assainissement.
L’heure de vérité approche pour les organisateurs : après la cérémonie d’ouverture du 26 juillet, les épreuves de triathlon (30 et 31 juillet, 5 août), natation marathon (8 et 9 août) et paratriathlon (1er et 2 septembre) doivent se tenir dans la Seine.
En cas de précipitations intenses, de l’eau non traitée peut être rejetée dans le fleuve, un phénomène que les ouvrages de rétention inaugurés juste avant les Jeux ont vocation à empêcher.
Le plan B consiste à reporter de quelques jours les épreuves, un plan C vise à déplacer la natation marathon à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne). « Aujourd’hui, c’est un risque très, très faible », a estimé mercredi M. Estanguet.
« Les eaux un peu polluées, ça nous connaît parce qu’à peu près partout où on nage, on a ce problème-là », a commenté par visio-conférence Dorian Coninx, champion du monde 2023 de triathlon.
« À Rio, à Tokyo, c’était le même problème » et finalement « tout ira bien », a relativisé l’entraîneur Philippe Lucas, interrogé à Vichy pendant le stage de l’équipe de France de natation.
Derniers résultats positifs
Ces deux dernières semaines, malgré un débit de la Seine toujours aussi élevé (autour de 400 m3/seconde mardi), ce qui joue en défaveur de la qualité de l’eau, mairie et préfecture de région ont annoncé des résultats bactériologiques globalement positifs.
Selon les deux derniers prélèvements réalisés le 26 juin et 4 juillet par l’ONG Surfrider sur le parcours olympique, la teneur en E.Coli et en entérocoques, les deux bactéries fécales mesurées pour autoriser ou non la baignade, était conforme aux normes des fédérations internationales des sports concernés.
« Les eaux sont propres à la baignade à l’heure actuelle », a commenté pour l’AFP Marc Valmassoni, coordinateur eau et santé chez Surfrider, regrettant toutefois que la teneur en produits chimiques ne soit pas prise en compte par les autorités.
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, qui avait devancé l’appel de quelques jours en se baignant dans le fleuve en catimini samedi matin, a indiqué n’avoir eu « aucun effet secondaire ». « Je vais très bien, je suis en pleine forme, nous sommes prêts, la Seine sera baignable », a-t-elle assuré au journal L’Union.
Mercredi, Mme Hidalgo a rendu hommage à Jacques Chirac, qui, alors maire de la capitale en 1990, avait promis aux Parisiens que les eaux de la Seine s’ouvriraient à eux.
Ce devrait être chose faite l’été 2025 sur le bras Marie, comme à Bercy et sur le bras de Grenelle, où les Parisiens doivent être autorisés à se baigner.