Ronny Teriipaia : « Lorsqu’on met en place une réforme, ça ne change pas les choses du jour au lendemain »

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Le ministre de l’Éducation était l’invité du journal de TNTV, ce lundi soir. Affectations des enseignants polynésiens, rentrée scolaire, nouveaux rythmes des élèves, Ronny Teriipaia a fait un tour d’horizon des sujets intéressant son portefeuille. Il est également revenu sur sa récente mise en examen pour provocation à la discrimination. « Je n'ai fait que donner un ressenti. C'est un ressenti collectif, tout simplement », a-t-il dit.

Publié le 13/08/2024 à 10:27 - Mise à jour le 13/08/2024 à 10:30

Le ministre de l’Éducation était l’invité du journal de TNTV, ce lundi soir. Affectations des enseignants polynésiens, rentrée scolaire, nouveaux rythmes des élèves, Ronny Teriipaia a fait un tour d’horizon des sujets intéressant son portefeuille. Il est également revenu sur sa récente mise en examen pour provocation à la discrimination. « Je n'ai fait que donner un ressenti. C'est un ressenti collectif, tout simplement », a-t-il dit.

TNTV : On vient de voir le portrait d’une lauréate au concours de chefs d’établissement. Pour eux, ce sont deux ans de stage obligatoires dans l’Hexagone. Ils bénéficient d’une indemnité compensatoire sur la première année. Vous comptez demander à l’étendre, est-ce bien le cas ?

Ronny Teriipaia : « Tout à fait. Je tiens d’abord à les féliciter, puisqu’ils sont deux à avoir été reçus à ce concours. Effectivement, c’est une question qui pose problème, notamment pour ceux qui sont dans l’Hexagone, parce que c’est difficile de bénéficier de cette indemnité compensatoire juste pour une année. Donc, nous, au niveau du ministère de l’Éducation et du gouvernement, on a décidé de l’étendre pour la deuxième année, puisqu’ils doivent rester deux ans ».

TNTV : Entendez-vous demander que ces personnels effectuent leur stage en Polynésie ?

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Ronny Teriipaia : « C’est déjà prévu. On en a déjà discuté l’année dernière lors du dialogue de gestion. Ça n’a pas abouti, mais on ne lâche pas. On remettra ça sur la table des discussions au prochain dialogue de gestion au mois d’octobre ».

TNTV : Nous parlons des futurs cadres, mais, ces derniers jours, il a aussi été beaucoup question des lauréats au concours d’enseignants, notamment ceux affectés dans l’Hexagone pour leur année de stage. Votre gouvernement est intervenu pour que huit stagiaires CAPES puissent effectuer leur stage au fenua. Que pourriez-vous faire de plus pour éviter que cela ne se reproduise ?

Ronny Teriipaia : « C’est une question difficile à laquelle je ne pourrais pas répondre d’emblée. Il faut recentrer les choses dans leur contexte, puisque cette année, nous avons 67 lauréats au concours du secondaire. L’année dernière, il y en a eu 38. C’était beaucoup plus facile à gérer. On a les postes pour la plupart d’entre eux, mais il faut savoir aussi que certaines filières sont saturées. Donc, les postes sont créés en fonction des besoins, en fonction du nombre d’élèves qui demandent à suivre ces enseignements. Mais on ne peut pas mettre des enseignants s’il n’y a pas d’élèves en face. Donc, les 14 lauréats du concours qui sont concernés sont obligés de se rendre en France. On a réussi à maintenir 8 d’entre eux parce que les postes existent, tout simplement ».

TNTV : Y a-t-il des stagiaires qui, eux, souhaitent partir dans l’Hexagone pour effectuer leur stage ?

Ronny Teriipaia : « Oui, il y en a qui souhaitent partir en France, justement, pour vivre une nouvelle aventure, pour acquérir beaucoup d’expériences. Il y en a aussi qui, peut-être, préfèrent laisser leur place à ceux qui ont de la famille ici, au fenua, et je trouve que c’est très bien ».

TNTV : Le Pays accompagne-t-il ces stagiaires qui partent dans l’Hexagone ?

Ronny Teriipaia : « On est en réflexion pour voir ce qu’on peut mettre en place pour justement aider nos enfants ».

TNTV : La rentrée de classe débutera demain. Elle est marquée par de nouveaux rythmes scolaires. Les communes sont-elles prêtes ? Les parents sont-ils prêts ?

Ronny Teriipaia : « Quand il y a une réforme qui se met en place, il est difficile de se prononcer tout de suite, parce qu’il faut d’abord que ça s’applique. En fonction du déroulement des différents contextes, des différentes situations, on pourra se prononcer. Quoi qu’il en soit, on laisse du temps aux choses de s’installer, et on laisse jusqu’au mois de décembre pour voir éventuellement quels sont les ajustements. Vous savez parfaitement que lorsqu’on met en place une réforme, ça ne change pas les choses du jour au lendemain. Il y a toujours des ajustements à faire. Je rappelle que le statut d’autonomie ne s’est pas fait en un jour. Il y a toujours eu des modifications, des ajustements, des améliorations, pour faire en sorte que ça se passe au mieux ».

TNTV : Pour ce qui est de communes, charge à elles, si elles le souhaitent, de mettre en place des activités périscolaires. Il se pose la question des financements. Comment les accompagner ?

Ronny Teriipaia : « Au niveau du ministère de l’Éducation et du ministère de la Jeunesse et des Sports, on a décidé de conditionner les demandes de subventions des associations sportives et culturelles pour répondre aux besoins des activités périscolaires des élèves (…) On en a déjà discuté avec notamment l’UPJ : comment pourrait-on mettre ça en place ? C’est vrai que les communes ne sont pas obligées de mettre en place des activités périscolaires, mais il y a beaucoup d’entre-elles jouent le jeu, et je les en remercie ».

TNTV : Avant cette rentrée, on évoquait une migration des élèves du public vers le privé. Est-ce que cette tendance est confirmée ?

Ronny Teriipaia : « C’est un mythe. Il faut arrêter avec ce genre de spéculations qui n’en finissent pas. Même à mon époque, il y avait beaucoup de parents qui voulaient inscrire leurs enfants dans l’école privée (….) C’est vrai qu’avec ce nouveau rythme scolaire, on a l’impression que qu’il y a un exode massif vers les écoles privées. Ce n’est pas vrai du tout. C’est juste que les écoles privées ont un fonctionnement particulier par rapport au rythme scolaire, tout simplement ».

TNTV : Une dernière question. Cette rentrée se fait dans un contexte particulier vous concernant. Vendredi, vous avez été mis en examen pour provocation à la discrimination pour des propos tenus en novembre dernier dans le quotidien Tahiti Info. Vous n’êtes pas seul à être visé. Oscar Temaru et Mitema Tapati le sont également. Un commentaire ?

Ronny Teriipaia : « Je n’ai pas de commentaire particulier. Je n’ai fait que répondre à une question qui m’a été posée. Tout simplement. C’est le mot mutisme qui me vient à l’esprit. J’ai l’impression qu’on a envie de museler encore, comme d’habitude. On n’a pas trop envie de s’exprimer. Pourtant, il me semble qu’on fait partie d’un des pays, je parle de la France, où la liberté d’expression est très mise en valeur. Elle est mise en exergue. Je n’ai fait que donner un ressenti. C’est un ressenti que j’ai exprimé. D’ailleurs, je l’ai dit au juge. C’est un ressenti collectif, tout simplement ».

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