Comme l’ont déjà fait Citroën et Volkswagen, Toyota et Mercedes vont notamment devoir identifier et rappeler « prochainement » vingt modèles commercialisés entre 2001 et 2018, en déconseillant à leur propriétaire de rouler tant que la réparation n’a pas été faite (une procédure appelée « stop drive »), a précisé le ministère dans un communiqué.
Le scandale des airbags du fabricant japonais Takata secoue le secteur de l’automobile depuis 2014: à cause d’un gaz qui vieillit mal, ces équipements de sécurité risquent d’exploser en projetant des pièces au visage des conducteurs.
Volkswagen, Nissan, BMW ou Toyota, entre autres, ont rappelé des millions de véhicules équipés de ces airbags dangereux à travers le monde, avec des campagnes de rappels encore en cours aujourd’hui.
– PUBLICITE –
Citroën a lancé de son côté début 2025 une immobilisation massive de quelque 236.900 modèles C3 et DS3 dans le nord de la France, après avoir lancé une première campagne au printemps 2024 dans le sud de l’Europe.
Mais ces campagnes sont lourdes et parfois chaotiques, avec des constructeurs réticents et des automobilistes difficiles à joindre.
En France, les airbags de 2,3 millions de véhicules restent encore à remplacer en métropole, a indiqué le ministère des Transports dans un communiqué.
214.700 Mercedes et 154.900 Toyota ne sont pas encore réparées en métropole, dont des populaires Toyota Yaris (produites entre 2001 et 2017) et Corolla (2001-2010), ainsi que des Mercedes Classe A II produites entre 2004 et 2016 et Classe C II et III (2004-2016). Le ministère n’a pas précisé quels modèles exactement devaient être immobilisés.
Les propriétaires concernés doivent consulter le numéro d’identification de leur véhicule sur leur carte grise et vérifier sur le site internet des constructeurs. Le rendez-vous en concession pour changer les airbags est ensuite gratuit.
En France, 29 accidents liés à ces airbags ont été recensés, provoquant 11 décès outre-mer et un en métropole, selon le ministère des Transports.
« Scandale industriel »
Alors qu’il est resté longtemps silencieux sur cette affaire d’airbags, le gouvernement a intensifié ses actions début 2025.
Le ministère des Transports oblige désormais les constructeurs automobiles à amplifier la recherche des véhicules encore équipés d’airbags dangereux, sous peine de lourdes sanctions financières, allant jusqu’à un million d’euros par jour de retard, selon un arrêté transmis à des concessionnaires le 7 avril et consulté par l’AFP.
Les constructeurs doivent notamment « adresser un nouveau courrier à l’ensemble des propriétaires de véhicule concernés, leur demandant d’arrêter de conduire leur véhicule et de procéder au changement de leur airbag« , et mettre en place « un système d’information centralisé permettant un suivi des véhicules concernés » jusqu’au remplacement effectif de l’airbag.
Outre-mer, où les accidents mortels se sont multipliés à cause d’une dégradation accélérée de l’airbag liée au climat chaud et humide, les constructeurs ont déjà mis en place un rappel pour les 80.000 véhicules dont les airbags n’ont pas encore été remplacés.
En Guadeloupe cependant, un des constructeurs concernés ne dispose toujours pas d’une organisation « opérationnelle » pour le remplacement des airbags et s’est vu exiger une première astreinte de 315.000 euros.
« Nous attendons que cet arrêté, première réglementation française concernant les rappels d’airbags défectueux, marque la prise en compte de ce scandale industriel« , a souligné dans un communiqué l’avocat Charles-Henri Coppet, qui accompagne 11 victimes blessées et 9 familles de victimes décédées.
« En imposant des mesures d’encadrement, cet arrêté met fin aux rappels qui jusqu’aujourd’hui étaient soumis à la seule décision des constructeurs automobiles« , souligne l’avocat. « Il reste regrettable que des astreintes financières soient nécessaires pour amener les constructeurs automobiles à respecter leur obligation de sécurité, et que ces mesures soient si tardives« .
Parallèlement, plusieurs propriétaires de Citroën C3 ont déposé des plaintes contre Stellantis pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « pratiques commerciales trompeuses« , demandant notamment des compensations financières.