Australie : un « geek » arrêté pour avoir créé une messagerie mondiale du crime

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Un "geek de l'informatique" de 32 ans a été arrêté en Australie, soupçonné d'avoir créé une messagerie cryptée utilisée par des criminels partout dans le monde pour gérer trafics de drogue, blanchiment d'argent et assassinats, grâce à une coopération policière dans neuf pays, ont annoncé mercredi les forces de l'ordre australiennes.

Publié le 18/09/2024 à 14:21 - Mise à jour le 18/09/2024 à 15:33

Un "geek de l'informatique" de 32 ans a été arrêté en Australie, soupçonné d'avoir créé une messagerie cryptée utilisée par des criminels partout dans le monde pour gérer trafics de drogue, blanchiment d'argent et assassinats, grâce à une coopération policière dans neuf pays, ont annoncé mercredi les forces de l'ordre australiennes.

L’application, un moteur de blog connu sous le nom de « Ghost » et que son concepteur affirmait impossible à pirater, a servi à des centaines de criminels en Europe, au Moyen-Orient et en Asie, a indiqué la police fédérale australienne dans un communiqué.

Mais, depuis deux ans, plusieurs polices du monde avaient piraté le réseau et regardaient les utilisateurs discuter trafic de drogue, blanchiment d’argent, assassinats et autres violences graves.

Le créateur de Ghost, un Australien qui vivait chez ses parents à Narwee, dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud, et n’avait pas de casier judiciaire, s’est montré « légèrement surpris » quand les policiers sont venus l’arrêter, a déclaré le commissaire adjoint de la police fédérale, Ian McCartney.

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Il a été inculpé de cinq délits, dont le plus grave est passible de dix ans de prison.

La police a en outre saisi quelque 376 téléphones disposant d’un accès à Ghost, et arrêté plusieurs dizaines d’Australiens à travers le pays. Simultanément, d’autres arrestations ont eu lieu en Italie, en Irlande, en Suède et au Canada.

« Aujourd’hui, nous avons clairement démontré que les réseaux criminels, aussi cachés qu’ils puissent se croire, ne peuvent échapper à notre effort collectif », s’est félicité la directrice d’Europol, la commissaire belge Catherine De Bolle, citée dans le communiqué australien.

Localisé par les gendarmes

Europol a convoqué une conférence de presse à 09H00 GMT, en ligne depuis son quartier général de La Haye. Au total, les polices de neuf pays ont participé à ce coup de filet mondial.

Créé il y a neuf ans, Ghost ne fonctionnait que sur des smartphones spécialement modifiés vendus environ 2.350 dollars australiens (1.430 euros), un prix comprenant six mois d’abonnement au service et une assistance technique.

Ghost serait, selon la police australienne, utilisé par des centaines de criminels présumés pour ses avantages en termes de configuration (code disponible publiquement) et d’anonymat. Mais les enquêteurs ont réussi en 2022 à accéder au contenu crypté en s’infiltrant dans une des mises à jour proposées par le créateur de l’application.

Pendant deux ans, les enquêteurs ont pu suivre la popularité croissante de la plateforme auprès des criminels. 

Cinquante menaces d’assassinat ont pu être déjouées en Australie. Dans l’un des cas, les enquêteurs ont intercepté une image d’une personne avec un pistolet sur la tempe qui a pu être sauvée dans l’heure, selon Kristy Schofield, commissaire adjointe de la police fédérale.

Ce sont des gendarmes français qui ont finalement repéré le créateur de l’application en Australie.

Mme Schofield a raconté que les policiers avaient dû agir extrêmement vite pour que le suspect, qui avait la possibilité de « tout effacer » dans le système, ne parvienne pas à ses fins en se voyant cerné. « Nos équipes tactiques ont été en mesure de l’appréhender et de sécuriser le matériel informatique moins de 30 secondes après être entrées », a-t-elle expliqué.

En 2021, le démantèlement d’un réseau similaire, ANOM, avait conduit à l’arrestation de centaines de suspects dans le monde. Ces personnes étaient loin de se douter qu’ANOM était en fait produit et distribué par le FBI, la police fédérale américaine, et son homologue australienne.

Les polices des Etats-Unis et d’autres pays avaient ainsi pu décrypter 27 millions de messages, dont beaucoup étaient liés à des activités criminelles.

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