Pas une tombe récente sans photo dans ce cimetière de Nuku’alofa. Une manière de se souvenir, mais aussi de raconter la personnalité du défunt.
La famille Kula rénove la tombe de Soane, mort à 21 ans d’une maladie cardiaque. Demain, ils commémoreront le premier anniversaire de son décès, et changeront la photo de sa sépulture. « C’est quelque chose qui n’existe qu’ici. Avant, on n’affichait pas les photos dans les cimetières, mais de nos jours, on le fait… Et comme ça, à chaque fois qu’on passe devant en voiture, on a l’impression qu’ils sont toujours de notre monde », confie Senitila Kula, sœur du défunt.
Cette famille a payé 15 000 francs l’impression de la photo et compte la remplacer chaque année pour rendre hommage au jeune homme. Ses frères et sœurs remettent à neuf le caveau sous la direction de leur mère. Demain, tous les proches pourront marquer la fin du deuil. « Quand on perd un frère ou une sœur, et surtout une mère ou un père, nous devons porter des vêtements noirs pendant une année complète. Et donc, quand une année s’est écoulée après le décès d’un membre de la famille, nous pouvons enlever ces vêtements noirs » explique Kalolaine Kula, sœur du défunt.
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Les Kula viendront déjeuner le lendemain dans ce cimetière où certaines photos sont protégées pour ne pas s’abîmer trop vite. D’autres, remplacées, gisent au milieu des tombes. Les plus anciens défunts ne conservent que le support de leur photographie, triste vestige qui suggère l’érosion des souvenirs. Mais quelques-unes sont renouvelées très souvent, comme à l’occasion de l’anniversaire du défunt, selon les moyens de la famille. Car cet hommage est coûteux, dans ces îles où les revenus les plus bas sont quatre fois inférieurs à ceux du fenua.