Bolsonaro élu président « pour changer le destin du Brésil »

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Publié le 27/10/2018 à 14:30 - Mise à jour le 27/10/2018 à 14:30

« Nous ne pouvons plus continuer à flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme de gauche », a affirmé ce chantre de la dictature militaire (1964-1985) dans son premier discours, retransmis en direct sur Facebook.

« Ensemble, nous allons changer le destin du Brésil », a insisté l’ex-capitaine de l’armée de 63 ans, qui prendra les rênes du plus grand pays d’Amérique Latine en janvier, grâce aux suffrages de plus de 57 millions d’électeurs.

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Dès l’annonce des premiers résultats partiels, des feux d’artifice ont été tirés sur la plage de Barra da Tijuca, où des dizaines de milliers de partisans de Bolsonaro étaient rassemblés devant son domicile pour célébrer la victoire de l’ex-capitaine de l’armée qui deviendra chef de l’Etat en janvier, pour quatre ans.

« Nous sommes le peuple indigné, exaspéré par la violence et la corruption. Le peuple a parlé. C’est la première fois que je me sens représenté », s’est exclamé André Luiz Lobo, chef d’entreprise noir de 38 ans.

« Serment devant Dieu »

Sur la plage de Barra da Tijuca, de nombreux militants criaient aussi des insultes contre le Parti des Travailleurs (PT) de Fernando Haddad et son mentor, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré pour corruption depuis avril.

Dans son premier discours après l’annonce des résultats, Fernando Haddad n’a pas félicité le vainqueur et a demandé que ses « 45 millions d’électeurs soient respectés ».

« Les droits civiques, politiques, du travail et sociaux sont en jeu maintenant », a-t-il dit. « Nous avons la responsabilité de représenter une opposition qui place les intérêts de la Nation au-dessus de tout ».

Entouré de sa troisième épouse Michelle et d’un pasteur évangélique, Jair Bolsonaro a promis que son gouvernement « défendra la Constitution, la démocratie, la liberté ».

« Ceci n’est ni la promesse d’un parti, ni la parole vaine d’un homme, mais c’est un serment devant Dieu », a-t-il poursuivi, répondant ainsi à ses détracteurs qui le voient comme une menace pour la démocratie.

À Sao Paulo, plus grande métropole du Brésil, des milliers de partisans de Bolsonaro sont également descendus dans les rues, notamment Avenue Paulista, une des principales artères de la mégalopole. 

« Le Brésil a été libéré du communisme, du communisme de Cuba et du Venezuela », a scandé Sheila Sani, 58 ans, déployant un grand drapeau du Brésil.

Dans un pays miné par une violence record, le marasme économique, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë dans la classe politique, Jair Bolsonaro a réussi à s’imposer comme l’homme à poigne dont le Brésil aurait besoin.

Défenseur de la famille traditionnelle, il a reçu le soutien crucial des puissantes églises évangéliques et a indigné, par ses déclarations outrancières, une bonne partie des Noirs, des femmes et des membres de la communauté LGBT.

« Démocratie en danger »

La campagne a été alimentée par des discours de haine et émaillée de violences, Jair Bolsonaro lui-même ayant été victime d’un attentat à l’arme blanche qui a failli lui coûter le vie, le 6 septembre.

Après le scrutin du 7 octobre qui a vu le candidat d’extrême droite frôler une élection dès le premier tour (46% des suffrages), les Brésiliens ont fait leur choix plus par rejet que par conviction: « contre la corruption » pour le candidat d’extrême droite, « contre la haine » pour celui de gauche.

Renata Arruda, 41 ans, a voté Haddad. « Je n’ai jamais vécu une élection aussi polarisée. Je pense que c’est à cause de Bolsonaro qui est quelqu’un d’agressif, de fou. J’ai très peur », a-t-elle réagi en fondant en larmes dans un bureau à Sao Paulo.

Même si Jair Bolsonaro a promis d’être « esclave de la Constitution », Tomaz Paoliello, professeur de Relations internationales à l’université catholique PUC de Sao Paulo, considère que son élection présente « de gros risques pour la démocratie ».

« Il a toujours pris position pour discréditer les institutions démocratiques. Une fois au pouvoir, il pourrait mettre en oeuvre un vrai démantèlement de la démocratie », a-t-il affirmé.

« Le futur président devra respecter les institutions, la démocratie et l’Etat de droit », a déclaré Dias Toffoli, président de la Cour suprême, après s’être rendu aux urnes avec la Constitution. 

Pour Marcio Coimbra, de l’Université presbytérienne Mackenzie, le Brésil a des garde-fous solides avec « un parquet fort, une Cour suprême forte et un Congrès qui fonctionne ».

Le président sortant Michel Temer a indiqué que la transition débuterait dès lundi.

AFP

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