Enchaînant les séquences internationales, après l’ONU à New York en septembre, M. Macron prend le large pour retrouver ses pairs des principales puissances économiques mondiales et d’Asie-Pacifique.
Il enchaînera samedi prochain avec le XVIIIe Sommet de la Francophonie à Djerba en Tunisie, l’occasion « d’échanger avec nos partenaires » sur les « avancées » et « des voies de coopération future » selon l’Élysée.
Avant cela, à Bali, en Indonésie, l’Ukraine sera au centre des discussions du G20, ou plutôt G19, mardi et mercredi, avec un grand absent, le président russe Vladimir Poutine qui, après un long suspense, a finalement déclaré forfait.
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Paris attend un message clair du « club des 20 » en direction de la Russie, qui doit entrer au plus vite dans « une logique de désescalade », a expliqué vendredi la présidence française.
Un certain nombre de pays du G20 comme la Chine et l’Inde sont restés jusqu’ici très prudents, refusant de condamner l’offensive russe en Ukraine ou émettant indirectement des réserves à mesure que le conflit s’installe dans la durée.
Le président français, qui arrivera lundi soir à Bali, s’en entretiendra avec le président chinois Xi Jinping mardi, ainsi qu’avec le Premier ministre indien Narendra Modi et le président indonésien Joko Widodo.
« Invitation historique »
Une rencontre bilatérale avec le président américain Joe Biden n’est « à ce stade pas formalisée ». Mais M. Macron est attendu le 1er décembre à la Maison Blanche pour une visite d’État.
La présidence française n’a pas non plus précisé s’il échangerait avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, que Joe Biden a pour sa part exclu de rencontrer après une décision de l’Opep+ favorable à la Russie.
Emmanuel Macron se rendra ensuite à Bangkok pour un sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), jeudi et vendredi, où la France sera le premier État européen invité.
L’Apec réunit 21 pays, de la Chine, la Corée du Sud, la Malaisie et du Vietnam au Canada, aux Etats-Unis et au Chili.
Cette invitation « historique » marque la « reconnaissance » par les pays de la zone de notre « agenda Indopacifique », estime la présidence française.
Emmanuel Macron a érigé en priorité stratégique cette vaste zone allant des côtes est-africaines aux côtes ouest-américaines et où la France compte de nombreux territoires et espaces maritimes.
Tous les yeux sont braqués sur ce centre névralgique du commerce mondial, théâtre d’une rivalité croissante entre Chine et États-Unis, qui abritera 60% de la population et du PIB mondial en 2030.
« Service minimum »
La France y détient la majeure partie de sa zone économique exclusive (ZEE), la deuxième du monde, autour de sept territoires, de la Réunion à la Nouvelle-Calédonie, où elle compte 1,65 million de ressortissants.
« Il s’agit, in fine, de préserver les intérêts et les marges de manœuvre de la France dans le contexte de l’affrontement des mastodontes chinois et américains », relève Céline Pajon, coordinatrice du programme Océanie et Centre Asie à l’Institut français de relations internationales (Ifri).
Pour ce faire, Paris joue sur plusieurs leviers, militaire, diplomatique, économique, et noue des relations privilégiées avec certains pays clés de la région: Inde, Japon, Indonésie.
La France entend aussi être active dans la défense des fonds marins, la lutte contre la crise climatique et la biodiversité.
Mais avec seulement 7 000 militaires dans une zone aussi vaste, elle reste aussi très contrainte dans ses moyens. « Elle est aujourd’hui dans une posture de service minimum », estime l’amiral Pascal Ausseur, directeur général de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES).
En 2021, l’alliance de l’Australie avec les États-Unis et le Royaume-Uni et l’annulation par Canberra d’un mégacontrat de sous-marins français a aussi porté un coup dur à la stratégie d’Emmanuel Macron dans la zone. Mais Paris travaille à retisser les liens depuis le changement de Premier ministre à Camberra en mai. Et pourrait bien être de nouveau sur les rangs pour la vente de sous-marins à l’Australie.