En Nouvelle-Calédonie, KNS, emblématique usine de nickel, ferme ses portes

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Faute de repreneur, Koniambo Nickel SAS, projet phare du développement du nord de la Nouvelle-Calédonie arrête son activité ce samedi. Mais ses quelque 1 200 salariés veulent croire que l'activité n'est pas morte.

Publié le 31/08/2024 à 10:37 - Mise à jour le 31/08/2024 à 10:38

Faute de repreneur, Koniambo Nickel SAS, projet phare du développement du nord de la Nouvelle-Calédonie arrête son activité ce samedi. Mais ses quelque 1 200 salariés veulent croire que l'activité n'est pas morte.

Dans les bureaux de KNS, à Voh (nord), les derniers salariés rangent leurs affaires dans des cartons. Un petit groupe se salue une dernière fois, avant de passer le portillon de sécurité et de rendre leurs badges.

En sursis depuis février, l’emblématique usine de production de nickel de Koniambo Nickel SAS, symbole depuis 11 ans du développement économique de la région née de la volonté politique des indépendantistes, n’a pas réussi à trouver de repreneur dans les six mois impartis par le géant des matières premières, Glencore.

Ce dernier, actionnaire à 49% du site, a décidé de se séparer de cette usine au procédé innovant, adossée à un massif minier exceptionnel, mais véritable gouffre financier.

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« Génération KNS »

Depuis le début des travaux de construction en 2007, KNS a accumulé une dette abyssale de plus de 13 milliards d’euros. Un passif entièrement assumé par Glencore, au terme du pacte d’actionnaire le liant à la Société minière du Pacifique Sud (SMSP), représentant les intérêts de la province Nord. Alors dans un contexte de crise mondiale du nickel et de hausse du coût de l’énergie, Glencore a décidé de jeter l’éponge.

Des négociations sont en cours avec au moins deux acheteurs potentiels, selon la SMSP, maintenant son objectif initial : transformer le minerai localement au profit du développement de la province. L’usine telle qu’elle existe s’arrêtera elle d’ici quelques semaines, le temps de baisser la température des fours chauffés à plus de 1 600 °C.

La grande majorité des 1 235 contrats de travail prenaient fin ce samedi.

« Aujourd’hui, on dit ‘à bientôt’ à KNS, pas adieu », assure toutefois Thomas Walolo, 35 ans. Ce superviseur hygiène et sécurité a grandi avec ce projet « né avant nous et qui a permis le développement de toute la région ». « Tant qu’il y aura des gens pour y croire, ça existera, c’est tout ».

Sarah Eurisouke, 42 ans, ingénieure en environnement, fait partie de cette « génération KNS ». L’usine, promise dès 1966 par le général De Gaulle, a fait rêver la génération de ses parents, avant que le projet se concrétise avec l’accord de Nouméa en 1998, pour développer le nord, désertique en comparaison du sud et de Nouméa, concentrant l’essentiel de l’activité économique.

Salariée de l’entreprise depuis quinze ans, Sarah Eurisouke est « fière d’avoir participé à ce projet de classe mondiale (…) de développer mine et métallurgie en essayant d’avoir un impact minimum sur l’environnement ». Elle fait partie de la cinquantaine de salariés qui continuera d’y travailler, principalement pour des tâches de maintenance et de sécurité. Elle aussi veut y croire : « ça va reprendre. Il le faut, pour la Calédonie, pour la région ».

Crise sociale

Avec ses 1 200 emplois directs et au moins 700 emplois indirects, l’entreprise est un moteur local.

La population a augmenté de 40% depuis le début des opérations de construction en 2009. Le nombre d’entreprises de Voh, Koné et Pouembout, communes environnantes, est passé de 2 500 en 2005 à 4 000 aujourd’hui.

Mais une fois les fours éteints, la reprise d’une activité métallurgique est inenvisageable avant un an et demi. « Il y a de multiples scénarios possibles. Un repreneur a intérêt à ce qu’une activité, même partielle, soit relancée très vite », estime Alexandre Rousseau, vice-président de KNS.

Les employés ont en tout cas travaillé pour que le site se présente sous son meilleur jour : pelouses tondues, pas de déchet, signalisation repeinte…

À l’extérieur de l’usine, on redoute une crise sociale majeure. « On est inquiet, on se demande si on ne va pas être les prochains », craint Ketty, caissière dans un magasin de Koné. « Beaucoup de gens sont partis. Et ceux qui restent achètent moins ».

Les salariés du site ne sont pas encore sur le marché du travail, mais Cap emploi, gérant les demandeurs d’emploi en province Nord, a déjà enregistré une hausse du nombre d’inscrits et une baisse des offres en raison de l’arrêt depuis février de la sous-traitance. Résultat, Cap emploi a moins de 180 postes à proposer, pour un total de 1 700 personnes en recherche active de travail.

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