Fidji: élections serrées entre deux ex-putschistes

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Les Fidjiens se rendent aux urnes mercredi pour des élections législatives à fort enjeu, avec deux ex-putschistes en lice pour le poste de Premier ministre. Un test pour cette jeune démocratie, selon l'AFP.

Publié le 13/12/2022 à 11:42 - Mise à jour le 13/12/2022 à 11:42

Les Fidjiens se rendent aux urnes mercredi pour des élections législatives à fort enjeu, avec deux ex-putschistes en lice pour le poste de Premier ministre. Un test pour cette jeune démocratie, selon l'AFP.

L’actuel chef du gouvernement Frank Bainimarama, arrivé au pouvoir il y a près de seize ans après un coup d’Etat avant de rétablir la démocratie en 2014, cherche à obtenir un troisième mandat. Pour l’emporter, sa formation FijiFirst devra battre celle de son rival de longue date, Sitiveni Rabuka, un ex-Premier ministre qui a organisé deux coups d’Etat en 1987 et dirigé le pays de 1992 à 1999.

Le scrutin s’annonce serré, selon les commentateurs locaux, après une campagne entachée de soupçons de corruption, de poursuites judiciaires et des menaces contre des journalistes.

Les deux derniers jours ont été marqués par un strict black-out médiatique, empêchant tout reportage sur l’élection pendant 48 heures avant le jour du vote et jusqu’à la fermeture des bureaux de vote. 

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M. Rabuka, qui a dirigé le gouvernement de 1992 à 1999, a indiqué que son pays, s’il est élu, pourrait choisir de s’éloigner de la Chine. Il a déclaré à la chaîne australienne SBS News qu’il était temps pour les Fidji de « réévaluer nos associations« , et a explicitement exclu de suivre les Iles Salomon en signant un pacte de sécurité avec Pékin. 

« Regard vers le Nord »

Les Fidji se sont rapprochées de la Chine sous le règne de M. Bainimarama, qui a appliqué la politique dite de « regard vers le nord » pour stabiliser l’économie après que l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont imposé à son pays de lourdes sanctions commerciales en représailles à son coup d’Etat de 2006.

Ces dernières années, M. Bainimarama a troqué son treillis pour des tenues colorées, devenant un ardent militant de la lutte contre le réchauffement climatique qui menace ce pays de faible altitude.

« Certains s’inquiètent de la possibilité d’un nouveau coup d’Etat« , avertissent les analystes Lucy Albiston et Blake Johnson, dans un article publié par l’ONG australienne ASPI (Australian Strategic Policy Institute).

« Bien qu’il n’y ait pas de sondages préélectoraux fiables, il semble que M. Rabuka pourrait l’emporter« , ajoutent-ils, notant que M. Bainimarama, contrairement à son adversaire, ne s’est pas engagé à respecter le résultat de l’élection.

Les Fidji ont connu deux scrutins démocratiques en 2014 et 2018 après 35 ans d’instabilité marqués par quatre coups d’Etat. Le rôle de l’armée sera ainsi essentiel. Le commandant général Jone Kalouniwai a affirmé que ses forces « honoreront le processus démocratique en respectant le résultat« .

Un blackout médiatique

Bien que Bainimarama ait présenté le scrutin comme le plus crucial de l’histoire du pays, il était presque impossible de savoir mardi qu’une élection était en cours dans les rues de Suva. 

Les panneaux d’affichage politique ont été enlevés et les publicités politiques interdites sur les ondes en vertu de lois strictes destinées à préserver l’intégrité de l’élection.

Il a également été interdit aux partis politiques d’attirer les électeurs en leur proposant du kava près des stands de campagne. Cette boisson amère, issue de la fermentation d’une racine, possède une grande signification culturelle et des propriétés légèrement stupéfiantes.

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