Cette présidentielle américaine 2024 voit se mesurer deux personnalités radicalement opposées, que près de deux décennies séparent.
D’un côté, l’actuelle vice-présidente démocrate, qui en juillet a remplacé au pied levé le président vieillissant Joe Biden. Kamala Harris, 60 ans, peut devenir mardi la première femme à diriger la première puissance économique et militaire de la planète.
De l’autre, l’ancien président républicain Donald Trump, 78 ans, auteur d’un retour politique spectaculaire après avoir quitté la Maison Blanche en 2021 dans un contexte chaotique, avoir réchappé à deux procédures de destitution et avoir été condamné en justice.
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Émaillée de coups de théâtre inimaginables, au premier rang desquels deux tentatives d’assassinat du septuagénaire, cette campagne qui s’achève a également été marquée par toutes les surenchères dans un pays fracturé.
7 États, jusqu’au bout
Chacun des deux rivaux se dit confiant dans sa victoire. Mais, en réalité, la compétition est tellement serrée que quelques dizaines de milliers de voix seulement pourraient décider de l’issue du scrutin.
La tension est surtout alimentée par Donald Trump, qui a commencé à remettre en question l’intégrité des opérations de vote. L’équipe de campagne de Kamala Harris a déclaré lundi « s’attendre pleinement » à ce que le républicain se déclare vainqueur de façon prématurée.
Y voyant un « signe de faiblesse et de peur de perdre », Ian Sams, porte-parole de la démocrate, a prévenu : « Cela ne marchera pas ».
Les suffrages les plus précieux sont à arracher dans sept États pivots bien identifiés, que les deux prétendants à la Maison Blanche sillonnent sans dételer depuis des mois, y dépensant des centaines de millions de dollars.
De ces sept États, celui qui offre le plus de grands électeurs est la Pennsylvanie. Les États-Unis, pays fédéral, ont en effet un système de suffrage universel indirect, couronnant le candidat qui parvient à rassembler une majorité des 538 grands électeurs, soit au moins 270.
C’est donc logiquement en Pennsylvanie que Kamala Harris et Donald Trump jettent lundi leurs dernières forces.
La vice-présidente, ancienne procureure puis sénatrice de Californie, née d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, se rend notamment à Scranton, ville natale de Joe Biden, puis dans les deux principales villes de l’État, Pittsburgh et Philadelphie.
Oprah et Lady Gaga
Pour cette dernière étape, elle devrait recevoir le soutien d’Oprah Winfrey, Lady Gaga et Ricky Martin, après avoir obtenu celui d’une ribambelle d’autres vedettes comme Bruce Springsteen, Jennifer Lopez ou la superstar du basket LeBron James.
Donald Trump a lui tenu un premier meeting à Raleigh en Caroline du Nord. « Demain, ce sont les patriotes qui bossent dur comme vous qui vont sauver notre pays », a-t-il lancé.
Il met ensuite le cap lundi sur Reading et Pittsburgh en Pennsylvanie, avant de terminer sa journée marathon à Grand Rapids dans le Michigan.
Autant de lieux où l’ancien magnat de l’immobilier va dépeindre un pays dérivant à vau-l’eau, envahi par des millions d’immigrés clandestins criminels, en faillite économique et morale sous l’influence d’« ennemis de l’intérieur ».
Le républicain a récemment durci sa rhétorique, usant de termes insultants pour désigner son adversaire, qui en réaction le dépeint en « fasciste » animé par la vengeance et sa soif de « pouvoir sans limites ».
Rencontré par l’AFP à Grand Rapids, Ethan Wells, employé d’un restaurant et âgé de 19 ans, confie son enthousiasme à la perspective d’assister au dernier meeting de Donald Trump.
« Quand Trump était président, personne ne déconnait avec l’Amérique », justifie-t-il.
Près de 80 millions d’Américains, dont Kamala Harris, ont déjà voté de façon anticipée, sur 244 millions d’électeurs. Son rival devrait lui voter en personne mardi près de sa résidence en Floride.
L’élection génère autant de suspense sur son résultat, attendu possiblement dans la nuit de mardi à mercredi que sur l’après-scrutin. Donald Trump n’a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle 2020, après laquelle ses partisans avaient pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021.
Les deux camps ont d’ores et déjà engagé des dizaines d’actions en justice, tandis que deux Américains sur trois redoutent une éruption de violence dans le sillage de l’élection.
Au moins deux États, celui de Washington et le Nevada, ont mobilisé les réservistes de la Garde nationale de façon préventive. En Géorgie, des agents électoraux sont équipés d’un dispositif à bouton d’alarme permettant d’avertir les autorités en cas de danger.
Ailleurs dans le pays, certains bureaux de vote ont prévu une surveillance par drone ou des tireurs d’élite sur les toits. Dans la capitale fédérale Washington, des barrières métalliques sont érigées autour de la Maison Blanche, du Capitole et d’autres sites sensibles.