La France adopte définitivement la « loi anti-fessée »

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Publié le 02/07/2019 à 9:52 - Mise à jour le 02/07/2019 à 18:39

Le texte, adopté à main levée à l’unanimité, inscrit dans le code civil, à l’article lu à la mairie lors des mariages, que « l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ». La rapporteure du texte à l’Assemblée nationale, Maud Petit (MoDem) a assisté dans les tribunes à ce vote qualifié d' »historique » par l’ex-ministre socialiste des Familles Laurence Rossignol.

Selon la Fondation pour l’Enfance, 85% des parents français ont recours à des violences dites éducatives. « Le message de prohibition figurera, grâce à cette proposition de loi, dans le code pénal en appui de l’article 222-13. Pour lui donner une meilleure visibilité, nous le ferons également figurer en première page de l’ensemble des carnets de santé de nos enfants », a indiqué le secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités, Adrien Taquet.

Baisse de l’estime de soi, augmentation des comportements antisociaux… le secrétaire d’État comme la plupart des orateurs ont dressé un bilan accablant des conséquences souvent durables des violences exercées sur l’enfant et sur l’adulte en devenir, M. Taquet citant le témoignage de Thierry Beccaro. L’animateur a raconté récemment dans un livre les violences que son père lui a fait subir.

>>  Voir aussi : Vidéos – Fessée : pourquoi arrêter ? Quelles alternatives ?

La France reste « un des cinq derniers pays européens à ne pas avoir intégré dans son droit cette interdiction », a souligné le secrétaire d’État, pour qui ce texte envoie « un signal extrêmement fort ». Il traduit la volonté du gouvernement de « promouvoir une éducation bienveillante fondée sur le dialogue, sur le respect mutuel », au cœur de la « nouvelle approche des politiques de l’enfance ». Plusieurs sénateurs ont néanmoins regretté le caractère essentiellement « symbolique » du texte, posant la question de la définition des « violences ordinaires ». « Il se contente d’énoncer sans encadrer », a ainsi déploré Pascale Gruny (LR).

> Soutien à la parentalité

La rapporteure Marie-Pierre de La Gontrie (PS) a au contraire défendu la nécessité de la mesure face à des « violences encore communément admises et justifiées », tandis que Brigitte Lherbier (LR) jugeait inacceptable que « des êtres humains puissent être les victimes invisibles de violences dégradantes ». Le code pénal prohibe et punit déjà toute violence, mais la jurisprudence reconnaît encore parfois aux parents ce qu’elle appelle « un droit de correction », a rappelé la rapporteure.

Le texte « permettra d’accompagner le changement social déjà à l’œuvre » et permettra à la France de se mettre en conformité avec les traités internationaux, alors que le pays a été épinglé à plusieurs reprises par les instances internationales.

La France devient le 56e État à interdire totalement les châtiments corporels, selon l’« Initiative mondiale pour mettre un terme à tous les châtiments corporels sur les enfants », une ONG basée à Londres. Elle a été coiffée au poteau par le Kosovo, dont la loi a été adoptée le 27 juin. La Suède avait légiféré sur le sujet dès 1979.

La mesure avait déjà été inscrite dans la loi « Égalité et citoyenneté », mais avait été censurée en janvier 2017 au motif qu’elle était sans rapport avec la loi (« cavalier législatif »). La proposition de loi prévoit également une obligation de formation pour les assistantes maternelles, ainsi que la remise d’un rapport par le gouvernement faisant un état des lieux des violences éducatives ordinaires et des besoins de soutien à la parentalité.
 

Rédaction web avec AFP

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