« Nous en parlons avec notre ministre des Affaires étrangères. Nous ne pouvons pas nous priver de cette option alors que les minerais stratégiques ont un rôle de plus en plus important à jouer » , a déclaré Shane Jones en entretien.
En 2022, la Nouvelle-Zélande, alors dirigée par la Première ministre progressiste Jacinda Ardern, avait apporté son soutien à une interdiction internationale de l’exploitation minière des fonds marins, mettant en avant le risque de dégâts « irréversibles » pour la vie marine.
Ministre au sein de la coalition de centre droit au pouvoir, M. Jones considère toutefois que cette interdiction est le fruit d’un alarmisme du camp des défenseurs de l’environnement au mépris de la croissance économique.
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« Nous ne pouvons pas nous permettre ces croyances de luxe qui nous sont imposées » , a affirmé le ministre.
Des entreprises espèrent gagner des milliards de dollars en extrayant des fonds marins des nodules polymétalliques chargés de manganèse, cobalt, cuivre et nickel, des éléments utilisés pour fabriquer notamment des batteries de véhicules électriques.
Ces formations minérales se développent à l’aide de microbes pendant des millions d’années, notamment autour de noyaux de matière organique tels qu’une dent de requin ou des os de baleine.
Le secteur minier fait l’objet de vives critiques de la part de chercheurs et de défenseurs de l’environnement qui craignent que ce procédé ne ravage des écosystèmes marins.
« Je pense personnellement que l’exploitation minière des fonds marins est devenue le (nouveau combat) vert, donc les gens lancent les théories les plus absurdes et dénuées de preuves » , affirme M. Jones à l’AFP. « Et je ne vais pas céder face à ces voix stridentes » .
« Carcan idéologique »
Extraction en mer de charbon, de sables riches en fer … Shane Jones a récemment fait état de ses ambitions pour la Nouvelle-Zélande en faveur du secteur minier, des priorités qui diffèrent radicalement des politiques en faveur de l’environnement menées par l’ancien gouvernement travailliste de Jacinda Ardern.
« Nous nous sommes imposés un carcan idéologique que nous ne pouvons plus nous permettre de conserver » , a déclaré le ministre des Ressources.
L’exploitation minière en eaux profondes constitue une question clivante parmi les États insulaires du Pacifique.
Nauru et les Tonga militent en faveur de l’extraction tandis que les Palaos, les Samoa et les Fidji s’y opposent fermement.
L’entreprise canadienne The Metals Company a annoncé en août le lancement d’un projet d’exploitation minière en eaux profondes dans le Pacifique sud en 2026 : par l’intermédiaire d’une filiale soutenue par Nauru, la société espère ouvrir une vaste zone économique offshore pour recueillir dans les fonds marins des roches polymétalliques.
« Un tout petit point »
« Nous pensons que le fond de la mer constitue une partie légitime de notre (…) secteur primaire » , explique M. Jones.
« Il semblerait étrange que nous extrayions des minéraux dans notre propre environnement océanique mais que nous disions à d’autres de ne pas le faire » .
La Nouvelle-Zélande a longtemps cherché à se donner une image de pays favorable à la défense de l’environnement, mettant en avant ses pâturages, ses forêts vierges et ses cours d’eau cristallins.
Mme Ardern avait été applaudie lors de son premier mandat lorsqu’elle avait interdit l’exploration gazière offshore en 2018.
À rebours, le ministre Shane Jones fait aujourd’hui sien le slogan « Drill, baby drill » du président américain Donald Trump qui a déclaré, dès son retour en janvier à la Maison Blanche, un « état d’urgence énergétique » pour doper la production d’hydrocarbures aux Etats-Unis.
« Le pendule s’est balancé trop loin à cause du catastrophisme environnemental bien-pensant qui diabolise l’extraction minière » , a ajouté le ministre néo-zélandais.
« Le changement climatique nous imposera de nous adapter mais la Nouvelle-Zélande n’est qu’un tout petit point dans les émissions mondiales (de gaz à effet de serre) » , se défend-il.