La Réunion : des déchets transformés en électricité pour tendre vers l’autonomie énergétique

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Un centre de tri ultramoderne et une unité de valorisation énergétique doivent permettre, d'ici deux ans, de détourner 240 000 tonnes de déchets de l'enfouissement et de couvrir 10% des besoins électriques de La Réunion. Objectif : accélérer la transition vers l'autonomie énergétique.

Publié le 11/03/2025 à 11:03 - Mise à jour le 11/03/2025 à 11:03

Un centre de tri ultramoderne et une unité de valorisation énergétique doivent permettre, d'ici deux ans, de détourner 240 000 tonnes de déchets de l'enfouissement et de couvrir 10% des besoins électriques de La Réunion. Objectif : accélérer la transition vers l'autonomie énergétique.

« Nous nous sommes équipés d’un trieur optique, doté d’intelligence artificielle, qui va détecter les déchets grâce à des caméras et écarter ceux qui sont valorisables », explique à l’AFP Eddy Lebon, en présentant le centre de tri qu’il a imaginé il y a près de dix ans.

Depuis 2014, le syndicat mixte de traitement des déchets des microrégions sud et ouest de La Réunion, Ileva, porte un projet de pôle multifilières de valorisation des déchets à Saint-Pierre (sud).

Il repose sur une unité de valorisation énergétique qui transformera en électricité des combustibles solides de récupération (CSR) issus de déchets ménagers, moins émetteurs de CO2 que le gaz ou le charbon, pour un budget de 400 millions d’euros.

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Pour La Réunion, le développement des énergies renouvelables est un impératif. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) impose, depuis la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, une sortie progressive des énergies fossiles importées aux zones non interconnectées au réseau métropolitain .

La centrale électrique du Port (ouest), exploitée par EDF, qui fournit 40% de l’électricité de l’île, a donc remplacé le fioul lourd par du biodiesel. Les deux centrales thermiques du producteur Albioma, couvrant là-aussi 40% des besoins, ont abandonné le charbon au profit des pellets de bois et de la bagasse, un résidu de la canne à sucre.

« La Réunion a atteint environ 93% d’énergies renouvelables pour couvrir les besoins en électricité », souligne Gaëlle Gilboire, cheffe du service Stratégie territoriale de l’agence régionale de l’énergie et du climat, Énergies Réunion. 

Seuls « 7% sont encore couverts par des groupes électrogènes de secours et quelques moteurs au fioul sont utilisés selon les besoins », poursuit-elle.

Dépendance aux importations

Reste un angle mort: la dépendance aux importations. Aujourd’hui, la bagasse couvre « 7 à 9% des besoins en électricité », selon l’Observatoire de l’énergie de La Réunion. Mais cette ressource est la seule locale.

« Nous importons 750 000 tonnes de pellets de bois par an d’Amérique du Nord, d’Europe et du bassin indo-pacifique », précise Geoffroy Mercier, directeur océan Indien d’Albioma, qui espère progressivement limiter ses importations.

D’autant que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), un document de planification énergétique fixée par l’État, impose d’atteindre 56% de ressources locales en 2028 et 100% en 2030 pour les territoires ultramarins.

À Bois-Rouge, dans le nord de l’île, Albioma a donc mis en service une unité dédiée à la biomasse locale, capable de traiter 50 000 tonnes par an. 

L’entreprise prévoit une structure similaire sur son site du Gol, au sud. En avril 2024, elle a valorisé du bois issu d’un programme de défrichage, mais l’approvisionnement reste une difficulté. « La filière commence à peine à se structurer et il y a finalement assez peu de forêts sur l’île », note Geoffroy Mercier.

Pour atteindre les objectifs fixés par la PPE, Albioma développe aussi une unité de production de CSR dans le nord de l’île. Sa mise en service est prévue pour 2026, avec une production estimée à 66 GWh par an, soit la moitié du projet d’Ileva. Cela couvrirait environ 5% des besoins électriques de La Réunion.

L’agence régionale de l’énergie et du climat mise aussi sur « le photovoltaïque, qui représente 9,5% de la production électrique, l’éolien (0,5%) ainsi que le biogaz (0,5%) » encore émergent, indique Gaëlle Gilboire.

Reste que ces projets mettront du temps à sortir de terre. « Les projets solaires ou éoliens en cours ne verront le jour que dans 10 à 15 ans », souligne-t-elle.

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