« L’Amérique d’abord » de Trump, quel impact pour l’économie mondiale ?

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L'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump et son programme très protectionniste représente une menace pour une économie mondiale déjà bousculée par plusieurs crises, avec des risques accrus pour le commerce mondial, l'inflation et la croissance.

Publié le 06/11/2024 à 10:24 - Mise à jour le 06/11/2024 à 10:24

L'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump et son programme très protectionniste représente une menace pour une économie mondiale déjà bousculée par plusieurs crises, avec des risques accrus pour le commerce mondial, l'inflation et la croissance.

Le commerce mondial menacé ?

Le premier mandat du milliardaire américain entre 2017 et 2021 avait déjà porté la marque des droits de douane punitifs. Il a promis pendant la campagne des taxes à l’importation de notamment 60% sur les produits chinois, et renchéries de 10% pour le reste du monde. 

Ajoutés à de probables mesures de rétorsion de Pékin et de l’UE, cela coûterait 533 milliards de dollars d’ici 2029 à l’économie de l’UE, 749 milliards de dollars pour les États-Unis et 827 milliards de dollars pour la Chine, a évalué le cabinet de conseil Roland Berger dans une étude.

En revanche, les pays émergents tels que l’Inde, l’Indonésie et le Brésil « seraient beaucoup moins affectés », d’après la London School of Economics (LSE).

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C’est plus largement l’avenir de la coopération internationale qui inquiète : « le monde du multilatéralisme des années 90-2000 ne va plus exister », a jugé Tara Varma, chercheuse invitée au centre de réflexion américain Brookings Institution, qui anticipe une « violence immense » des initiatives du 47e président américain.

Vers un choc inflationniste ?

La politique de Donald Trump risque de se traduire par une nouvelle flambée inflationniste, évaluée à plus de 4% supplémentaires dans un scénario noir par le centre de réflexion américain Peterson Institute (PIIE).

« Une administration Trump, ça veut dire probablement plus de protectionnisme, ce qui signifie plus d’inflation, au moins aux États-Unis, et a priori moins de croissance partout dans le monde », a estimé le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui a jugé que la victoire de Donald Trump « augment(ait) les risques pour l’économie mondiale ».

« La question de l’immigration est aussi importante que celle du commerce international » sur l’inflation, a souligné Gilles Moec, économiste en chef du géant de l’assurance Axa, au moment où le républicain prévoit d’expulser massivement des sans-papiers dans un pays déjà touché par des pénuries de main-d’œuvre.

Le centre Pew Research Center a évalué que 8,3 millions de travailleurs sans papiers pourraient être concernés. Cela entraînerait une hausse de plus de 2 points de pourcentage de l’inflation aux États-Unis l’an prochain, 0,2 point en zone euro et 0,6 point en Chine, selon le PIIE.

M. Moec prévient aussi que cela « viendrait freiner la baisse des taux d’intérêt » engagée par les banques centrales grâce à une accalmie de l’inflation, et qui était susceptible d’encourager les ménages à consommer et les entreprises à investir.

L’Asie et l’Amérique, deux locomotives au ralenti ?

La guerre commerciale promise par Donald Trump à la Chine risque aussi de peser sur la dynamique de la croissance mondiale, portée par l’Asie et l’Amérique.

L’Asie contribue aujourd’hui à 60% à cette croissance, mais risque d’être pénalisée par une aggravation de la guerre commerciale, a alerté le Fonds monétaire international (FMI).

Les États-Unis sont l’un des seuls grands pays avancés à espérer une croissance supérieure à 2% l’an prochain, a estimé le FMI. Mais l’application du programme de M. Trump risque de coûter plus de 2% par an entre 2027 et 2031 au PIB américain, évalue le PIIE.

Une présidence Trump pourrait amputer la croissance mondiale de 0,75 point de pourcentage et les échanges commerciaux mondiaux seraient réduits de 3% d’ici la fin de la décennie, estime Jamie Thomson, à la tête des scénarios macroéconomiques pour le cabinet Oxford Economics. 

Il prévoit toutefois une croissance mondiale « un peu plus forte en 2026 et 2027 (…) l’impact d’une politique budgétaire américaine plus souple faisant plus que compenser l’effet de freinage des mesures douanières ciblées ».

Un nouveau paradigme pour la tech ?

Le risque d’une régulation plus stricte des démocrates a été écarté mercredi et permet aux groupes technologiques d’envisager l’avenir plus sereinement, d’autant que ce secteur historiquement acquis aux démocrates semble s’être rapproché du camp républicain.

« On pourrait imaginer davantage de dérégulation », note Gilles Moec, en rappelant les proximités d’Elon Musk avec Donald Trump.

Daniel Ives, analyste de la société américaine Wedbush, signale qu’« on s’attend à des initiatives majeures en matière d’intelligence artificielle au sein du gouvernement américain ».

« La majorité des observateurs pensent que (la patronne de l’autorité américaine de la concurrence FTC, Lina) Khan pourrait être démise de ses fonctions, ce qui pourrait représenter un énorme catalyseur pour les transactions dans la ‘Big Tech' », ajoute-t-il dans une note mercredi.

Le marché des cryptomonnaies pourrait particulièrement tirer son épingle du jeu en cas d’assouplissements réglementaires, ce qui a alimenté mercredi l’envol du bitcoin à un nouveau record historique.

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