L’Australie appelle les nations du Pacifique à éviter des accords de sécurité avec la Chine

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Une bataille d'influence : l'Australie a exhorté vendredi les nations du Pacifique Sud à repousser les tentatives de la Chine, engagée dans une offensive de charme dans la région pour étendre son emprise en matière de sécurité.

Publié le 27/05/2022 à 11:24 - Mise à jour le 27/05/2022 à 11:24

Une bataille d'influence : l'Australie a exhorté vendredi les nations du Pacifique Sud à repousser les tentatives de la Chine, engagée dans une offensive de charme dans la région pour étendre son emprise en matière de sécurité.

La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, s’est rendue aux îles Fidji jeudi pour sa première visite officielle, cherchant à courtiser les États insulaires après que les îles Salomon aient pris Canberra par surprise le mois dernier en signant un pacte de sécurité de grande envergure avec la Chine. « Nous avons exprimé publiquement nos préoccupations concernant cet accord de sécurité », a déclaré Mme Wong dans la capitale Suva. « Comme d’autres îles du Pacifique, nous pensons qu’il y a des conséquences. Nous pensons qu’il est important que la sécurité de la région soit déterminée par la région », a-t-elle ajouté.

Au même moment, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi visitait plusieurs pays du Pacifique Sud avec pour but d’étendre sa coopération en matière de sécurité et de libre-échange. Lors de sa première escale aux îles Salomon jeudi, M. Wang a dénoncé les « calomnies et les attaques » contre l’accord de sécurité conclu avec l’État insulaire, lors d’une conférence de presse à Honiara dont certains journalistes étaient exclus.

M. Wang a pris un court vol pour les Kiribati vendredi, prochaine destination d’une vaste tournée qui durera jusqu’au 4 juin avec des arrêts aux Samoa, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux îles Fidji.

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« Partenaire de choix »

La ministre australienne des Affaires étrangères, qui a prêté serment lundi peu après la victoire du parti travailliste aux élections législatives du 21 mai, a fait valoir aux Fidji que son pays serait un meilleur choix que la Chine. « Nous voulons être un partenaire de choix », a-t-elle insisté. « Nous voulons démontrer à votre nation et aux autres nations de la région que nous sommes un partenaire qui peut être digne de confiance, qui peut être fiable. Et historiquement, nous l’avons été », a-t-elle affirmé, mettant en avant le bilan de l’Australie en matière d’aide au développement. « Nous voulons travailler avec vous sur vos priorités. Nous voulons travailler ensemble en tant que membre de la famille du Pacifique ».

Penny Wong a dit s’être rendue aux îles Fidji pour montrer que la région Pacifique figurait dans la liste de priorités de son pays. Aucune mention n’a été faite des plans similaires de la Chine. Elle a rappelé que le nouveau gouvernement d’Anthony Albanese avait pour objectif de rattraper une « décennie perdue » en terme de changement climatique, un sujet crucial pour les îles du Pacifique particulièrement menacées. 

La Chine, elle, a déjà lancé une vaste initiative. Le projet d’accord et le plan sur cinq ans, que l’AFP a pu consulter, témoigne de ses ambitions. Selon ces documents, la Chine entend proposer à dix États insulaires de la région des millions de dollars d’assistance, la perspective d’un accord de libre-échange ainsi que la possibilité d’accéder au vaste marché chinois et ses 1,4 milliard d’habitants. En retour, la Chine se chargerait de former les forces de police et s’impliquerait dans la cybersécurité locale. Elle pourrait par ailleurs réaliser des opérations sensibles de cartographie marine et obtiendrait un meilleur accès aux ressources naturelles locales.

Cette « vision commune de développement », du nom donné au projet, pourrait être adoptée le 30  mai, lors d’une rencontre prévue aux îles Fidji entre M. Wang et les ministres des Affaires étrangères de la région.

La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a réagi en affirmant que le Pacifique pouvait gérer sa sécurité sans l’aide de la Chine. De son côté, le département d’État américain a dit aux pays de se méfier des « accords obscurs, vagues et peu transparents » de Pékin. 

Le plan de coopération, s’il est accepté, pourrait représenter un tournant majeur, facilitant notamment un certain nombre d’opérations de police et militaires.

En outre, les vols entre la Chine et les îles du Pacifique seraient multipliés, Pékin nommerait un émissaire régional, assurerait la formation des jeunes diplomates du Pacifique et fournirait 2.500 « bourses » gouvernementales.

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