Le débat sur la légalisation du cannabis est ancien en Polynésie. En début d’année, le syndicat polynésien du chanvre voyait le jour, avec en ligne de mire la réforme de la règlementation locale en matière de stupéfiants, une modification du ressort du Pays. Aux États-Unis, certains États fédérés ont déjà passé le cap.
C’est le cas à Seattle, dans l’État de Washington. En vertu d’un référendum de 2012, la production, la vente et la possession de cannabis y sont autorisées depuis le 1er juillet 2014. Avec le Colorado, la région de Seattle était déjà à l’avant-garde d’un tournant économique majeur: la libéralisation d’un marché estimé à 100 milliards de dollars au pays d’Uncle Sam.
La consommation de cannabis fait partie du paysage local. À Seattle, il existe de nombreuses boutiques de vente où la marijuana est vendue comme un produit de consommation courante. Dans les mœurs, le cannabis est bien accepté, et les clients défilent dans le premier magasin ouvert à Seattle en 2014.
– PUBLICITE –
Amy est une femme âgée amputée, qui consomme à la fois pour apaiser ses douleurs et par plaisir. Selon elle, la légalisation n’a pas modifié sa consommation, mais elle l’a sécurisée : « C’était toujours une source d’inquiétude avant. Le vendeur arrivait, je lui disais d’entrer dans ma voiture, il fallait fermer la porte de la voiture très rapidement… Maintenant, on n’a plus à se soucier de tout ça. Aujourd’hui il suffit de venir au magasin, d’acheter ce qu’on veut, de retourner à la maison,et puis c’est tout ! ».
Lire aussi : Légalisation du cannabis en Polynésie : où en est-on ?
Depuis la légalisation, les études scientifiques ne mettent pas en évidence une explosion de la consommation. En revanche, elles démontrent une réelle diversification de l’offre. Le cannabis est vendu sous toutes ses formes : de l’herbe à fumer, mais aussi des bonbons (appelés edibles), des vapoteuses, des crèmes, des huiles… Et toute une collection de pipettes et de bangs bigarrés.
Haley McKenna est vendeuse de cannabis dans une de ces boutiques. Selon elle, le produit n’est pas discriminant et est consommé par une population très diversifiée : « On a toutes sortes de gens qui viennent ici : certains achètent des produits à petits prix, d’autres fois ce sont des joueurs NBA, affirme-t-elle. Il n’y a vraiment aucun profil-type, et en dehors de l’âge minimum de 21 ans, il n’y a aucune discrimination parmi nos clients, on trouve de tout, du petit employé d’épicerie jusqu’aux sportifs professionnels ».
Il est même possible de se faire livrer son cannabis n’importe où, à partir d’une application, comme on le ferait pour un plat ou un taxi. Il est toutefois interdit de le consommer dans la rue, et les boutiques ont l’interdiction de s’installer à moins de 300 mètres d’une école, d’un parc ou d’un terrain de jeu.
Mais les habitudes sont bien ancrées, et beaucoup de consommateurs s’affranchissent des règles, en témoigne la forte odeur de marijuana dans certains quartiers de Seattle. Selon les habitants, c’était déjà le cas avant la légalisation.
Pour rappel, ni l’usage médical, ni l’usage récréatif, ne sont légaux en Polynésie.