Le musée du Kontiki, une épopée océanienne… visible en Norvège

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Les vestiges du radeau du Kontiki sont conservés dans le musée du même nom, à Oslo. En mémoire du pari fou de six hommes pour valider une théorie sur le peuplement du Pacifique… qui s’est avérée fausse.

Publié le 02/08/2022 à 15:58 - Mise à jour le 03/08/2022 à 19:05

Les vestiges du radeau du Kontiki sont conservés dans le musée du même nom, à Oslo. En mémoire du pari fou de six hommes pour valider une théorie sur le peuplement du Pacifique… qui s’est avérée fausse.

« Des frontières ? Je n’en ai jamais vu… mais j’ai entendu dire qu’elles existent dans l’esprit de certaines personnes ». Cette citation de Thor Heyerdahl illustre à la fois son esprit scientifique et aventurier.

Ce Norvégien, qui savait à peine nager, s’est pourtant passionné pour les peuples de marins. Avec une théorie, basée sur des proximités entre les mythes amérindiens et polynésiens : selon lui, les Polynésiens étaient d’origine inca.

Dans les années 1940, Thor Heyerdahl est bien seul à croire à un peuplement du Pacifique depuis l’Amérique du sud. La communauté scientifique penche pour une origine des Polynésiens en Asie du sud-est.

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Thor Heyerdahl veut prouver que le voyage est possible depuis le Pérou, sans moyens de navigation moderne, ni même un clou. On lui prédit une mort certaine. Il construit un radeau et part en 1947 sur le plus grand océan de la planète.

Trois mois plus tard, il accoste à Raroia, aux Tuamotu. Pendant la traversée, il a croisé un requin-baleine, découvert des espèces inconnues, mais aussi perdu un homme à la mer en pleine tempête, héroïquement sauvé par un autre marin. L’épopée a été suivie à la radio dans le monde entier et son livre sera un best-seller. Le conservateur du musée du Kontiki, Reidar Solsvik, nous a ouvert l’accès à ses réserves : on peut y lire avec émotion les mots de Thor Heyerdahl, écrits dans son journal de bord : « We have made it ! »

L’archéologie et la linguistique penchent toujours pour une origine des Polynésiens depuis l’Asie du Sud-Est. Mais des études génétiques récentes démontrent qu’il y a eu des contacts entre la Polynésie orientale et l’Amérique. Peut-être les Polynésiens sont-ils allés jusque sur ce continent avant de revenir sur leurs îles, en ramenant notamment la patate douce, qui n’était jusqu’alors pas connue en Polynésie.

« Sur l’île de Fatu Hiva, on a trouvé les premiers prélèvements ADN qui prouvent que les Polynésiens et les Amérindiens se sont croisés. Même si nous croyons plutôt que les Polynésiens ont navigué jusqu’en Amérique du Sud et en sont revenus, il y a une toute petite possibilité que ce soient des Sud-Américains qui aient construit une embarcation, traversé le Pacifique et atteint Fatu Hiva », explique Reidar Solsvik, le conservateur du musée du Kon-Tiki.

Reidar Solsvik, conservateur du musée du Kon-Tiki à Oslo (Norvège)

Avec cette aventure, Thor Heyerdahl a surtout donné à la science un nouvel élan : celui du risque et de l’expérience humaine. Il continuera d’ailleurs à naviguer, par exemple sur le Ra, un navire en bambou, pour prouver que les Egyptiens ont pu atteindre l’Amérique dès l’Antiquité.

Le Kontiki et le Ra sont les pièces maîtresses du musée du Kontiki. Mais ce ne sont pas les seules. Thor Heyerdahl a séjourné aux Marquises et à l’Île de Pâques pour ses recherches anthropologiques. Il a ainsi collecté des objets de grande valeur, comme des tablettes Rongo rongo de Rapa Nui, dont l’écriture n’a toujours pas été déchiffrée.

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