L’ouragan Otis, qui a dévasté Acapulco, « a battu des records par certains aspects »

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L'ouragan Otis de force maximale 5, qui a tué 27 personnes à Acapulco en dévastant la célèbre station balnéaire du sud-ouest du Mexique, a surpris par la rapidité avec laquelle il s'est renforcé en mer avant de toucher terre, un phénomène "exceptionnel", selon Michel Brennan, du Centre national des ouragans (NHC), basé aux Etats-Unis.

Publié le 27/10/2023 à 13:06 - Mise à jour le 28/10/2023 à 14:14

L'ouragan Otis de force maximale 5, qui a tué 27 personnes à Acapulco en dévastant la célèbre station balnéaire du sud-ouest du Mexique, a surpris par la rapidité avec laquelle il s'est renforcé en mer avant de toucher terre, un phénomène "exceptionnel", selon Michel Brennan, du Centre national des ouragans (NHC), basé aux Etats-Unis.

« La manière dont Otis s’est intensifié est très exceptionnelle. L’ouragan a battu des records par certains aspects« , explique le directeur de ce centre américain basé à Miami et chargé des prévisions et des alertes météorologiques pour l’Atlantique et le Pacifique. De simple tempête tropicale, Otis s’est transformé en ouragan de force maximale 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson en seulement quelques heures mardi après-midi au large de la côte Pacifique du Mexique. Il a touché terre avec des vents de 270 km/h.

Otis « est l’un des ouragans à intensification la plus rapide jamais enregistrés« , d’après l’Organisation météorologique mondiale, selon qui il n’a été dépassé de ce point de vue que par Patricia en 2015. « Malheureusement, Otis a pu profiter de conditions très favorables, comme la chaleur des eaux profondes dans l’océan Pacifique au large de la côte ouest du Mexique, et un environnement atmosphérique favorable« , d’après M. Brennan.

« L’ouragan a pu développer un noyau interne et une structure qui lui a permis de profiter de ces conditions et de cet environnement favorables dans l’océan, pour s’intensifier rapidement« , ajoute-t-il.

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Des ouragans frappent les côtes du Mexique plusieurs fois par an de mai à octobre-novembre. En revanche, rares sont ceux qui touchent terre avec autant de puissance. « Il n’y a pas d’ouragans dans les annales qui se rapprochent de cette intensité dans cette partie du Mexique« , a souligné le NHC dans l’un de ses bulletins, prévenant d’un « scénario cauchemardesque » à l’approche de l’ouragan.

Les impacts des ouragans empirent

Otis a-t-il mis en échec le système de prévision et d’alerte ? « Je ne pense pas qu'(Otis) change la façon dont nous faisons les prévisions« , estime le directeur du NHC. Il « a représenté un défi en raison de son intensification rapide, et n’a pas été bien prévu. Il y a eu d’autres ouragans dont nous avons pu avec succès prévoir l’intensification rapide. Et nous avons fait beaucoup de progrès dans les cinq à dix dernières années« .

Otis s’est formé avec une température des eaux de 31 degrés au large du Mexique, selon M. Brennan. « C’est peut-être un peu plus chaud que d’habitude, mais pas énormément. Cette zone présente habituellement des eaux profondes assez chaudes à cette époque de l’année« , détaille-t-il. « Il est donc compliqué d’attribuer cet aspect particulier au changement climatique. Nous devrons revenir (sur l’ouragan Otis) et faire certaines études ».

Avec le bouleversement climatique, les ouragans dévastateurs type Otis vont-ils se multiplier ? « La science n’a pas encore d’idées claires à ce sujet« , selon M. Brennan, lui-même titulaire d’un doctorat en sciences atmosphériques. « Il existe certaines études suggérant que les intensifications rapides sont de plus en plus fréquentes avec le changement climatique« , d’après lui.

« Nous sommes sûrs que les impacts des ouragans, en termes d’intensité des chutes de pluies, des inondations et de la survenue des tempêtes, sont en train d’empirer avec le changement climatique« .

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des ouragans les plus intenses augmente, mais pas leur nombre. La proportion de cyclones particulièrement intenses (catégorie 4 et 5) devrait ainsi augmenter de 10% avec un réchauffement de +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, de 13% à +2°C et de 30% à +4°C, d’après le rapport du Giec de 2021.

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