Montée de la mer et crise calédonienne au menu du sommet du Pacifique

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Les dirigeants du Forum des îles du Pacifique (FIP) se retrouvent lundi à Nuku'alofa, la capitale du royaume de Tonga, pour un sommet consacré à la "polycrise" que constituent l'engloutissement de leurs pays par la montée de l'océan, la rivalité entre Washington et Pékin dans la région ou encore les troubles en Nouvelle-Calédonie.

Publié le 23/08/2024 à 11:21 - Mise à jour le 23/08/2024 à 11:33

Les dirigeants du Forum des îles du Pacifique (FIP) se retrouvent lundi à Nuku'alofa, la capitale du royaume de Tonga, pour un sommet consacré à la "polycrise" que constituent l'engloutissement de leurs pays par la montée de l'océan, la rivalité entre Washington et Pékin dans la région ou encore les troubles en Nouvelle-Calédonie.

Le FIP regroupe 18 États et territoires associés, dont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Beaucoup de ses membres sont aujourd’hui menacés d’anéantissement pur et simple par la montée du niveau de l’océan due au réchauffement climatique. Un pays comme les Tuvalu (point culminant : 4,6 mètres) pourrait ainsi disparaître sous les flots d’ici à trente ans.

Invité du sommet, le chef des Nations Unies Antonio Guterres apportera son soutien aux dirigeants du Pacifique dans leur appel au secours.

« Le changement climatique reste, comme toujours, la priorité absolue des dirigeants » du FIP, déclare Mihai Sora, directeur de la recherche sur le Pacifique à l’Institut Lowy, en Australie. « La présence du secrétaire général des Nations Unies a pour but d’attirer l’attention de la communauté internationale et de faire monter la pression ».

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L’Australie, à la fois membre du FIP et grande puissance minière qui tente tardivement redorer son blason en matière environnementale, se retrouvera en position délicate vis-à-vis de ses partenaires.

Elle a pour ambition d’accueillir la conférence sur le climat COP31 en 2026 avec le soutien de ses voisins du Pacifique. Mais elle devra d’abord les convaincre de sa réelle volonté de réduire ses émissions.

Rivalité sino-américaine

Ce sommet sera le premier du nouveau secrétaire général du FIP, le Nauruan Baron Waqa, pourfendeur de la rivalité américano-chinoise dans la région.

« On ne veut pas de leur bagarre dans notre arrière-cour. Qu’ils aillent faire ça ailleurs », a-t-il lancé en juillet dernier à l’intention de Pékin et de Washington.

Pékin courtise résolument les petits pays du Pacifique, utilisant ses largesses pour construire complexes gouvernementaux, salles de sport, hôpitaux et routes. Le Palais des Congrès où se tient le sommet de Nuku’alofa, d’un coût de 25 millions de dollars, est d’ailleurs un cadeau chinois.

Craignant que la Chine n’en profite pour installer des bases militaires permanentes dans la région, les États-Unis et l’Australie ont contre-attaqué en distribuant de l’aide, en signant des accords bilatéraux et en rouvrant des ambassades désaffectées depuis longtemps.

« Polycrise »

Ce cocktail de tensions géopolitiques et de menaces climatiques a été qualifié de « polycrise » par le Premier ministre des Fiji, Sitiveni Rabuka.

À ces problèmes s’ajoutent cette année les violences qui font rage depuis mai dans le territoire français de Nouvelle-Calédonie, membre à part entière du FIP.

Le Forum a tenté d’envoyer en Nouvelle-Calédonie une « mission d’enquête de haut niveau » pour aider à résoudre la crise, dont le détonateur a été un projet de réforme du corps électoral dans l’archipel.

Mais cette mission a été reportée au dernier moment en raison d’un différend entre les autorités calédoniennes et Paris quant à son programme.

Les violences en Nouvelle-Calédonie, qui ont fait onze morts, ont éclaté le 13 mai pendant l’examen au Parlement français du projet de réforme électorale accusé de marginaliser la population autochtone kanak. Cette réforme a été depuis suspendue, mais les indépendantistes, qui en demandent l’abandon pur et simple, restent mobilisés.

La cause kanak trouve un large écho dans le bloc Pacifique, qui regorge d’anciennes colonies aujourd’hui farouchement fières de leur indépendance. M. Waqa a notamment critiqué le transfèrement en France métropolitaine de détenus indépendantistes arrêtés pendant les émeutes. 

« La façon dont la France se comporte en Nouvelle-Calédonie suscite beaucoup d’inquiétude », affirme Tess Newton Cain, de l’Institut Griffith pour l’Asie, selon qui « la rhétorique française préoccupe vraiment les dirigeants du forum ».

Le sommet constitue un sérieux défi logistique pour Nuku’alofa, dont de nombreux hôtels ont été détruits par le tsunami provoqué par l’éruption cataclysmique du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai en 2022.

Pour accueillir dignement les dizaines de chefs d’État et de gouvernement, de diplomates et d’hommes d’affaires invités, les 20 000 habitants de la capitale ont été priés d’ouvrir leurs chambres d’amis. Et une équipe de vétérinaires a été spécialement dépêchée des îles Fidji pour regrouper et stériliser les nombreux chiens errants à la morsure facile qui rôdent dans les rues.

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