C’est dans les Alpilles, en Provence, dans le sud-est de la France où il aimait tant se reposer, que Charles Aznavour s’est éteint, suscitant une vague de tristesse chez ses admirateurs de toutes générations.
« Profondément français, attaché viscéralement à ses racines arméniennes, reconnu dans le monde entier, Charles Aznavour aura accompagné les joies et les peines de trois générations. Ses chefs-d’œuvre, son timbre, son rayonnement unique lui survivront longtemps », a twitté Emmanuel Macron.
« Je l’avais convié à mon déplacement à Erevan (10-11 octobre) pour le sommet de la francophonie, où il devait chanter », a ajouté le président français.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a déploré « une perte énorme pour le monde entier », rendant hommage à « un fils exceptionnel du peuple arménien ».
« L’Europe a perdu aujourd’hui l’une de ses plus belles voix », a déclaré le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, saluant « un grand artiste » qui a « inspiré toute une génération, donnant une magnifique image de la France terre d’accueil au rayonnement culturel international ».
Pour la maire de Montréal Valérie Plante, Charles Aznavour, « citoyen d’honneur de la Ville de Montréal, nous a fait voyager au son de sa poésie et de sa musique ».
> 180 millions de disques vendus
« Je ne suis pas vieux, je suis âgé. Ce n’est pas pareil », se plaisait-il à nuancer. Une façon espiègle de défier le poids des années pour celui dont le couronnement artistique était venu assez tardivement, à 36 ans, le 12 décembre 1960 à l’Alhambra.
Ce soir-là, il donna le concert de la dernière chance devant le tout Paris ainsi que des critiques, qui ne croyaient pas en son talent scénique et raillaient sa voix. Il mit tout le monde d’accord avec sa performance habitée de « J’me voyais déjà », qui raconte les illusions perdues d’un artiste.
Jusqu’alors, Aznavour avait connu un relatif succès surtout discographique avec « Parce que », « Le palais de nos chimères », « Sur ma vie », « Sa jeunesse ».
Il écrivait aussi déjà pour les plus grands, Juliette Gréco, Gilbert Bécaud, Edith Piaf qui le soutint ardemment et fut un de ses « quatre points cardinaux avec Charles Trénet, Constantin Stanislavski et Maurice Chevalier ».
« Il a osé chanter l’amour comme on le ressent, comme on le fait, comme on le souffre », avait dit de lui Maurice Chevalier, dans les pas duquel il avait fini par marcher aux quatre coins du monde, devenant à son tour l’ambassadeur de la chanson française. Une renommée appuyée par ses 180 millions de disques vendus.
> Le lait et le café
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Sa détermination, son talent et ses tubes intemporels comme « La Bohème », « La Mamma », « Comme ils disent », « Mes emmerdes » permettront finalement à cet homme de taille modeste (1,60 m et des poussières) de renverser les montagnes, lui qui n’a jamais hésité à protéger les jeunes pousses, comme Johnny Hallyday à qui il fit cadeau de « Retiens la nuit ».
Même s’il n’avait plus sorti de grande chanson depuis une trentaine d’années, Aznavour a entretenu son mythe par la scène, dans les salles les plus prestigieuses du monde. Comme une revanche sur tous ceux qui ne lui prédisaient aucun avenir et qui « sont tous morts depuis longtemps, alors que moi… je suis encore là », cinglait-il.
Celui qui s’est également formé par la danse classique et le théâtre a aussi brillé au cinéma où, en quelque 80 films, il tourna avec François Truffaut (« Tirer sur le pianiste »), Volker Schlöndorff (« Le tambour »), Claude Chabrol (« Les fantômes du chapelier »)…
Où qu’il fut, cet artiste concerné par le drame des migrants rappelait toujours son attachement à ses deux pays. « Je suis Français et Arménien, les deux sont inséparables comme le lait et le café », résumait-il l’an passé en recevant son étoile sur le « Walk of fame » à Hollywood.
Charles Aznavour était en concert il y a pratiquement 1 an jour pour jour à To’ata…