Après deux mois de vacances d’été austral, « on se prépare à une année très difficile, avec une explosion des difficultés sociales et de l’absentéisme », s’inquiète Jean-France Toutikian, secrétaire général de l’Union générale des parents d’élève (UGPE).
Interrogé par l’AFP, ce responsable dénonce les coupes effectuées par la province Sud, la plus riche et la plus peuplée de l’archipel calédonien : elle a supprimé l’allocation de rentrée scolaire et l’aide aux frais de transport, et a baissé le taux de prise en charge des repas des boursiers.
Quelque 10 000 élèves sont concernés par cette baisse des dotations. Des restrictions justifiées par la diminution du budget de la province en raison des violences ayant éclaté en mai dernier en Nouvelle-Calédonie.
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L’insurrection, sur fond de contestation d’une réforme électorale, a fait 14 morts et plus de deux milliards d’euros de dégâts dans l’archipel, dont les autorités multiplient depuis les mesures d’économie tout en plaidant à Paris pour recevoir davantage d’aides.
« Les recettes fiscales sont en baisse de 30% », a souligné Gil Brial, le 2e vice-prédisent de la province Sud en charge de l’Éducation, lors du vote de ces mesures.
Un argument jugé dévoyé par certains. L’élu Philippe Dunoyer, du parti Calédonie ensemble, note que l’effort demandé à l’Éducation (-34%) est bien plus important que la baisse de 10% du budget de la province Sud entre 2024 et 2025, passé de 56 à 51 milliards de francs Pacifique (427 millions d’euros).
« Si on regarde les postes de dépenses, l’effort dans les autres secteurs est d’environ 20 à 22% », ajoute-t-il.
Équipes éducatives à pied d’œuvre
La collectivité a également décidé de réserver les aides sociales aux personnes résidant en province Sud depuis au moins 10 ans. « Nous avons déjà recensé 80 enfants qui vont voir leur bourse supprimée. Je ne sais pas si la province mesure l’ampleur des difficultés qui attendent ces familles », regrette M. Toutikian.
Rare bonne nouvelle dans cette morosité, le gouvernement calédonien a annoncé vendredi qu’il maintenait l’allocation de rentrée scolaire versée à l’ensemble des 62 660 élèves du territoire, et qu’il n’augmenterait pas le tarif des cantines du second degré, dont il a la charge.
Pour les équipes éducatives, la préparation de la rentrée a été un casse-tête. Au total, « 1 000 élèves ont quitté le territoire, soit l’équivalent d’une trentaine de classes », a indiqué vendredi lors d’une conférence de presse le vice-recteur de l’académie de Nouméa, Didier Vin-Datiche.
Près de 700 élèves du secondaire et 2 000 du primaire ont quitté la capitale et son agglomération, où ont eu lieu la très grande majorité des violences, pour les provinces des Iles et Nord.
« Ces élèves ne sont pas revenus et nous avons dû ouvrir des classes sur la côte Est ainsi qu’à Lifou », la plus grande des trois îles de la province. « Mais au vu du contexte, nous n’avons pas fermé de classes malgré la baisse d’effectif », poursuit-il.
Une baisse démographique aggravée par la crise actuelle, mais qui a commencé dès 2012. En 13 ans, la Nouvelle-Calédonie a perdu 3 000 élèves.
Certains établissements, incendiés pendant les émeutes, ne rouvriront pas leurs portes. C’est le cas du collège de Rivière-Salée, un des plus vastes quartiers de la capitale, Nouméa.
Le lycée professionnel Petro-Attiti, dans le même quartier, sera lui reconstruit. Les élèves suivront les cours théoriques dans une école élémentaire désaffectée tandis que le plateau technique a pu être réhabilité à temps pour la reprise des cours.