Nouvelle-Calédonie : les assureurs cessent de couvrir le risque « émeutes »

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265 milliards de francs. C’est le coût estimé des dégâts dus aux exactions survenues ces derniers mois en Nouvelle-Calédonie. Sous dimensionnées pour répondre à une crise d’une telle ampleur, et malgré des renforts venus de l’Hexagone, les compagnies d’assurances peinent à indemniser rapidement les sinistrés. Elles durcissent également les clauses de leurs contrats et écartent désormais de couvrir la garantie « émeutes ». Un reportage de nos confrères de la chaîne Caledonia.

Publié le 19/08/2024 à 14:28 - Mise à jour le 19/08/2024 à 14:28

265 milliards de francs. C’est le coût estimé des dégâts dus aux exactions survenues ces derniers mois en Nouvelle-Calédonie. Sous dimensionnées pour répondre à une crise d’une telle ampleur, et malgré des renforts venus de l’Hexagone, les compagnies d’assurances peinent à indemniser rapidement les sinistrés. Elles durcissent également les clauses de leurs contrats et écartent désormais de couvrir la garantie « émeutes ». Un reportage de nos confrères de la chaîne Caledonia.

Sur les 2540 dossiers à examiner par les assurances calédoniennes, seuls 1240 d’entre eux ont été traités depuis les événements en Nouvelle-Calédonie.

« Cela représente 4 milliards de francs d’acomptes, ou d’indemnisations, qui ont été versés pour les entreprises sur 120 milliards de francs. Donc c’est vraiment insuffisant », estime David Guyenne, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nouvelle-Calédonie.

En raison des dégâts colossaux causés par les exactions, les assurances ne prendront plus en charge la garantie « émeutes ». Un problème majeur pour la reconstruction économique du Caillou .

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« Les compagnies d’assurance nous disent : ‘Vous pouvez redémarrer, mais nous ne sommes pas en capacité de couvrir les sinistres futurs qui seront dus à des émeutes’. Ce qui veut dire qu’elles enlèvent la garantie émeutes du traitement assurantiel de la Nouvelle-Calédonie et, ça, ça pose un problème. Les entreprises ne peuvent pas avoir une perspective de redémarrage. Donc ça bloque tout le système économique calédonien », ajoute David Guyenne.

Selon l’association « UFC-Que choisir », les assurances sont en droit d’agir de la sorte. « Les émeutes, c’était quelque chose d’exceptionnel. À partir du moment où elles deviennent presque certaines, et habituelles, le risque est modifié.  Donc l’assureur a le droit de ne plus vouloir prendre ce genre de risques. A ce moment-là, il a quand même une obligation, c’est d’envoyer un courrier en précisant qu’à partir de telle date, le contrat reste inchangé pour toutes les autres garanties, mais que la garantie émeutes est exclue », explique Gislaine Cassiere, bénévole spécialisée en assurance à l’UFC-Que choisir

Cette clause s’appliquera aussi aux particuliers. Alba*et son colocataire ont tenté de souscrire une assurance habitations auprès de six établissements. Mais en raison du durcissement des règles, ils ont préféré se rétracter.

« J’ai contacté mon ancienne assurance qui m’a dit que ça devait passer en commission. Le dossier a été accepté, mais quand j’allais aller signer les papiers, ils m’ont rappelée en me disant qu’il y avait un petit changement, que la franchise passait de 31 000 à 120 000 francs. J’ai contacté d’autres assurances. Il y en a une qui nous a dit qu’elle ne prenait pas de nouveaux dossiers. Les autres demandent qu’on signe une décharge pour exclure tout problème lié aux émeutes », témoigne la jeune femme.

Pour remédier à cette situation, la CCI préconise trois solutions : l’intervention de l’État pour une lecture bienveillante des contrats, l’éligibilité du fonds assurantiel et la mise en place d’un fonds spécial porté par l’État. Contactées, les compagnies d’assurance n’ont pas répondu aux sollicitations de Caledonia.

*Prénom d’emprunt

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