« On a eu la bonne surprise de voir nos demandes acceptées », a lancé mardi le vice-président de l’UC Gilbert Tyuienon à l’issue de trois heures de discussions à Nouméa avec le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.
Ces réunions sur la décolonisation interviendront après le congrès début 2023 du Front de libération kanak socialiste (FLNKS) qui regroupe la grande majorité des mouvements indépendantistes dont l’UC, a précisé M. Tyuienon.
Interrogé par l’AFP, le cabinet du ministre de l’Intérieur a refusé de commenter cette déclaration.
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Organisé le 12 décembre 2021, le dernier des trois référendums prévus par l’accord de Nouméa signé en 1998 a été organisé contre l’avis des indépendantistes qui en demandaient le report pour cause de pandémie de Covid et l’ont boycotté.
L’État avait-il mesuré la portée du maintien, contre la volonté des indépendantistes ? Depuis, les indépendantistes ont refusé de revenir à la table des négociations. Ils ont ainsi refusé de venir fin octobre pour une journée de réunion à Paris avec le camp non-indépendantiste, à l’invitation de la Première ministre.
L’UC a en tout cas exprimé son profond malaise face au ministre de l’Intérieur : « On lui a dit que le 12 décembre restera(it) pour nous une date d’humiliation du peuple kanak », assène M. Tyuienon.
Un sentiment qui laisse présager une position extrêmement ferme du parti sur les discussions à venir sur le futur statut du territoire sur la base de la création d’une assemblée constituante en 2023 pour préparer l’accession « à l’indépendance pleine et entière dès 2025 ».
Derrière cette fermeté, la volonté « de refuser un calendrier à marche forcée imposé par l’État, et qui ne peut conduire qu’à la confrontation », soulignait Pierre-Chanel Tutugoro, secrétaire général de l’UC, à l’issue du congrès du mouvement, mi-novembre.
Le temps du dialogue
L’UC assure toutefois être « toujours dans le temps du dialogue. D’où ces réunions bilatérales avec l’État sur la décolonisation, que l’on va prendre le temps de bien préparer d’ici au congrès du FLNKS », prévu fin janvier début février, a précisé à l’AFP M. Tyuiénon.
Au sens de l’Union calédonienne, c’est bien le seul FLNKS qui doit mener les futures discussions avec l’État « pour mener à l’indépendance du pays ».
Il faudra donc d’ici là se mettre d’accord avec l’autre grande composante du FLNKS, le Parti de libération kanak (Palika), qui prône le maintien permanent du dialogue avec l’État français et dont un des leaders, Louis Mapou, est le président du gouvernement local, en contact permanent avec l’État, notamment pour mener à bien l’importante réforme fiscale, vitale pour le territoire, endetté à hauteur de 255% depuis la crise du Covid.
Gérald Darmanin rencontrera d’ailleurs officiellement mercredi Paul Néaoutyine, président de la province Nord, fondateur du Palika et figure de la lutte indépendantiste. Un tel rendez-vous à ce niveau n’avait pas eu lieu depuis des années.
Enfin, alors que l’UC se borne à parler de « négociations futures de traités d’interdépendance avec des nations respectant nos valeurs », le Palika assure que « le futur statut de la Nouvelle-Calédonie ne peut se concevoir que dans l’indépendance. Mais au Palika nous disons aussi que l’on peut imaginer un statut définitif avec la France, dans le cadre d’un accord négocié », a dit son porte-parole Jean-Pierre Djaïwé.
Face à ces positions divergentes, le congrès du FLNKS sera donc crucial pour les indépendantistes qui devront tenter de rapprocher leurs points de vue, s’ils veulent réellement parler d’une seule voix face à l’État.