Ce troisième déplacement du ministre sur ce territoire du Pacifique sud depuis novembre 2022 s’achèvera samedi. Il s’inscrit dans le cadre des discussions sur l’avenir institutionnel de l’archipel après la tenue du troisième et dernier référendum prévu par l’accord de Nouméa.
« Ce que l’on a vu ce (jeudi) matin, c’est que l’accord de Nouméa a incontestablement apporté des choses en Nouvelle-Calédonie », a déclaré Gérald Darmanin à la presse, à l’issue des échanges entre représentants indépendantistes et non-indépendantistes, réunis pour la première fois depuis la reprise du dialogue.
Il a eu « le grand avantage de maintenir la paix civile en Nouvelle-Calédonie ainsi que des institutions stables », ou encore de « réduire les inégalités », a affirmé ensuite le ministre dans un tweet.
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« Il y a aussi des inconvénients à cet accord de Nouméa, une croissance économique qui dépend exclusivement ou quasi exclusivement de l’État, c’est-à-dire de la France, et du nickel et très peu de croissance économique endogène », a cependant dit sur place M. Darmanin, ajoutant : « L’accord de Nouméa est notre base de départ, mais il faut qu’on l’améliore. Ça ce sont les discussions de demain ».
« Le bilan recommande d’améliorer, dans le cadre d’un nouveau statut, le fonctionnement des institutions, la clarification des compétences et des responsabilités de chacun », a par ailleurs indiqué le ministre sur Twitter.
M. Darmanin a également évoqué l’« audit de la décolonisation » de la Nouvelle-Calédonie qui a « pour objectif d’évaluer l’efficacité et l’équité du processus à l’œuvre, à la lumière des attentes des Nations unies et des orientations de l’accord de Nouméa », selon le rapport présenté.
M. Darmanin a assuré que « tous les critères mis par l’ONU sont respectés par la France », « chacun l’a constaté » lors de la réunion de l’après-midi.
Les « noyaux durs » pas abordés
Une vision que ne partage pas la délégation indépendantiste.
« Les experts qui ont été nommés ne sont pas des experts de la décolonisation. C’est le point faible de ce rapport », par exemple « les noyaux durs des sujets ne sont pas abordés, comme la question foncière », a ainsi déclaré à l’AFP Roch Wamytan, l’un des membres Union calédonienne de la délégation du FLNKS et président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.
Le non-indépendantiste Nicolas Metdorf, député de la deuxième circonscription, président de Générations NC, a au contraire déclaré : « On considère que la France a fait le travail, qu’elle a permis le rééquilibrage en Nouvelle-Calédonie, le partage du pouvoir, l’affirmation de l’identité de la Nouvelle-Calédonie, que les Calédoniens ont choisi par trois fois de manière souveraine de rester dans la République française ce qui correspond à une des sorties de la colonisation prévue par l’ONU ». « Nous avons demandé à Gérald Darmanin de retirer la Nouvelle-Calédonie de la liste des pays à décoloniser », a-t-il ajouté.
Alors que cette visite ministérielle est une étape attendue dans le long processus de discussions autour du futur statut de l’archipel français du Pacifique sud, Sonia Backès, présidente de la province Sud (Républicains calédoniens) qui est aussi secrétaire d’État à la Citoyenneté, a souligné « qu’on se retrouve à trois, indépendantistes, non-indépendantistes et État » et « qu’un début de dialogue s’est noué sur les différents sujets ».
« Ce n’était pas une trilatérale, nous sommes venus pour écouter les présentations », a cependant ajouté M. Wamytan, rappelant que ces réunions entre l’État, les indépendantistes et les indépendantistes ne pourraient se tenir qu’une fois « que tous les sujets qui concernent le peuple kanak » auront été épuisés au cours de bilatérales.