Au total, 185 004 électeurs calédoniens seront appelés pour la troisième et dernière fois à répondre à la question : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ».
Deux précédents scrutins les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020, organisés dans le cadre du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa, ont été remportés par les pro-France avec 56,7% puis 53,3% des suffrages.
Cette fois, les indépendantistes ont décidé de ne pas participer au vote dont ils souhaitaient le report à septembre 2022, invoquant l’impossibilité d’organiser « une campagne équitable » alors que l’archipel est touché depuis septembre par une épidémie de Covid-19, et que la population kanak est plongée dans le deuil.
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Restée longtemps exempt de Covid-19, l’archipel comptant 270 000 habitants, a été frappé par une vague de variant Delta, qui a fait 276 morts. L’épidémie est depuis plusieurs semaines en repli, même si la circulation du virus reste active, avec un taux d’incidence oscillant ces derniers jours entre 80 et 100 cas pour 100.000 habitants, ce qui a incité le gouvernement à maintenir le scrutin.
Contestation devant l’ONU
Face à cette décision, les indépendantistes ont prévenu qu’ils ne reconnaitraient pas le résultat et le contesteraient devant les Nations unies. « La non-participation est un droit en démocratie », et « le fait de ne pas participer n’emportera pas de doute sur la sincérité » du scrutin, donc cela « n’empêche pas qu’il soit légitime au sens juridique du terme », a rétorqué le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui invite à « examiner les résultats des 3 référendums dans leur ensemble ».
Les loyalistes ont pour leur part continué leur campagne, mais compte tenu du contexte sanitaire, ils sont contraints de miser essentiellement sur le numérique, avec l’enjeu de faire venir leurs militants aux urnes. « Il importe que la mobilisation du camp non indépendantiste reste totale, afin de démontrer qu’il reste majoritaire et uni pour souhaiter le maintien de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française », a exhorté Thierry Santa, président du Rassemblement-LR dans une lettre aux Calédoniens, redoutant une forte abstention en raison de la non participation de leurs adversaires indépendantistes et du contexte sanitaire.
L’Éveil Océanien, émanation de l’importante communauté wallisienne et futunienne du Caillou et formation charnière sur l’échiquier politique calédonien, s’est pour sa part positionné pour un « non, pas maintenant », à l’indépendance. « Nous n’avons pas actuellement la capacité d’assumer nos souverainetés », a expliqué son président Milakulo Tukumuli.
« Non-sens politique »
« Ce scrutin ne sera pas juridiquement contestable mais ce sera un non-sens politique. Son résultat ne pourra pas être pris en compte pour la suite du processus », a estimé M. Tukumuli. Car plus que jamais, tous les yeux sont braqués sur le jour d’après le référendum, c’est-à-dire comment rassembler tous les Calédoniens, et vers quel projet ?
En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l’État qu’après le 12 décembre s’ouvrirait « une période de stabilité et de convergence » avant un « référendum de projet » d’ici juin 2023. Mais tout a depuis été remis en jeu, une des composantes du FLNKS ayant même apparenté le maintien du référendum au 12 décembre « à une déclaration de guerre », faisant planer le souvenir d’une noire période de violences il y a 30 ans, qui avait précédé la mise en place des accords de Matignon puis de Nouméa.
Toutefois, Alosio Sako, membre du bureau politique de la coalition indépendantiste, a appelé depuis à poursuivre la revendication « pacifiquement » : « le 13 décembre, le FLNKS viendra à la table des discussions mais pour parler d’indépendance et pas d’autre chose », a-t-il déclaré.
Face aux craintes de tensions, le président indépendantiste du gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie Louis Mapou a assuré : « il y a une place pour chacun en Nouvelle-Calédonie », dans son discours de politique générale prononcé il y a une semaine. « Nous proposons d’organiser les actions du gouvernement autour de la seule colonne vertébrale qui s’impose : le lien d’appartenance à cette terre, dans un pays où l’objectif de communauté de destin attend encore », a-t-il ajouté.