Thierry Santa : « Cette victoire au 3e référendum a permis de rassurer tout le monde, y compris les Polynésiens du Caillou »

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Il était dans le premier vol commercial d'Air Calin. Né en Polynésie, le président du Rassemblement-Les Républicains Thierry Santa est arrivé hier soir de Nouvelle-Calédonie pour rendre visite à sa famille après quasiment deux ans de fermeture du Pays. L'occasion de revenir avec lui sur la reprise des discussions entre les deux pays, sur le contexte post référendaire et sur l'état d'esprit des Polynésiens du Caillou. Interview.

Publié le 23/12/2021 à 10:53 - Mise à jour le 23/12/2021 à 16:25

Il était dans le premier vol commercial d'Air Calin. Né en Polynésie, le président du Rassemblement-Les Républicains Thierry Santa est arrivé hier soir de Nouvelle-Calédonie pour rendre visite à sa famille après quasiment deux ans de fermeture du Pays. L'occasion de revenir avec lui sur la reprise des discussions entre les deux pays, sur le contexte post référendaire et sur l'état d'esprit des Polynésiens du Caillou. Interview.

Deux ans quasiment après la fermeture de la Nouvelle-Calédonie, ce premier vol commercial illustre une réouverture du pays ?

« Ça a été une décision collégiale du gouvernement de permettre à nouveau une reprise de vols presque normale parce que malgré tout il y a un certain nombre de procédures à respecter avec des tests avant de partir, avec des documents à remplir. Et par contre, il n’y a plus le système d’autorisations comme il existait auparavant parce qu’il fallait envisager avant les septaines au retour des personnes qui revenaient au Pays. On a simplifié les choses. On est revenus à un système commercial. La compagnie commercialise ses vols avec juste ensuite des contraintes administratives un peu plus lourdes ».

Peut-on parler d’un retour à la normal des relations entre le fenua et le Caillou ?

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« C’est un peu prématuré de s’avancer là-dessus puisque comme vous le savez hélas, le variant Omicron est entré également en Nouvelle-Calédonie. Le gouvernement va très probablement prendre des décisions en fonction de la propagation de ce virus, donc je ne pense pas qu’on aille vers une ouverture totale du ciel calédonien. On va garder très probablement des mesures de contrôle à l’entrée avec des obligations de septaine à domicile comme c’est le cas maintenant ».

« hélas, le variant Omicron est entré également en Nouvelle-Calédonie. (…) je ne pense pas qu’on aille vers une ouverture totale du ciel calédonien »

Thierry Santa

Quel est le contexte en Calédonie deux semaines après le scrutin référendaire ?

« On peut surtout dire que le référendum s’est passé dans de très bonnes conditions. Il n’y a eu aucun débordement, aucun problème. La consigne de vote des indépendantistes a été respectée dans le sens où les militants indépendantistes ne se sont pas déplacés pour aller voter mais n’ont pas non plus empêché la tenue du scrutin dans des conditions normales. Maintenant, je considère les choses de manière globale. Je ne m’intéresse pas seulement à ce dernier référendum, mais aux trois référendums qui se sont succédés et au cours desquelles la majorité des Calédoniens ont exprimé leur volonté de rester dans une Calédonie française. Il faut prendre acte de ce choix sans pour autant faire preuve de trop de triomphalisme. Au contraire : c’est un résultat qui nous engage, surtout lorsqu’on sait qu’une forte minorité de la population Calédonienne souhaite cette indépendance.

Il faut voir les choses telles qu’elles sont et avec ces deux éléments en tête, le fait que la Calédonie reste française mais le fait qu’une grosse minorité ne le souhaite pas. Il faut qu’on avance les uns vers les autres pour trouver une solution qui sera acceptable par tout le monde et c’est forcément une solution qui sera équilibrée entre les aspirations de chacun. Soit un lien indéfectible avec la France, mais une prise en considération aussi de la reconnaissance kanak, de ce besoin de reconnaissance, de cette revendication identitaire mélanésienne. Il faut en tenir compte dans notre futur statut qu’on va devoir mettre en place. On a de la chance d’être devant une page blanche donc à nous d’être imaginatifs pour pour créer la société calédonienne de demain acceptable par le plus grand nombre. »

Faut-il toujours craindre des tensions autour de ces discussions ?

« Les vraies discussions elles vont démarrer forcément après les élections nationales (…) et c’est normal. Personne ne pouvait imaginer que le gouvernement central actuel prenne un quelconque engagement à la veille de son renouvellement. C’est bien la nouvelle équipe gouvernementale nationale qui va être à la table des négociations demain pour réfléchir avec nous à cette société calédonienne que j’évoquais tout à l’heure ».

« C’est bien la nouvelle équipe gouvernementale nationale qui va être à la table des négociations demain »

Les discussions que vous allez tenir peuvent concerner d’une manière ou d’une autre la Polynésie ?

« Je pense que toutes les discussions qui concernent les évolutions statutaires de territoires d’outre-mer au sens large du terme, peuvent impacter les autres territoires. On a aujourd’hui un statut quand même assez proche entre la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. On a des gouvernements, on a des assemblées territoriales. La différence en Nouvelle-Calédonie c’est peut-être les provinces qu’il n’y a pas ici en Polynésie. Mais on a des communes et on a surtout des instances territoriales qui ont la possibilité de délibérer et voire même de voter des lois de Pays. Ce sont quand même des statut assez proches. Très probablement si le statut de Nouvelle-Calédonie évolue, je ne vois pas de raison qui opposerait une volonté politique polynésienne de s’inspirer de cette évolution. Je ne vois pas non plus dans l’autre sens. Ça dépendra de ce que voudront les Polynésiens »

Après deux ans de fermeture, la Calédonie et la Polynésie doivent-elles reprendre les discussions sur des dossiers en particulier ?

« Ce que nous souhaitons nous, non indépendantistes, dans l’évolution statutaire de la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna, c’est une place peut-être plus importante dans le projet d’axe Indo-pacifique. En tout cas dans l’échiquier politique régional que ces territoires français du Pacifique qui de la même manière représentent l’Europe ici. On est les seuls territoires qui représentent l’Europe ici. L’Europe qui a peut-être la possibilité d’être une troisième voie entre une Chine expansionniste et des Etats-Unis peut-être un peu plus impérialistes. Que cette troisième voie soit représentée par les trois territoires français du Pacifique. Ce qui suppose un travail commun entre nous. C’est ce que j’avais essayé de faire à l’époque lorsque j’étais président du 16e gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. On avait avancé sur un projet de convention avec les trois territoires, avec le gouvernement polynésien et donc les représentants wallisiens futuniens. On n’avait pas pu aboutir compte tenu de la crise sanitaire mais aussi du fait des évolutions institutionnelles en Nouvelle-Calédonie puisque le gouvernement est tombé au mois de février 2021 ce qui nous a empêché d’avancer sur plein de sujets ».

« Ce que nous souhaitons nous, non indépendantistes, (…) c’est une place peut-être plus importante dans le projet d’axe Indo-pacifique »

Comment les Polynésiens du Caillou ont vécu ce référendum ?

« On parle de 2000 à 3000 personnes qui vivent en Nouvelle-Calédonie depuis de très nombreuses années voire parfois plusieurs générations pour certains. Cette communauté a été très attentive mais comme toutes les autres communautés calédoniennes sur l’évolution des référendums qui se sont déroulés. Je pense qu’aujourd’hui elle est rassurée comme toutes les autres. Une étude a été menée et Philip Schyle ici, qui démontrait qu’il y avait un potentiel retour en Polynésie de cette communauté voire même d’autres personnes. Il y a un attachement aux origines pour beaucoup d’entre eux et le fait qu’on ai eu une victoire au troisième référendum a permis de rassurer un peu tout le monde et peut-être d’éviter ce risque qui était envisagé ».

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