Un morceau de banquise gavé de microplastiques

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Au premier abord, on croirait un bonbon translucide parsemé de fragments de fruits multicolores, mais loin de là ! C'est un morceau de glace de l'Arctique, constellé de microplastiques.

Publié le 16/08/2019 à 11:53 - Mise à jour le 16/08/2019 à 11:53

Au premier abord, on croirait un bonbon translucide parsemé de fragments de fruits multicolores, mais loin de là ! C'est un morceau de glace de l'Arctique, constellé de microplastiques.

Une équipe de scientifiques a extrait cette carotte de glace d’un morceau de banquise qui a probablement dérivé depuis le nord du Groenland jusqu’au Passage du Nord-Ouest, espace maritime entre les océans atlantique et pacifique, de plus en plus navigable avec le réchauffement. « Nous ne nous attendions pas à trouver autant de plastique, nous avons été choqués », raconte à l’AFP Alessandra D’Angelo, de l’université de Rhode Island, à l’issue de ce voyage de 18 jours sur le brise-glace suédois Oden avec une dizaine d’autres chercheurs. « Il y en a tellement et de toutes sortes, des billes, des filaments, du nylon… », ajoute-t-elle par téléphone depuis le Groenland.

Un échantillon de la carotte de glace contenant de minuscules fragments de plastique. (Crédit photo : Duncan Clark / Northwest Passage Project / AFP)

La pollution aux plastiques n’est pas l’objet principal de cette mission de plusieurs années baptisée Northwest Passage Project, menée par l’océanographe Brice Loose. Les scientifiques cherchent à évaluer comment le réchauffement climatique affecte la biochimie et les écosystèmes de l’archipel arctique canadien. L’une des questions-clé est de déterminer si la fonte des glaces risque d’augmenter la concentration du méthane- -gaz à effet de serre trente fois plus puissant que le CO2- dans l’atmosphère.

L’Arctique, qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, a déjà gagné +2°C par rapport à l’ère plus industrielle.

Mais au milieu des étendues blanches, les plastiques se sont invités au menu des scientifiques. « L’omniprésence du plastique, ça a été pour nous comme un coup de poing dans le ventre », commente Brice Loose, choqué de voir ce matériau « totalement étranger » dans un environnement « si immaculé ».

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Selon une étude publiée jeudi dans Science Advances, une quantité importante de microplastiques et de microfibres sont transportés par les vents jusqu’en Arctique, où ils retombent sur terre lorsqu’il neige.

Chaque année, quelque 8 millions de tonnes de plastique sont également déversés directement dans les océans.

L’équipe du Northern Passage Project a récolté ses échantillons près de Resolute, au Canada. Mais selon les scientifiques, la glace, compte tenu de sa salinité et de son épaisseur, venait sans aucun doute du nord de l’océan arctique et avait plus d’un an. La concentration de morceaux de plastique était bien plus importante que celle de l’eau environnante. « Quand l’eau gèle, cela forme des cristaux. L’eau passe à travers ces cristaux quand ils se forment », explique Jacob Strock, un autre membre de l’équipe, de l’université américaine de Rhode Island. « La glace agit comme une passoire, en filtrant les particules qui sont dans l’eau ».

Le plancton, animal ou végétal, reste aussi prisonnier de cette glace et certains spécimens ont pu ingérer au préalable des microplastiques.

Des particules de plastique ont été retrouvé dans des organismes vivants aux quatre coin des océans, jusqu’au fond de la fosse des Mariannes, la plus profonde connue.

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