Une association alerte sur l’exposition des prisons au changement climatique

Publié le

Canicules, dégradation des bâtiments et même risque de submersion : les prisons françaises sont particulièrement vulnérables au changement climatique, alerte une ONG dans un rapport publié jeudi, qui appelle à des mesures d'autant plus nécessaires que les détenus sont "totalement dépendants de l'État pour leur protection".

Publié le 11/07/2024 à 10:36 - Mise à jour le 11/07/2024 à 10:42

Canicules, dégradation des bâtiments et même risque de submersion : les prisons françaises sont particulièrement vulnérables au changement climatique, alerte une ONG dans un rapport publié jeudi, qui appelle à des mesures d'autant plus nécessaires que les détenus sont "totalement dépendants de l'État pour leur protection".

Pour l’heure, ce problème « ne fait l’objet d’aucune politique publique et ne semble pas être pris en compte dans les programmes de construction et de rénovation des prisons », déplore l’association Notre Affaire à tous, qui « utilise le droit comme un levier stratégique de lutte contre la crise environnementale ».

Comme toute la population, les détenus des 188 établissements pénitentiaires français peuvent être exposés à la canicule, mais ce risque revêt pour eux une signification particulière, du fait de leur difficulté à accéder à une douche ou aérer leur cellule.

« Ce n’est pas un concept, cela atteint les gens dans leur chair », a insisté lors d’une conférence de presse le délégué général de l’association, Jérémie Suissa.

– PUBLICITE –

En outre, « les cours de promenade sont souvent inadaptées en cas de périodes de fortes chaleurs car elles sont entièrement bétonnées, sans arbres, parfois même sans auvent ou préau permettant de s’abriter », relèvent les auteurs du rapport, soulignant que « la surpopulation carcérale rend encore plus invivable une vague de chaleur ».

Autre risque lié au changement climatique, le phénomène de retrait-gonflement des argiles, qui peut dégrader le bâti. Plus de la moitié des prisons françaises sont exposées à un risque « moyen ou fort » sur ce plan, pouvant entraîner des fissures dans les murs, des fenêtres non jointives, des ruptures de canalisation, et donc peser sur les conditions de vie des détenus, insiste l’ONG.

Plus d’un quart des prisons sont par ailleurs exposées à un risque « modéré à important » d’inondation, 12% peuvent être touchées par un feu de forêt. Et huit établissements sont concernés par le risque de montée des eaux ou de submersion marine, dont trois – toutes en outre-mer, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane et à Wallis – risquent de se retrouver « sous le niveau de la mer du fait du dérèglement climatique ». 

L’association appelle les pouvoirs publics à « identifier » les prisons les plus vulnérables pour « prioriser leur fermeture, leur réfection ou leur aménagement », adapter et « végétaliser » les bâtiments actuels, malgré les contraintes sécuritaires et « éviter l’implantation de nouvelles prisons dans des zones submersibles à l’horizon 2100 ».

Dans une déclaration transmise à l’AFP, l’administration pénitentiaire a assuré qu’elle avait « lancé un projet » visant à « identifier » les effets du changement climatique et les « besoins et moyens possibles d’adaptation » des prisons.

Le recours à des solutions anti-canicule « classiques » (telles la ventilation, ou des dispositifs de protection solaire) est nécessairement limité en prison par les contraintes de sécurité, toutefois « les nouveaux programmes de construction intègrent les enjeux de lutte contre la chaleur », a-t-elle assuré.

Revendiquant une « politique volontariste » dans ce domaine, l’administration a souligné que depuis 2017 elle avait doublé son budget dédié à la rénovation des établissements, et qu’elle s’abstenait de toute façon de construire de nouvelles prisons dans des zones inondables.

Dernières news