Article initialement publié le 19 mars. Mise à jour du 20 mars : Dominique Sorain, Haut-commissaire de la République en Polynésie française, a annoncé ce vendredi que la Polynésie passait au stade 3, et que le confinement serait effectif à minuit. Il a également annoncé l’annulation du Heiva i Tahiti 2020. Le détail de ses déclarations ICI
To’ata risque de ne pas vibrer aux sons des pahu et des to’ere cette année. Les groupes de danses du Heiva i Tahiti ont déjà commencé les répétitions depuis février, mais avec les dernières consignes des autorités la majorité des groupes a décidé de suspendre les répétitions.
« Vu que le haut-commissaire et le président du Pays ont dit qu’il ne fallait pas qu’on soit plus de 100 personnes, j’ai annulé toutes mes répétitions, parce que je ne veux pas que Tahiti Ora soit responsable d’être un vecteur du virus éventuel, et puis d’être hors la loi », explique Tumata Robinson, la chef de troupe, contactée par téléphone.
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« D’un commun accord, avec le bureau exécutif, nous avons décidé de respecter les consignes, indique de son côté Tearei Saridja, chargée de communication de la troupe Heikura Nui. Et de toute façon on ne nous a pas donné le choix, parce que là où on répète, on nous a dit clairement : pas de rassemblement. Donc on a arrêté les répétitions. »
Cet événement requiert un énorme investissement financier et humain. Cependant face à ce risque d’épidémie, tous les chefs de groupes et les responsables de l’organisation se sont concertés. Pour ne pas rester dans l’expectative, la majorité des groupes est d’accord pour annuler l’événement.
« Et pour Te Fare Tauhiti Nui, je vous avoue que ça aurait été compliqué de recaser l’événement à un autre moment, confie Hinatea Ahnne, la directrice de la Maison de la culture. Parce qu’il faut trouver trois semaines où To’ata est libre dans le calendrier, et hors des périodes de pluie. Quand on sait qu’à partir d’octobre on commence à entrer dans les périodes d’intempéries… »
Certains ont déjà engagé de grosses sommes d’argent, comme la troupe Tahiti Ora. Tumata Robinson estime être « à peu près à 4 millions, sans compter déjà ce que m’a coûté le Heiva de 2011 et 2014 que je n’ai pas résorbé, d’un montant de 3 millions, donc Tahiti Ora me doit pas loin de 7 millions maintenant. »
Malgré les consignes, certains danseurs et musiciens continuent de répéter. Une situation que déplorent les responsables de groupes.
« C’est inconscient de leur part, estime Tearei Saridja, chargée de communication de la troupe Heikura Nui. C’est mon avis, mais c’est inconscient de leur part de continuer de répéter. Il faut penser aux gens, et pas seulement à ceux en train de répéter. Admettons qu’ils attrapent ce virus et qu’ils l’amènent à la maison. A la maison, il y a des gens qui sont fragiles, il faut penser à tout ça. »
Quoi qu’il en soit, malgré la situation, le Pays s’engage à verser aux groupes inscrits les subventions qui leur sont allouées.