« Oui c’est vrai. Je suis pour la première fois en Polynésie faire mon service militaire il n’y a pas loin de 40 ans sur un petit bateau qui n’existe plus aujourd’hui. J’ai eu la chance de découvrir les îles Marquises, les Tuamotu. Et je crois que je n’ai jamais cessé de revenir régulièrement en Polynésie depuis cette époque. »
Vous êtes donc très sensible à l’art polynésien et notamment à l’art marquisien. Comment trouvez vous l’exposition Tiki et notamment le gros travail qui a été fait en amont ?
« Une exposition ça se juge sur le récit qu’elle est capable de créer. Je trouve l’exposition très forte. Le sujet est à la fois apparemment simple mais en réalité très complexe. Ce n’est pas évident de dire qui est Tiki, à quoi ça sert, d’où ça vient. Je trouve que le récit qui a été construit par les commissaires est formidable. Les oeuvres qui sont montrées sont absolument passionnantes. C’est une très très belle exposition. »
Vous avez fait un bilan très attendu par de nombreux Polynésiens, le bilan sur l’exposition Mata Hoata qui s’est tenue au Quai Branly et s’est achevée le 24 juillet dernier. Vous avez évoqué 120 000 visiteurs. C’est donc une exposition qui a plu à Paris…
« Oui il y a eu même presque 130 000 visiteurs. Les Marquises ça fait rêver tout le monde y compris les Parisiens, les touristes. Et l’exposition était sur 2000m2. C’était une énorme visite à travers à la fois les Marquises mythiques, réelles, anciennes, contemporaines. ça commençait pas des pièces historiques jusqu’aux artistes d’aujourd’hui : la musique, la danse, l’art oratoire. C’était vraiment une plongée très profonde dans les Marquises y compris les visiteurs des Marquises. Il y avait quelques tableaux de Gauguin par exemple. Tout ça effectivement a été je crois un gros succès pour nous, pour l’équipe du Musée, une très belle aventure. »
Est-ce que vous pouvez donner aujourd’hui les quelques impressions du public français. Comment est le public français finalement face à ces oeuvres très lointaines pour eux ?
« Le public français est très gourmand. Il a envie de voir des choses qu’il ne connaît pas. Alors avec les Marquises on l’attire d’abord par une marque en quelque sorte qui le fait rêver. Il pense à Jacques Brel, à Gauguin, et il découvre en fait une civilisation riche, complexe, extrêmement graphique. Evidemment le tatouage aujourd’hui est un vecteur universel. Dès qu’on parle tatouage on attire une jeune clientèle. Et les Marquises aujourd’hui, je ne sais pas si on le sait ici, font rêver beaucoup à travers l’art du tatouage. C’est une exposition qui a attiré des gens de toutes les générations, depuis ceux pour qui Gauguin dit tout, jusqu’à ceux qui sont d’abord passionnés par le tatouage et la sculpture. »
Les échanges ne sont pas prêts de s’arrêter avec le Musée de Tahiti et des îles puisque vous avez également un projet en cours, un projet de partenariat à travers une convention de collaboration muséographique. De quoi s’agit-il exactement ?
« Le Musée du Quai Branly est finalement un jeune musée puisqu’il vient de fêter ses 10 ans. Alors que le Musée de Tahiti et des îles est un musée d’âge vénérable : il a 40 ans. Et ça fait depuis notre origine qu’on travaille ensemble. On échange des professionnels, on échange par exemple dans le domaine de la formation… »
Justement il va y avoir un échange de personnel…
« Voilà. Dans le domaine de la conservation préventive en particulier, du suivi des collections. Et puis on échange des expositions. Je ne sais pas si vous vous souvenez de l’exposition sur les Gambier qui a eu lieu il y a 7-8 ans à Tahiti, qui était conçue par les mêmes commissaires que l’exposition Tiki, qui a été montée à Paris et puis ensuite au Musée de Tahiti et des îles. Nous sommes de vieux complices et j’espère que nous continuerons longtemps à travailler et à échanger ensemble. »