Le ra’au Tahiti, une médecine ancrée en Polynésie

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Les Polynésiens restent attachés aux remèdes traditionnels, au ra’au Tahiti. La moitié des natifs y a recours chaque année, selon une étude du projet de recherche Rési-Poly qui a tenu un colloque scientifique cette semaine à l’université. Un colloque qui a rassemblé les praticiens et les tradipraticiens.

Publié le 13/10/2024 à 9:58 - Mise à jour le 13/10/2024 à 9:59

Les Polynésiens restent attachés aux remèdes traditionnels, au ra’au Tahiti. La moitié des natifs y a recours chaque année, selon une étude du projet de recherche Rési-Poly qui a tenu un colloque scientifique cette semaine à l’université. Un colloque qui a rassemblé les praticiens et les tradipraticiens.

Ce colloque dont les inscriptions sont limitées a attiré les professionnels de la santé et les détenteurs des savoirs traditionnels, les tahu’a ora. Deux mondes qui s’opposent toujours. Mais selon l’anthropologie médicale, une bonne connaissance de la culture et de l’environnement de la population soignée améliore son adhésion aux parcours de soins et la confiance envers le personnel soignant. Et tous les médecins présents le savent.

Pour Dr Philippe Biarez, ancien directeur de l’hôpital de Moorea, « c’est une manière moderne de faire de la santé occidentale puisque les soins de santé primaire de l’OMS nous disent qu’il faut tenir compte de l’individu, de son entourage, de sa famille, de l’environnement. Et c’est la médecine traditionnelle qui nous le rappelle aussi. Et donc on fait un peu le même travail encore une fois tous ensemble pour prendre en compte l’ensemble de ce qui est autour de la santé des Polynésiens ».

« C’est bien que les jeunes médecins et en particulier les jeunes médecins polynésiens qui reviennent au territoire soient sensibilisés à ça, estime la directrice de l’institut du cancer en Polynésie, Dr Teanini Tematahotoa. Des fois parce que eux-mêmes ont pris du ra’au Tahiti quand ils étaient jeunes comme moi, donc ils savent que ça existe. On sait que ça marche aussi parfois. L’idée, c’est vraiment de créer un lien de confiance, une alliance avec le patient.« 

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La recherche rappelle aussi que la médecine traditionnelle constitue une institution en Polynésie française. En témoigne, la ruée des Polynésiens vers le ra’au Tahiti lors de la pandémie de covid 19. Mais le travail du tahu’a ne se limite pas à ses remèdes. Les massages, les prières ou encore les longues discussions en re’o ma’ohi avec le tradipraticien libèrent souvent le patient de ses appréhensions. Ce rituel lui permet de s’ouvrir au traitement invasif et consumérisme de la médecine conventionnelle.

« On fait un gros travail de fond pour arriver, (…) à une labellisation par le Pays, détaille Dr Eric Parrat, pneumologue. C’est que le Pays puisse s’approprier le concept de neo-tradipraticien tel qu’on l’a posé à l’hôpital. Quelqu’un qui instaure le dialogue la population et les professionnels de santé. C’est à ça qu’on veut arriver.

Selon les scientifiques, la proportion des personnes ayant déjà préparé le ra’au Tahiti décroit avec les générations. Les plus jeunes décrivent des freins liés à la perte de connaissance et à une moindre accessibilité des plantes. Et le ra’au Tahiti demande aussi plus de temps, qu’un simple saut à la pharmacie.

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