Le secteur de l’audiovisuel au fenua, entre ambitions et attentes

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Alors que le FIFO vient de débuter avec son lot de productions venues de tout le Pacifique, seuls 3 documentaires présentés ont été produits localement. Pourquoi la filière locale peine-t-elle à se structurer malgré des Assises qui se sont tenues l’an dernier ? Éléments de réponse.

Publié le 06/02/2025 à 10:44 - Mise à jour le 06/02/2025 à 10:50

Alors que le FIFO vient de débuter avec son lot de productions venues de tout le Pacifique, seuls 3 documentaires présentés ont été produits localement. Pourquoi la filière locale peine-t-elle à se structurer malgré des Assises qui se sont tenues l’an dernier ? Éléments de réponse.

Projeté en avant-première dimanche dernier au grand théâtre de la Maison de la culture de Papeete, « Waltzing with Brando », est la preuve que le fenua continue d’attirer des superproductions internationales. Une manne non négligeable, puisque ce film sur Marlon Brando aura injecté plus de 180 millions de francs dans l’économie locale en un peu moins de 20 jours de tournage.

Un an après les Assises de l’audiovisuel menées par le Pays, comment ce secteur se porte-t-il vraiment ?

« On est un peu en stand-by », constate Laurent Jacquemin, producteur de la société Filmin’Tahiti, « depuis 2 ou 3 ans, il n’y pas de chose qui ont été concrètement faites. On a eu les Assises, on a avancé, on a travaillé, mais il n’y a pas encore de textes, de nouvelles aides. On attend ».

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Seul un projet de loi « d’exonération de taxe » et de « subventions » a été évoqué à la mi-janvier en Conseil des ministres pour la création d’un dispositif destiné à dynamiser le secteur.

« La pièce qui manque aujourd’hui, pour moi, c’est le ‘Tahiti Film Office’. Cette articulation qui permettrait d’avoir une sorte de guichet unique, à la fois pour aller chercher des productions, et pour les accueillir et les orienter ici. C’est le 2e étage de la fusée sur lequel on est en train de travailler », explique le président du Pays, Moetai Brotherson.

Pour les professionnels, ce deuxième étage est devenu une urgence. « Le ‘Tahiti Film Office’ a besoin d’un outil qui est le texte d’incitation fiscale pour aller se battre contre les autres pays pour attirer les productions. Aujourd’hui, ceux qui viennent, ce sont ceux qui ne peuvent aller ailleurs du fait de l’histoire. Marlon Brando filmé à Fidji, ça n’aurait pas vraiment de sens. Tout le monde sait qu’il vivait ici. Gauguin filmé en Nouvelle-Zélande, ce serait pareil. Ils sont obligés de venir ici. Donc, ces films-là, on les a. C’est bien, mais on pourrait en avoir 5 à 10 fois plus », estime Laurent Jacquemin.

Si inciter des productions internationales à tourner en Polynésie reste difficile, produire localement n’est pas simple non plus. Chaque année, 100 millions de francs sont alloués au dispositif de Soutien à la Création Cinématographique et Audiovisuelle (SCCA).

Mais à quelques jours de la date limite des dépôts de leurs dossiers, les producteurs sont dans l’impasse. Le lien disponible sur le site de la Direction générale de l’économie numérique est celui de l’an passé.

« On a eu quelques petits soucis d’organisation au niveau de la DGEN», concède Moetai Brotherson, « on a un changement à la direction. Tout ça est résolu donc le SCCA au rendez-vous. Nous envisageons même, au niveau d’un collectif, de venir augmenter les crédits qui seront alloués globalement, car il n’y a pas que le SCCA comme dispositif ».

« On est en train de réfléchir à reformer l’ensemble des dispositifs pour les rendre plus efficaces, plus faciles à obtenir, et avec un coefficient multiplicateur qui soit plus élevé qu’aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Troisième secteur à l’export, l’audiovisuel polynésien et son siècle d’histoire offrent des perspectives ambitieuses pour l’économie locale. Le Pays annonçait d’ailleurs, début 2024, vouloir atteindre les 25 % du PIB grâce à cette industrie.

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