« Le surf, c’est toute ma vie » : entre ride et peinture, la double vie de Nicolas Caubarrere

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Venu pour la première au fenua il y a près de 20 ans, Nicolas Caubarrere, artiste uruguayen, ne s'est pas contenté de surfer les vagues qui l'attiraient : il a fini par les peindre. De Tikehau à Teahupoo en passant par Hawaii, portrait de ce voyageur guidé par la glisse et les coups de pinceaux.

Publié le 15/06/2024 à 9:23 - Mise à jour le 21/06/2024 à 16:04

Venu pour la première au fenua il y a près de 20 ans, Nicolas Caubarrere, artiste uruguayen, ne s'est pas contenté de surfer les vagues qui l'attiraient : il a fini par les peindre. De Tikehau à Teahupoo en passant par Hawaii, portrait de ce voyageur guidé par la glisse et les coups de pinceaux.

Nous le rencontrons à la galerie Winkler, où il expose jusqu’au 18 juin une quinzaine de tableaux et des œuvres au support un peu plus tape-à-l’œil : des planches de surf gun, shapées par son ami Heinui de Stonefish. « Pas surfables » , rigole-t-il. Elles donnent pourtant envie d’être surfées, autant que regardées.

Lui, c’est Nicolas Caubarrere, 56 ans. Surfeur depuis ses premières années sur les vagues de son Uruguay natal, c’est dans la peinture qu’il se fait une carrière. Quand il ne surfe pas sur son temps libre, petit, il dessine après l’école sur des t-shirts… et sur sa planche. Il sait que des jeunes marques comme Billabong et Quiksilver existent, et qu’elles sont les premières à aller sur une discipline encore peu médiatisée.

Il oriente de plus en plus son style vers le surf, et le surf uniquement. « Il n’y avait pas encore de marques dans ce pays, elles n’étaient pas là. Je peignais des t-shirts pour les vendre. Je parle de 1989, imaginez en Uruguay, il n’y avait pas beaucoup à faire avec l’art et le surfing. Ce n’était pas très populaire » , se souvient-il. Il commence par peindre des paysages, des spots de surf, puis des grandes vagues. Dans sa vingtaine, il effectue les premiers aller-retours entre l’Amérique du Sud et Hawaii, puis la Californie, paradis des surfeurs en quête de sensations. La peinture lui permet de s’imprégner des lieux et de se faire un nom. Il ouvre une première galerie en Uruguay, puis à Hawaii.

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Sa méthode est toujours la même. Visualiser sa toile in situ, peu importe s’il faut poser le chevalet dans l’eau et rester dessiner les croquis au soleil. « Je dois me rendre sur place, ressentir l’endroit pour peindre. C’est comme une photo mentale. J’ai tous les sens en éveil, tous les sons, les odeurs de l’endroit. Il y a de nombreux sentiments à l’intérieur qui vous créent une ambiance. C’est pour ça que je ne peux pas peindre un endroit où je n’ai jamais été », explique-t-il.


En bon surfeur, Nicolas entend parler des vagues de Polynésie et de la légende de Teahupo’o. Il s’y rend pour la première fois en 2006, et en tombe amoureux. « Au départ, j’étais à Moorea, puis j’ai commencé à peindre à l’ancien Méridien. Ils avaient ouvert un atelier sur le toit de l’hôtel. Le directeur m’a dit que je pouvais m’y installer, et j’ai dit oui, sourit-il. J’ai commencé à rencontrer beaucoup de gens… tout le monde de là-bas ! » , poursuit-il. Notamment, un certain Heinui Brosious. Ce dernier commence à lui fournir des planches, qu’il peint pour les offrir au gagnant de la Billabong Tahiti pro.

« Pendant la compétition, je peignais depuis un petit studio. À la fin de la journée, j’avais la board recouverte, et je l’offrais aux surfeurs. Il y a eu Mick Fanning en premier, Adrian « Ace Buchan » , Jérémy Florès (…) C’était très agréable d’être en contact avec tous les pro-surfers. Ils aimaient beaucoup l’art », assure-t-il.

Jérémy Florès, gagnant de la Billabong Tahiti Pro en 2015 (Crédit Photo : AFP)

Le procédé lui permet de rencontrer les peintres de l’entourage de John John Florence, et quelques pointures du milieu comme Jason Coons et Jeff Bushman, shaper hawaiien de renom. « J’aime le surf. C’est toute ma vie, c’est le meilleur, poursuit-il. Une raison qui le pousse à venir deux mois ou plus chaque année au fenua, notamment aux Tuamotu. Après toutes ces années, il tisse une relation amicale avec l’organisateur de la principale compétition de surf de Tahiti, Chris O’Callaghan. C’est ce dernier qui lui propose d’aller peindre à Tikehau.

« Il y a beaucoup de mana ici, c’est très fort. J’adore la façon de vivre ici, j’adore comment les gens vivent ici. Tout le monde est très sociable. Il y a une énergie unique » , souffle-t-il.


Les visiteurs peuvent observer ses œuvres à la galerie Winkler, en plein centre de Papeete, jusqu’au 18 juin prochain. Une exposition qui donne envie d’aller à l’eau… et c’est Nicolas lui-même qui le dit. « Ma journée type, c’est de me lever à six heures du matin, et d’aller à l’eau, souvent pour faire du paddle surf. Vous savez, quand vous allez à l’eau, puis quand vous en sortez, vous vous sentez, vraiment, vraiment bien. J’ai toujours vécu comme ça, et ce n’est pas près de changer » , conclut-il.

Retrouvez Nicolas Caubarrere à la galerie Winkler jusqu’au 18 juin
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