Originaire de Tahiti, Patu Mamatui tatoue depuis l’âge de 11 ans : « J’ai fait mes premiers tests sur ma grande sœur, et depuis, ma passion n’a pas disparu ». Après avoir intégré plusieurs salons de tatoueurs, en 2015, il ouvre son propre shop « Tattoo by Patu ».
Patu Mamatui était invité au festival Koika Tuhi Tiki, qui s’est achevé dimanche à Nuku Hiva. Festival consacré au tatouage et plus globalement aux arts, à la culture et aux traditions. Notamment celle du Koika Tuhi Tiki, qui consistait à laisser le tatouage cicatriser à l’abri des regards, puis d’en dévoiler la forme lors d’une cérémonie avec la population : « C’était primordial pour moi d’être ici car je suis artiste tatoueur, et j’utilise les motifs du patutiki. Cela fait des années que je tatoue, et je ne fais que des motifs marquisiens. J’ai commencé un peu comme tout le monde, en copiant à gauche à droite, mais à un moment donné, j’ai vraiment voulu me plonger dans le sens des motifs et bien comprendre leurs emplacements, comment les anciens marquisiens amenaient le tatouage sur la peau, et ce que ça voulait dire, et surtout connaître ces symboles et l’esprit marquisien. Pour moi, l’essence du patutiki, c’est la langue. C’est ça l’esprit, c’est ça l’âme de cet art, et de cette façon de vivre. (…) L’association Patutiki se bouge pour le peuple, pour que l’art du tiki soit vu par tout le monde, et qu’on reconnaisse que ça vient des îles Marquises ».
« De plus en plus de gens, de tous les âges, se font tatouer, et surtout des corps entiers »
Patu
Patu a une profonde admiration pour les Marquises et son peuple : « Pour moi, le peuple marquisien est un peuple généreux, bienveillant. Je pense que c’est l’un des peuples les plus puissants au monde. Quand tu vois leur environnement, leur cadre de vie… ils sont livrés à eux-mêmes malgré les importations etc. On voit qu’ils s’adaptent à leur environnement et c’est ça qui fait leur force. Ils ont retranscrit toutes leurs analyses du ciel, de la vie… en dessin, et marqués dans la peau ».
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Pour le tatoueur, l’art de transmettre est primordial : « Il faut transmettre le savoir, même le peu d’informations que l’on a, il faut les transmettre, et dans un esprit très sincère, sans arrières pensées. Si on ne transmet pas, le peuple va mourir. Il faut transmettre au maximum pour que la tradition perdure et se perpétue au fil des années. (…) Il faut prendre ce qui a été fait, mais en le recomposant, on le recréant, tout en restant sur des bonnes bases, de bonnes fondations. Je trouve cela fabuleux, magnifique ». Il a d’ailleurs pour ambition de faire « un centre de transmission culturelle, afin de transmettre mon savoir -même si je n’ai que 36 ans-, bénévolement. Car pour moi, cela n’a pas de prix de transmettre. (…) J’ai l’impression que plus on avance dans le temps, plus les gens veulent revenir en arrière, aux origines. Je pense que le but recherché, c’est d’aller au plus loin dans les origines et de les ramener au XXIe siècle. Je trouve ça extraordinaire ».