Dans un monde où les enjeux écologiques sont devenus une urgence, il ne s’agit plus de considérer l’Homme entouré d’un environnement, mais plutôt l’Homme dans son environnement. L’université de la Polynésie débute un cycle de conférences annuelles. Premier thème abordé : le droit de l’environnement et comment le définir comme entité juridique. « C’est vraiment important de le comprendre pour pouvoir aborder tous les matériaux de lutte, matériaux juridiques, scientifiques etc. » explique Emmanuelle Gindre, professeure de droit public à l’UPF.
Victor Hugo écrivait que c’est une triste chose que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. Une réflexion qui fait encore plus écho aujourd’hui. Notre biodiversité est en danger face aux activités humaines. La Polynésie a un rôle à jouer pour protéger ses ressources, ses îles et ses atolls car elle est compétente en matière d’environnement. Seulement, pour appliquer les principes de notre propre charte, on constate encore des lacunes comme par exemple dans la gestion des déchets. « On connait les problèmes en Polynésie, on connait les problèmes financiers qui sont à l’origine de beaucoup de retards dans l’application des règles de droit. Pour les communes, c’est extrêmement difficile de mettre en œuvre leurs compétences pour élaborer toutes les règles qui vont permettre de financer ces services publiques environnementaux. Et également un problème de moyens humains : qui vient surveiller, contrôler l’environnement ? » déclare Emmanuelle Gindre.
Ces spécialistes du droit se penchent aussi sur le lien entre la culture polynésienne et l’environnement. En protégeant leur environnement, les Polynésiens protègent également leurs ressources alimentaires. « On le voit bien pour l’intégration dans le code polynésien de l’environnement, du rahui, du mécanisme du rahui, un mécanisme traditionnel, mais on pourrait le faire aussi pour d’autres mécanismes voire même nouveaux, mais un peu plus adaptés à nos populations et nos réalités » précise Hervé Lallemant, docteur en droit public.
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L’objectif de cette conférence est aussi de démontrer que les avis des juristes, des anthropologues, des linguistes ou encore des scientifiques sont essentiels pour apporter un regard croisé sur un bien commun. « C’est vraiment l’apport de chaque domaine pour atteindre un objectif qui serait une gestion durable des ressources, une gestion durable de la perliculture, des activités etc. L’homme fait partie de la nature » indique Nabila Gaertner-Mazouni, vice-présidente Commission Recherche à l’UPF.
Le droit évolue petit à petit en faveur de l’environnement pour le reconnaitre comme entité vivante. Chez nos voisins maori, le fleuve Whanganui est doté depuis 2017 d’une personnalité juridique et ses droits peuvent être défendus devant la justice.