Le conservatoire artistique de la Polynésie française, Te Fare Upa Rau, produira chaque samedi de juillet et le premier samedi d’août 2018 le spectacle « E Parauparau Te Ôfa’i ». Cette nouvelle production a pour but de valoriser le patrimoine culturel et touristique du fenua et de soutenir les artistes, les créateurs et les groupes de danse Pays.
La troupe Hitireva est dirigée par Kehaulani Chanquy. Près de 121 artistes danseurs et danseuses, chanteurs et chanteuses, orateurs, acteurs et ra’atira se produiront. Le spectacle, intitulé « E Parauparau Te Ôfai », est articulé autour de huit tableaux principaux et les chorégraphies, réglées par Kehaulani Chanquy, s’inspirent des textes écrits par Jack Bryant.
Hitireva au marae Arahurahu
Les samedis 7, 14, 21 et 28 juillet et le samedi 4 août à 15h45 sur le Marae Arahurahu, de Paea (PK 22.5).
Billetterie à Radio1, en ligne sur le site de la radio et dans les Carrefour (Arue, Faa’a, Punaauia).
Tarif unique : 2 000 Fcfp
Renseignements : C.A.P.F.: Tel 40 50 14 14, [email protected], www.conservatoire.pf et www.facebook.com/capftefareuparau.
L’énigme depuis les temps anciens très lointains, protégeait en silence ses secrets je n’ai point de bouche, point d’oreille, point de langue. Et lorsque la lumière apparaîtra de l’ombre de la nuit, le mystère s’éclaircira, je suis, empreinte de la terre, empreinte de la femme empreinte des ancêtres, empreinte d’alerte, empreinte de la mer. Je me dévoilerai alors, pierre, pierre que je suis, conteuse d’histoires.
C’est ainsi que nos tupuna concevaient l’existence, leur monde, leurs croyances. Pierre basaltique, pierre rocailleuse, pierre calcaire, tout était sens, tout était vie. Ainsi ôfaì honu portait la généalogie de ses migrations quand ôfaì pahu résonnait aux frappes des feuilles de àutī. Pierre que j’étais, devenue sacrée et réputée au-‐delà des mers, mais banal et insignifiant caillou je suis devenu aux yeux du māòhi ! Mais alors ?
Dans mon île, au fond de la vallée, résonnent des pierres sous les coups de burin. C’est le tahuà-‐tarai-‐penu qui travaille inlassablement sa roche de rivière. Roche contre roche, chaque taille sonne comme des claques stridents. Puis frottant, râpant jusqu’à usure, le tahuà glisse ses mains nues sur le pilon abouti.
Quand du fond de la vallée retentit l’écho sourd des coups de penu sur le taro, c’est le pōpoi qui est en phase finale préparation. Quand un frottement léger du penu écrase les herbes médicamenteuses, des soins traditionnels à base de plantes, c’est le tahuà-‐raau guérira la fracture osseuse.
Dans mon île, le bruit léger et continu de la rivière veille Ôfaì-‐honu et ses pétroglyphes sacrés aux formes de tortue, gravés dans la pierre. Elle parle de Ôfaì-‐honu, qui prit pour femme Hōhoìraì, enfanta Firifiriāma nō Vavau, le premier né, ceint du marotea. Ôfaì-‐ honu, s’enterra à moitié, laissant apparaître ses motifs de tortue gravés à tout jamais, pour que ses enfants et les enfants de ses enfants connaissent leur origine.
Dans mon île, Hiro nō Havaii-‐i-‐te-‐pō bâtit le maraè Tonohae, face à la mer. Il fit installer une impressionnante pierre calcaire de la plage à la dimension de l’énorme marae. Ce fut la pierre de mesure. Erigée à la verticale, elle domine de l’arrière du marae. Ainsi Tematauira, le àito sélectionnait ses futurs guerriers, dès lors qu’ils dépassaient le sommet de la pierre de mesure. Tematauira s’y adossait, surveillant l’arrivée éventuelle d’ennemis venant de la mer par la passe de Mataura.
Dans mon île, lorsque le coq au petit matin chante, c’est le réveil naturel. Un appel lancé à se rassembler aux bords de la plage où les vaa dédiés à la pêche aux cailloux se préparent, sous la conduite des tahuà-‐tautai.
Une animation bruyante à la plage règne. De jeunes gens torsadent violemment les palmes de cocotiers qui sifflent à chaque rotation. Alors que le silence des rameurs à bord de vaa règne sur le lagon. Un feu géant de bois secs crépite. Les flammes puissantes sont subitement recouvertes de feuilles vertes, dégageant une fumée épaisse, signalant aux pêcheurs que la pierre peut frapper l’eau calme du lagon.
Comme un armée de guerriers, les pierres attachées fermement à des cordes de more, éclaboussent avec fracas dans un mouvement coordonner des vaa. Bientôt les filets de palmes sont descendus dans l’eau, portés par toute la population, piégeant la masse noire tournoyante composée de centaines de poissons.
Pierre à soin, pierre à piler, pierre à tailler, pierre à pêcher, ne laisse pas la pierre résonner à ton oreille. Ton âme saura entendre ses vibrations. Qu’elle y demeure, elle fait sens à la vie.