Musicien, chanteur, danseur… Noa Teiva est un artiste complet. Guitariste du groupe Manu’a, il a appris la musique de manière autodidacte : « j’ai commencé à jouer avec les musiciens dans les églises. Je chantais aussi. Ensuite, je n’allais plus à l’église, mais je jouais seul dans ma chambre et pendant les bringues avec les amis ».
Aujourd’hui, il compose ses propres morceaux, les interprète, et crée des chorégraphies sur ses musiques. Car il est aussi un danseur de renom. Le Polynésien a enchainé les récompenses : meilleur danseur au Heiva i Tahiti en 2017, deuxième meilleur danseur en 2019 et deux fois champion du monde en 2017 et 2022 ainsi que vice-champion du monde en 2019.
S’il baigne dans la musique depuis toujours, il n’a pourtant commencé la danse que bien plus tard, à l’adolescence. « J’ai connu la danse à l’école parce qu’il y avait des cours. J’ai commencé à faire de petits spectacles à l’école, raconte-t-il. Ensuite, j’ai intégré ma première troupe de danse avec Makau Foster : Tamariki Poerani. »
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Issu d’un « quartier social », Noa estime que c’est l’éducation qui l’a conduit à sa passion du ‘ori Tahiti. Et aujourd’hui, c’est lui qui enseigne aux plus jeunes. « En 2017, j’avais quelques jeunes qui me suivaient. J’entrainais certains meilleurs danseurs. C’est comme ça que j’ai commencé à être actif régulièrement ». Il monte même sa propre école qui finira par fermer au moment de la crise covid. Mais il ne lâche rien et décide ensuite de se rendre dans les établissements scolaires pour partager sa passion. Mais pas seulement…
Noa est souvent appelé à l’étranger pour donner des cours de ‘ori Tahiti. Il a ainsi visité le Japon, le Mexique, les États-Unis et même les Samoa. Voir des étrangers s’approprier la culture polynésienne le rend heureux. « C’est un honneur pour moi de voir ça. (…) On voit l’investissement. C’est incroyable. J’ai assisté à un spectacle de Mexicains et ils étaient plus de 200. C’était un seul groupe », se souvient-il. Ce qu’il regrette en revanche, c’est que les jeunes du fenua soient parfois moins investis que les danseurs de l’extérieur, explique-t-il.
L’an dernier, Noa a monté une troupe de danse et participé au Hura Tapairu. Petite particularité : le groupe n’était composé que d’hommes… Toa Mata Rau a remporté le 3e prix hura tapairu et ‘Ōte’a. Cette année, le chef de groupe compte bien participer de nouveau, cette fois en mehura. Toa Mata Rau a eu le temps de grandir et de s’étoffer : « On s’est monté en association pour pouvoir produire des spectacles dans les hôtels, lors des arrivées pour les artistes, pour les mariages, pots de fin d’année… J’ai une base de garçons et filles et musiciens. On est une vingtaine. »
En attendant, Noa s’envolera ce samedi pour Hawaii afin de participer au festival du Pacifique. Plus de 70 artistes du fenua feront le déplacement pour cet événement qui n’a lieu qu’une fois tous les 4 ans sur une ile du Pacifique. « On a préparé un spectacle (…) Cette année, le thème du Festival du Pacifique est La sagesse de l’océan. (…) La direction a été donnée au groupe Temaeva. Ils ont fait une sélection. Ils ont pris les meilleurs danseurs et danseuses pour représenter le Pays. Il y a aussi les musiciens, chanteurs de tarava, les artisans, tatoueurs, la communauté marquisienne… (…) Je suis chorégraphe et meneur des garçons en appui du responsable principal des garçons. »
À 30 ans, Noa Teiva espère un jour vivre uniquement de ses passions, et inciter les plus jeunes à faire de même. « Il y en a plein qui pensent que ce n’est pas possible de vivre de ça, mais moi, je dis que c’est possible. Il faut du courage pour y arriver. Si je peux ne faire que ça, je le ferai. »