C’est avec Poeiti, 17 ans, le poil et la crinière blancs, que nous avons rencontré Remy Trebel. Ce passionné de westerns a acquis cette ancienne championne de saut d’obstacles de l’hippodrome de Pirae à l’issue de son ultime saut, en juin dernier, pour lui offrir une retraite faite d’amour, de balades en bord de plage… et même parfois en bord de route, du côté de Punaauia.
« J’avais un cheval à Raiatea, il y a une vingtaine d’années, pendant 7-8 ans, raconte-t-il. Quand je suis revenu sur Tahiti en 2005, je cherchais à ravoir un cheval, et puis j’ai vu que c’était compliqué… Donc j’ai cherché et puis j’ai laissé tomber. En 2019, j’ai encore prospecté et je suis tombé sur notre chère Poeiti qui faisait encore des sauts d’obstacles et qui était à vendre. Et en même temps, j’ai eu l’opportunité, toujours avec la même personne, de trouver Hanaiti, une jument qui n’a que 2 ans et demi. Mon challenge est d’apprendre à dresser un cheval, parce que ça, je ne sais pas le faire. »
Si sa passion pour les chevaux est née dans ses yeux d’enfants, captivés par les films d’indiens et de cow-boys, aujourd’hui il apprécie tout simplement leur compagnie. « Il m’arrive de ne pas la monter, de juste venir me balader en bord de plage et de la baigner, confie-t-il. Uniquement cette reconnexion avec la nature et avec les chevaux… Je trouve que c’est extraordinaire. Ça permet un peu de sortir de ma semaine de travail et d’être un petit peu plus en connexion avec la nature. »
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De l’environnement à l’enseignement
Quand Remy ne porte pas « le chapeau et les lunettes qui vont bien » pour monter à cheval, il revêt une autre casquette, celle d’enseignant en mathématiques et sciences physiques au lycée hôtelier. Un métier qu’il exerce aujourd’hui depuis 25 ans… « par concours de circonstances ».
« Je ne me destinais pas à enseigner, mais plutôt à faire une thèse et de la recherche sur les interactions océan-atmosphère responsables des principaux phénomènes météorologiques et climatiques, explique-t-il. J’ai une maîtrise de physique, filière sciences de l’univers, option météorologie, climatologie et environnement, donc c’est plutôt dans l’environnement que je voulais travailler. Cela, je le dois à Nicolas Hulot, et son émission Ushuaïa qui me faisait rêver durant mon adolescence et m’avait ouvert les yeux et le cœur sur l’environnement qui nous entoure.
J’ai toujours été très proche de la nature et un militant, pas forcément activiste mais dans mon comportement, pour la protection de l’environnement et la sauvegarde des écosystèmes, et bien sûr, parallèlement, un militant pour la protection animale.
J’avais demandé à postuler pour un DEA que je n’ai pas obtenu la première année, et c’est le ministre de l’Education de l’époque qui m’a aiguillé vers des postes d’enseignant. Je me suis dit pourquoi pas, en attendant d’intégrer le DEA, et au final je suis resté dans l’enseignement en passant les concours. »
Ce qu’il apprécie avant tout dans son travail ? « C’est le fait de transmettre un savoir et si possible de véhiculer des valeurs humaines et responsables aux élèves parfois en perte de repères, mais c’est pas toujours gagné », souffle-t-il.
Un corps tel « un livre à ciel ouvert »
Ce qui capte l’œil, quand on rencontre Remy, ce sont ses tatouages, qui recouvrent « 70 à 80% » de son corps.
« Le tatouage a imprégné ma vie, il y a 25 ans, sur Raiatea, mon île de cœur où il fait bon vivre et où j’ai découvert un de mes premiers tatoueurs, Nuutea Salmon, le fils de Tunui Salmon. Et là, je savais que je ne m’arrêterai pas là. Mon premier tatouage date de 1995 et le dernier de 2018. Au départ c’était vraiment un tatouage qui symbolisait ma vie sur Raiatea, ensuite ça s’est développé plus pour expliquer ce que je vivais en Polynésie, d’où je venais. J’en parlais avec les tatoueurs avec qui je suis passé et il y a eu comme un livre à ciel ouvert qui s’est écrit sur ma peau. »
Attiré par le mana d’un tatouage et par l’atmosphère qui règne autour des tatoueurs, « de pouvoir discuter, de pouvoir partager », Remy a commencé à graviter dans cette sphère, sympathisant au fur et à mesure avec bon nombre d’entre eux, jusqu’à intégrer il y a deux ans le bureau de l’association Polynesia Tatau.
Et à l’occasion des conventions de l’association, il assouvit une autre de ses passions : capturer des moments pour les partager ensuite. « J’ai toujours fait des images partout où je passais, que ce soit pour le ‘ori tahiti, les sports traditionnels ou l’artisanat en général, et notamment lors des conventions, pour immortaliser un peu ce qui se faisait. J’aime ensuite montrer ce qu’ils font, parce que pour moi, ces gens sont des artistes créant des chefs-d’œuvre. »
Du sport à grande dose
Remy est aussi un adepte de sport. De va’a d’abord, avec entre autres courses, pas moins de dix participations à la Hawaiki Nui. « Il y a quelques courses qu’on a gagnées, mais plus en mode vétéran, sourit-il. J’ai fait pratiquement toutes les courses. La seule course qu’il me manque -mais je pense que je ne la ferai pas-, c’est la Molokai… »
Puis du rugby, avec quelques belles victoires à son actif, comme champion en 2e division avec son équipe de Raiatea au début des années 2000, puis champion de Polynésie avec Central en 2005, et encore champion de Polynésie en 2009 avec le Punaauia Rugby Club, qu’il a monté avec d’autres joueurs.
À côté ça, toujours en compétition, il y a eu du volley-ball, du tennis, du paddle… La seule discipline qu’il n’a jamais pratiquée en compétition est la musculation, qui pourtant occupe une grande partie de sa vie, puisqu’il en fait assidûment depuis plus de 30 ans.