Tamau : sublime enlacement

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Publié le 20/05/2016 à 13:32 - Mise à jour le 20/05/2016 à 13:32

Tamau : sublime enlacement
On pouvait craindre le pire. Des violons avec des pahu ? Des danseuses en ballerines, d’autres en more ? Comment mêler, en musique et sur scène, 130 artistes de cultures aussi différentes ? Heureux comme un enfant, John Mairai l’a fait. Pas tout seul, bien sûr. Il a réuni d’excellentes chorégraphes, en danse classique comme traditionnelle. Et, au bas de la scène, un splendide orchestre symphonique, dirigé par Simon Pillard : quelques cuivres, quelques bois, des violoncelles, une bonne dizaine de violons… mais aussi des pahu et une flûte nasale ! Les musiciens sont prêts. Le spectacle peut commencer.
 
Des dizaines de danseurs et danseuses, les uns en costumes traditionnels, les autres en justaucorps et collants. Contraste saisissant. D’abord, ils dansent séparément. Puis côte à côte. Et puis ensemble. A la fois Beethoven, les percussions des temps anciens, Purcell, le vivo : la musique nous emporte, jette des ponts entre les peuples. Les amoureux les franchissent en dansant : un robuste Maohi enlace une fragile ballerine, et leur souple harmonie transcende l’histoire tourmentée de cultures autrefois opposées. Ils font l’amour, pas la guerre.
 
Et puis, le Bolero. Ravel en a épuisé, des musiciens, et des danseurs, avec cette vaguelette musicale, si lente à se former, si patiente à monter, mais qui se transforme enfin en rouleau puissant digne de Teahupoo. Sur cette vague virevoltent ensemble les danseuses : les unes, sages, presque austères, vêtues de robes noires ; les autres, sensuelles, en costume végétal.
Le cliquetis des nacres se mêle au chant des clarinettes. Les pahu répondent aux violoncelles. La grâce enveloppe les corps. Il n’y a plus de classique, de contemporain ou de traditionnel, il n’y a plus qu’un seul ballet, qui va, qui vient. Blanc… Noir. Terre… Océan. Peur… espoir. Ombre… Lumière. L’harmonie naît de cet incessant balancement. Passé… Présent. A droite… A gauche. Tamau.
 

Mike Leyral

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