Tahiti Nui Télévision : On se souvient de cette vidéo virale qui avait dépassé le million de vues en 2018. Que de chemin parcouru depuis. On peut parler d’une marque Tumata Vairaaroa ?
Tumata Vairaaroa, danseuse, influenceuse : « Alors, ça me fait rire parce qu’on peut parler de marque, oui. Aujourd’hui, je vis de ma passion. Ça a été beaucoup d’embûches, mais je vis de ma passion. D’un autre côté, on peut parler non pas de marque, mais on va dire d’identité de cette femme polynésienne qui incarne des valeurs, bien sûr, et surtout qui se bat pour la liberté. Je pense souvent à mes parents, parce que pour eux, je ne suis ni une marque, je ne suis ni une identité, encore moins une référence. Je suis tout simplement leur fille. Et c’est important d’avoir ses parents à ses côtés, parce qu’on s’en souvient toujours, on se souvient de qui on est et d’où l’on vient. »
TNTV : Vos publications concernent essentiellement votre savoir-faire. Mais il y a quelques semaines, vous aviez surpris votre communauté en partageant une douleur très intime à travers le départ de votre petit ange. Quel message souhaiteriez-vous transmettre ?
Tumata Vairaaroa : « Sur les réseaux sociaux, je n’ai jamais voulu partager ma vie. J’ai toujours voulu partager ma réalité. J’ai été absente pendant trois mois sur les réseaux sociaux et c’était nécessaire pour moi. Je pense qu’il faut faire les choses pour soi avant tout. Et ça a été une expérience assez tragique. Beaucoup de mamans aujourd’hui perdent leur enfant dans leur ventre et n’en parlent pas.
Aujourd’hui, on dirait que c’est presque devenu tabu. Et pourtant, beaucoup de mamans souffrent. Pour moi, la danse a été un moyen d’expression, un moyen de libération. Je pense à toutes ces mamans. Mon message, c’est surtout un message d’espoir, un message de courage. Et je pense que ça a fait mouche.
On va dire que j’en avais besoin. Chacun fait son deuil à sa façon. J’avais besoin de partager avec les personnes qui m’entourent. Parce que mes amis ne sont pas seulement à Tahiti. Ils sont au Hawaii, aux États-Unis. Et j’avais besoin qu’ils puissent savoir ce que je vis aujourd’hui.
Je dirais que mon parcours n’a pas été facile. Quand j’ai commencé, je n’avais pas d’argent. Je n’avais pas forcément le soutien d’une personne. Et surtout, je n’ai pas été pistonnée, comme peut-être que je voulais à l’époque, ou pas. Mais je n’ai pas eu cette chance. Et heureusement, ça m’a permis d’être la femme que je suis aujourd’hui.
Et c’est surtout, je n’ai rien lâché. Je pense que c’est ma communauté même qui me suis, surtout pour cette femme forte. Et je pense que tous les Polynésiennes sont fortes, de toute façon.
On est nés pour être libres. On est nés pour être riches d’expérience. On est nés pour donner la vie autour de soi.
Et c’est ça que je partage sur les réseaux sociaux. Nous ne sommes pas juste un corps qui danse et qui pratique une exécution de Tairi tamau. Nous sommes avant tout une personne. »
Tahiti Nui Télévision : Vous avez développé depuis six années sur les réseaux sociaux un programme complet autour de la danse tahitienne. Il y a aussi une partie de vos activités dédiées aux costumes.
Tumata Vairaaroa : « Tout à fait. On a développé depuis six ans sur les réseaux sociaux des cours en ligne parce qu’il fallait s’adapter, tout simplement. Il fallait transmettre notre culture, changer nos habitudes et surtout, on va dire, rendre accessible à tous notre culture. Mais certes, ça ne remplacera jamais des cours en présentiel. Et ça, je le dis souvent, c’est pour ça que je pars à l’international pour aller rencontrer mes élèves que je rencontre en ligne pour leur inciter à venir à Tahiti. Beaucoup trop de danseurs et danseuses et d’enseignants qui enseignent à l’international ne sont jamais venus à Tahiti, n’ont jamais vu la mer. Donc, pour moi, c’est important de venir ici, d’aller dans toutes les écoles exceptionnelles qui existent ici en Polynésie, à Tahiti, à Rangiroa, à Manihi, à Taha’a, ou à Moorea, de venir ici et d’avoir cette expérience riche.
Beaucoup souhaitent évoluer dans la danse, mais il ne suffit pas de prendre juste un workshop à l’international ou prendre juste un cours en ligne. Le cours en ligne est un moyen de garder le lien pour que nous, nous puissions un jour aller à leurs rencontres et les inciter à venir en Polynésie. »
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TNTV : Justement, une école de danse en ligne, une chaîne YouTube, des workshops, une tournée qui démarre en mars avec 22 villes. Que peut-on vous souhaiter de plus pour l’année 2025 ?
Tumata Vairaaroa : « Je dirais professionnellement, je me souhaite et je souhaite surtout à tous les artistes de vivre de leur passion et surtout d’être maître de leur passion, d’être maître de leur projet et de ne surtout pas se réinventer une nouvelle vie, de ne pas plaire aux réseaux sociaux. Beaucoup souhaitent avoir énormément de followers, ça peut aider comme dans mon cas, mais c’est surtout de ne pas s’oublier. Donc ça, professionnellement, je souhaite à tout le monde d’être destin de leur propre projet.
Après, personnellement, je souhaite à tous et je me souhaite aussi le bonheur et la paix. Beaucoup trop de familles se brisent, se brisent pour des problèmes, pour des hypocrisies ou encore pour des affaires de terre qui n’aboutissent pas et oublient l’essence même de leur famille qui est le partage, qui est l’amour et la connexion. Donc moi, je leur souhaite la paix surtout dans leur famille. »