L’art pour mettre en lumière, dénoncer, s’interroger. Après la question des violences intra-familiales, Océane Fouet s’intéresse à la communauté LGBTQIA+. L’artiste, également psychologue au fenua, prépare une série d’œuvres qui seront exposées à la Maison de la culture du 18 au 22 février. Un projet sur lequel elle travaille depuis plusieurs années. « Ça fait, je pense cinq ans que j’étudie le sujet et que je vois comment je pourrais l’amener d’un point de vue artistique (…) L’idée c’était d’inclure toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas dans une identité de genre ou une identité sexuée, donc des personnes qui ont pu rencontrer des situations conflictuelles, mais pas que, l’idée, c’est aussi de donner la parole à des personnes qui vont avoir des messages forts, à donner notamment aux plus jeunes pour essayer d’encourager à l’acceptation, la tolérance, au partage, qu’il y ait des exemples aussi de personnes qui se manifestent en dehors des normes qu’on peut connaître ».
Plus qu’une exposition, une démarche militante
Le public découvrira en majorité des portraits, mais pas seulement. « De fil en aiguille, je me suis dit que le portrait lui aussi catégorise finalement dans un mouvement artistique alors que ce que je veux, c’est justement qu’on arrête de catégoriser. J’ai réfléchi à comment je pourrais dépasser la frontière du portrait. Donc il y aura non seulement des portraits très colorés, très texturés mais aussi des témoignages audios. Ça fait un an et demi à peu près que j’interviewe des personnes. (…) C’est vraiment un travail de terrain où les personnes vont livrer leur histoire dans un temps d’échange très simple ». Le public sera invité à écouter ces témoignages de manière aléatoire dans la salle d’exposition. « Et il y aura également un troisième support. Ça restera de la peinture, mais il y aura beaucoup d’expérimentation au niveau des matières, il y aura des exercices plastiques, on va dire sur lesquels je m’essaye et qui vont plutôt être axés sur l’identité sexuée. (…) Il y a un fantasme autour de la sexualité des personnes mahu, rae rae, gays et je me suis demandée comment je pourrais amener le spectateur à s’interroger sur ce qu’il est en train de voir. »
Océane aimerait également faire participer d’autres artistes, et inviter l’association Cousins Cousines, mais aussi SOS Suicide pour que le public « puisse facilement communiquer, pour les personnes qui s’interrogeraient sur comment on peut être aidé sur le territoire etc. Il y a vraiment toute une démarche autour, en dehors de l’exposition« .
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Une partie des fonds obtenus grâce à la vente de ces tableaux sera reversée à Cousins Cousines.
En tant que psychologue, Océane a écouté de nombreux témoignages de la communauté LGBTQIA+. Des récits qui lui ont ouvert les yeux sur une réalité souvent dissimulée. « Quand on voit des personnes, par exemple des personnes trans travailler dans les commerces ou autre, on se dit, c’est super, c’est bien accepté, mais il y a une réalité derrière qui est beaucoup plus complexe que ça. Donc ça oui, c’est mon travail de psychologue, je pense qui a commencé à m’éveiller. Il y a aussi mes amis avec qui j’ai vécu et dont j’ai suivi toutes les étapes que ce soit de transition, d’acceptation, de rejet familial.«
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Elle n’a pas débuté que son exposition pourrait déjà s’exporter. L’artiste a reçu plusieurs propositions, notamment de villes dans l’Hexagone.
« On m’a proposé effectivement que l’expo qui va avoir la Maison de la Culture soit exportée dans deux villes en France. Donc j’ai trouvé le projet super, j’ai commencé à rentrer plus en lien avec les associations LGBT plutôt que des assos artistiques, on était plus sur des assos militantes ou informatives. Je prévoyais d’aller séjourner quelques jours à Londres pendant mon séjour en Europe, mais de manière très personnelle. Et puis je me suis dit, c’est dommage quand même parce que Londres, c’est vraiment, il y a une communauté queer qui est exceptionnelle là-bas, j’aimerais bien m’en rapprocher. » Océane envoie quelques mails et rapidement, les choses s’enchainent : on lui demande de réaliser une fresque pour The Common Press, une librairie queer connue. « L’idée, c’est sur la façade, de représenter un mahu avec une couronne aux couleurs LGBT ». Une manière de faire parler de la communauté LGBTQIA+ du fenua au-delà des frontières.
Plus que jamais engagée, Océane espère que ces actions attireront l’attention des pouvoirs publics sur les difficultés que traverse cette partie de la population.