Après trois jours de relâche, le Hura Tapairu reprend de plus belle sous le signe de la passion. Aussitôt la présentation des membres du jury effectuée, c’est au groupe ‘Ori Marara en catégorie Mehura, à qui revient l’honneur d’ouvrir le bal en évoluant à pas feutrés sur la scène. Dirigées par Mareva Heyman, les 28 danseuses – issues de l’OPT – en robe d’un blanc virginal et toutes coiffées d’une délicate couronne fleurie entonnent la mélodie dédiée à « Hunaea, la Terre Vivante » écrite par Lenata Tama et composée par Jimmy Teriihoania, une douce chanson exprimant la passion d’un paradis de la presqu’île sur laquelle repose harmonieusement la chorégraphie.
« Hommage à nos chers défunts » c’est le thème choisi, pour sa troisième participation en catégorie Mehura, par Tamarii Na Ta’a Motu E Pae, ce groupe du Lycée polyvalent de Taravao et dont les élèves proviennent de toute la Polynésie. Retour aux fondamentaux et aux valeurs traditionnelles exprimés dans cette danse où éclate la joie de tous les jeunes lycéennes et lycéens, ces derniers vêtus d’un simple pagne et portant autour du cou une couronne de fleurs locales. A noter, Gerry Picard, le chef du groupe, porte plusieurs autres casquettes, celle d’auteur et compositeur de la musique interprétée par l’orchestre dont il assure également la direction.
C’est sur une chorégraphie fraiche sur une gestuelle rythmée dans un style paumotu que s’offre généreusement le tout nouveau groupe Tematahira de Jane Maopi dont c’est la première participation en catégorie Mehura. Racontant des souvenirs passés du vivant de sa grand-mère, Jane a voulu lui rendre un vibrant hommage en exprimant le style paumotu qui fait désormais partie d’elle même. Bien que Jane soit également l’auteur des chants, c’est Emma Terangi qui a créé et composé « Mama Ua Kite au ia oe » (Maman je t’ai vu)
C’est de nouveau un enchantement sur le thème du lien « Te Natira’a » que choisit Varua Nui signifiant « Le grand esprit » pour sa première participation en catégorie Mehura. Composés par des amoureux de la danse, ce groupe dirigé et chorégraphié par Maruavai Marama rappelle la nécessité, sur la très belle mélodie de Heirani Tavaearii, de rester fier de ses origines Maohi.
‘Ori Here est un groupe créé en 2011 à Montpellier dans le Sud de la France par des étudiantes polynésiennes souhaitant partager leur passion du ‘Ori Tahiti. Auparavant, déjà détenteur d’un premier prix en catégorie Mehura, ce groupe revient sur la scène et est présidé par Heirani Estall. Une jeune Polynésienne à la recherche de son identité constitue la trame de son thème. En seconde partie, le groupe concoure aussi en catégorie ‘aparima ‘āpipiti sur un très belle chorégraphie réalisée par Heirani et interprétée sur la chanson « Homai na » de Sabrina Laughlin. A noter, la belle performance applaudie de l’orchestre dirigé par Pierre Mapu.
En catégorie Mehura, le groupe Te Honora’a dirigé par Titaina Tuira et dont le thème choisi pour cette soirée est « I te rā tau – En ce temps là » a proposé une très belle prestation au style très « belle époque », le remarquable costume traditionnel blanc au col brodé des danseuses a fait forte impression. Les auteurs et compositeurs des chants sont Clint Mariterangi et Te Ava Piti sous la direction du chef d’orchestre Esteban Perez.
Le poids des mots, le choc de sa transmission expressive. Kehaulani Changuy de nouveau présente avec sa troupe très attendue en catégorie Tapairu mais également dans les autres catégories, Mehura et Pahu Nui, a choisi de porter haut les couleurs des mots. Mots déclamés, détournés, traitres, animés, vivaces et nobles dans l’essence même de la mémoire du peuple, ils sont l’expression forte de leurs coutumes et leurs âmes. La chorégraphie est signée Kehaulani Changuy sur un texte de Ta’oahere Maona, la musique du ‘aparima est composée par Teiva Le Moine-Claret. La clameur et l’ovation venue du public à la fermeture du rideau en disait long sur l’intense émotion laissée par l’extraordinaire niveau de qualité de la prestation des danseurs et interprètes. A revoir d’urgence donc !
© articles et photos : Stéphane Sayeb / Tahiti Zoom