Fruits et légumes : la guerre des marges

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Les maraîchers du fenua tirent la sonnette d’alarme. Le 15 février de cette année, sans concertation avec les producteurs, le gouvernement retire tous les fruits et légumes de la liste des PPN et des PGC, à la demande de la fédération générale du commerce. Chaque commerçant devient donc libre de fixer ses prix. Deux syndicats agricoles demandent au gouvernement des marges réglementées pour sauver l’agriculture locale.

Publié le 05/12/2019 à 11:05 - Mise à jour le 06/01/2020 à 15:14

Les maraîchers du fenua tirent la sonnette d’alarme. Le 15 février de cette année, sans concertation avec les producteurs, le gouvernement retire tous les fruits et légumes de la liste des PPN et des PGC, à la demande de la fédération générale du commerce. Chaque commerçant devient donc libre de fixer ses prix. Deux syndicats agricoles demandent au gouvernement des marges réglementées pour sauver l’agriculture locale.

Le système protectionniste que Gilbert U-Fa a bâti dans les années 70 avec les autorités s’est effondré il y a neuf mois. Désormais, les revendeurs peuvent pratiquer des marges libres sur le prix de ses fruits et légumes, et sur les produits importés. Conséquence pour l’un des plus gros producteurs du fenua : les commerçants n’achètent plus ses produits au meilleur prix. À 86 ans, Gilbert U-FA a dû licencier, cette année, les dix salariés qui lui restaient : « Je n’arrive plus à assumer alors je travaille avec mes enfants et mes petits enfants. Nous utilisons tous les moyens pour produire plus et nous nous adaptons au prix fixé par le commerçant et non plus par nous-même. »

Depuis son faaapu à Taravao, Françoise Henry rappelle que l’arrêté de février supprime la marge règlementaire de 35% maximum lors de la revente en détail. Pour elle, les prix vont s’envoler, puisque les marges sont libres. La présidente des producteurs de fruits propose un retour des produits locaux dans la liste des PGC. « Quand un produit fait partie de la liste des PGC, sur le prix que vous payez, il y a 35% qui reviennent à la distribution, 5% qui sont facturés en TVA, et le reste, c’est le producteur qui le touche pour son prix de production et pour son bénéfice. »

La chambre de l’agriculture dit n’avoir pas pas non plus été consultée il y a neuf mois. Elle aussi s’inquiète des marges des distributeurs. « Les Affaires économiques nous avaient annoncé qu’ils feraient une enquête lors des conférences agricoles, parce qu’on se voit tous les mois en dehors des conférences agricoles, ils ont indiqué qu’il y avait une évolution à la hausse des producteurs mais aussi à la hausse de la marge de commercialisation. Ils avaient observé les deux phénomènes. Mais c’est normal on était en mauvaise saison. (…) Des plaintes aussi des agriculteurs sont remontées vers nous », raconte Marc Fabresse, responsable technique technique de la Chambre de l’Agriculture et de la pêche lagonaire.

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Pour le moment, dans les magasins, les fruits et légumes de saison envahissent les étals. Les consommateurs en profitent. Les prix ont même baissé.

Mais la saison des fruits et légumes s’achève dans un mois. Les marges pourraient s’envoler hors saison, entre janvier et mai. Les salades, courgettes et tomates locaux vont coûter plus chers, quand la production sera plus difficile à cause de la chaleur et de la pluie. En plus de la libéralisation des marges, les agriculteurs devront aussi faire face à la concurrence des fruits et légumes importés en cas de pénurie.

Contactés, le gouvernement et la Fédération Générale du Commerce n’ont pas voulu apparaître dans ce reportage.

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