Air Tahiti Nui a souscrit au prêt garanti par l’Etat : « les retours sont plutôt positifs » déclare le directeur général

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Les résidents d'abord, les touristes après. À quelques semaines de l'ouverture du trafic aérien, ATN prévoit un vol quotidien vers l'international avec un panachage sur Los Angeles et Paris. Affaiblie par un trou d'air de plus de trois mois, la compagnie au tiare mise sur un prêt garanti par l'Etat d'environ 5 milliards de Fcfp pour le redémarrage. Une enveloppe qui doit surtout permettre de ne pas répercuter la baisse d'activité sur les prix. Les explications de Mathieu Bechonnet, directeur général d'Air Tahiti Nui.

Publié le 07/06/2020 à 20:27 - Mise à jour le 08/06/2020 à 9:14

Les résidents d'abord, les touristes après. À quelques semaines de l'ouverture du trafic aérien, ATN prévoit un vol quotidien vers l'international avec un panachage sur Los Angeles et Paris. Affaiblie par un trou d'air de plus de trois mois, la compagnie au tiare mise sur un prêt garanti par l'Etat d'environ 5 milliards de Fcfp pour le redémarrage. Une enveloppe qui doit surtout permettre de ne pas répercuter la baisse d'activité sur les prix. Les explications de Mathieu Bechonnet, directeur général d'Air Tahiti Nui.

La quatorzaine va être progressivement levée, c’est une bonne nouvelle pour ATN ?
« C’est une excellente nouvelle, comme toutes les compagnies internationales, on avait exprimé le fait que la quatorzaine ne permettrait pas de redémarrer l’économie du Pays. On ne peut pas imaginer que les gens qui sortent d’un confinement dans leur pays, viennent se confiner en Polynésie. Ça va enfin permettre de redémarrer l’industrie du tourisme. »

Comment s’organise la reprise des vols ?
« On prépare ça avec beaucoup d’attention. On peut redémarrer sans être un vecteur de contamination massive grâce aux tests, d’autant que les pays où on va sont en phase de descente du risque. Comme il y a eu une longue période d’hésitation et de non réservation, nos inventaires ne sont pas pleins, mais on a quand même une belle activité qui avait été enregistrée dans le système avant le mois de mars. Notamment des passagers de métropole. Ces gens-là attendaient avec impatience la reprise du trafic, nous confirment leur intérêt de voyager, et nous permettent d’annoncer qu’on sera quasiment à un vol quotidien vers l’international avec un panachage de vols sur Los Angeles, et sur Paris principalement. On espère reprendre rapidement un rythme de croisière.

Les demandes sont fortes pour les résidents polynésiens bloqués en France, notamment en liste donc on va augmenter très rapidement les programmes de vols les deux premières semaines sur Paris. Les vols purement à connotation touristique notamment Los Angeles, vont attendre un peu plus, c’est-à-dire plutôt vers le 15 juillet, parce que nos partenaires hôteliers ont aussi besoin de préparer la réouverture.

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Nos clients comprendront qu’on ne peut pas mettre la totalité de notre offre comme d’habitude en haute saison. Il faut aussi qu’on jauge la demande. Des hôtels ont déjà commencé à fermer. Les opérateurs touristiques vont devoir refaire les circuits, les bookings pour les touristes qui représentent 80% de notre chiffre d’affaires. Il y a aussi les locaux, est-ce qu’ils ont déjà prévu de voyager ? Pour les vols sur le Japon, ils ne seront pas rouverts puisqu’il n’y a plus rien dans les inventaires, il faut commercialiser de nouveau, mais nous ciblons un redémarrage vers le mois de septembre. Il faut aussi adapter notre capacité à adapter la procédure des tests sur ce marché. »

Comment les avions sont préparés ?
« Les avions sont déjà préparés puisqu’on a eu des vols de continuité territoriale, on ne s’est pas arrêté complètement. On sera encore plus prêts dans les semaines qui viennent. On applique d’ailleurs un protocole recommandé par l’organisation internationale de l’aviation civile.

Il faut comprendre que le transport aérien avec le 11-Septembre a pris les plus grandes mesures de sécurité contre le risque terroriste, c’est ce qui est en train de se passer pour le risque sanitaire. »

Ce protocole prévoit-il de vaporiser un virucide dans les cabines comme le fait Air France par exemple ?
« On a des campagnes de nettoyage très strictes et beaucoup plus intensives, on n’a pas besoin de vaporiser quoi que ce soit puisque ce travail sur les surfaces est fait en amont. On s’est surtout doté d’appareils toute dernière génération avec des filtres de particules HEPA (Haute efficacité pour les particules aériennes, NDLR), comme dans les hôpitaux. Donc pas de doute sur la qualité de l’air qui est très très bien filtré. Il y aura toujours le service d’ATN avec le sourire, mais avec le port du masque. Il y aura aussi une petite adaptation du service pour limiter le contact, mais en gardant la touche polynésienne. »

Comment envisagez-vous le fait de tester avant de monter à bord ?
« On le faisait déjà avec les vols de continuité, mais maintenant il faut passer à un rythme un peu plus industriel. Il ne faut pas que ce soit trop pénible pour nos clients, ce sera un processus un peu plus ennuyeux c’est vrai, mais une fois qu’on aura fait le test, on pourra vivre pleinement l’expérience polynésienne. Ce qui a été bien compris par le Pays. »

Faut-il s’attendre à un impact sur le prix ?
« On ne va pas faire porter sur nos clients la problématique de nos charges, ce sont des questions qu’on a en interne. Le prix du billet d’avion ne doit pas être la variable d’ajustement. C’est pour ça d’ailleurs que la question de la distanciation sociale dans un appareil n’est pas possible pour nous. L’idée ce n’est pas de distancier les gens, et de leur faire payer ensuite deux fois le prix du billet d’avion. Non, l’idée c’est de faire notre métier avec beaucoup de sérieux et de rigueur sur les questions sanitaires. On est sensibles au fait que beaucoup de gens ont déjà été impactés par la crise. »

Dans ce cas, comment comptez-vous absorber les pertes ?
« Nous avons mis en oeuvre le dispositif Diese pour réduire notre activité. Il y a des discussions en interne avec l’ensemble du personnel sur les efforts qu’on doit encore faire, mais les trésoreries de compagnies aériennes comme ATN n’ont jamais été conçues pour tenir six mois sans la moindre activité. Là, on parle de montants importants, d’une dette de plusieurs milliards. Si on devait appliquer la baisse d’activité sur nos prix ce serait un très mauvais signal. On considère que les derniers à être responsable de ça, ce sont les clients. Nous avons donc souscrit à la PGE pour envisager un redémarrage, et les retours sont assez positifs.

ATN est une compagnie qui a montré sa résilience, et elle sera là demain pour servir ses clients même si c’est vrai que nous avons des choix à faire et que cette crise laissera des traces comme pour toutes les compagnies au monde… »

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