Elles font le bonheur des papilles, mais ne sont pas toujours bonnes pour la santé. Les glaces et autres produits contenant plus de 4,99 g de sucre pour 100 g ou 100 millilitres seront soumis au taux normal de TVA, soit 16 %, contre 5 % actuellement. Ainsi, un produit à 100 francs passerait de 105 francs à 116 francs.
Le gouvernement veut ainsi réduire leur consommation et inciter les professionnels à proposer des produits moins sucrés. Si les enjeux de santé publique sont reconnus par ces professionnels, ils s’inquiètent des répercussions économiques, comme l’explique Marie Chevalier, la coprésidente du syndicat des industriels (SIPOF) et directrice d’une entreprise de produits laitiers.
« Le consommateur va subir une hausse de 10,5 %, c’est énorme. Nous prévoyons une baisse de notre chiffre d’affaires de 10 à 15 %. Nous avons déjà travaillé sur la diminution du sucre dans nos recettes et, aujourd’hui, nos glaces sont les moins sucrées du marché. Mais malheureusement, pour produire de la glace, on ne peut pas se passer du sucre qui est un élément texturant indispensable », souligne-t-elle.
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Cet ajustement devrait rapporter 1,6 milliard de francs en provenance des producteurs locaux, et 800 millions de francs venant de l’importation, soit un total 2,4 milliards.
« Ces 2,4 milliards seront directement fléchés dans le Fonds de solidarité universelle, donc pour les comptes d’affectation pour la CPS », indique le représentant Tavini Tematai Le Gayic qui estime que « c’est une bonne chose d’avoir affecté directement » les recettes à la « la prévention pour lutter contre cette addiction ». Selon le ministère de l’Economie pourtant, ces fonds seront bien fléchés vers le budget du Pays avant d’être reversés aux comptes sociaux via une dotation.
« Maintenant, il est prévu dans le budget de la Polynésie un soutien d’à peu près 3 milliards aux acteurs économiques (…) 600 millions (…) pour des aides diverses dans leur fonctionnement, dans l’achat de leur matériel (…) Ça peut leur permettre à court terme de venir demander des aides d’investissement pour leur transition économique vers des produits moins sucrés », ajoute Tematai Le Gayic à l’attention des industriels.
Dans les rangs de l’opposition, taxer les produits néfastes, comme le sucre, l’alcool ou le tabac, c’est du déjà-vu. Mais le projet du budget 2025 évoque également l’application d’un taux réduit pour les produits originaires d’Océanie.
« Lorsque l’outil fiscal est utilisé, il faut bien voir que ça a des répercussions sur les acteurs économiques locaux et sur la production industrielle locale (…) Lorsque le gouvernement décide de ne pas taxer les produits de cette origine et de taxer des produits qui sont réalisés en Polynésie, ça a un effet sur la compétitivité de notre économie, sur notre tissu économique. Finalement ça peut dissuader un certain nombre de producteurs locaux de continuer à investir dans ce domaine », craint le représentant non-inscrit Nuihau Laurey.
Après adoption du budget, l’application de cette mesure se fera dès le 1ᵉʳ janvier 2025.