Cette réouverture du ciel polynésien devenait nécessaire pour la survie de notre compagnie ?
« Bien sûr, mais pas uniquement de la compagnie, la compagnie et toute l’industrie du tourisme qui est à l’arrêt depuis plusieurs mois. »
Les rotations entre Papeete et Paris via Vancouver ont été augmentées. On retrouve peu à peu un rythme de croisière ?
« Disons que maintenant nous sommes passés à un stade commercial. Jusqu’à maintenant nous assurions à la continuité territoriale. Maintenant on essaie de stimuler les principaux marchés, notamment la métropole et les Etats-Unis. »
Ce n’est pas la même allure de ce qu’on avait l’habitude d’avoir ?
« Ah non, on en est très loin. Sur les Etats-Unis qui est notre premier marché, on va mettre trois vols par semaine. Habituellement en cette saison on est à 13 vols, donc on est loin effectivement d’une haute saison habituelle. »
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Concernant cette escale via Vancouver, quand pensez-vous que cela va s’arrêter ?
« Là ça dépend des autorisations entre l’espace Schengen et les Etats-Unis. Dès que ça se rouvrira, on partira par Los Angeles. Pour le moment nous avons peu de visibilité parce que l’Europe a interdit l’accès à l’espace Schengen aux Américains et vice-versa les Américains ont interdit les Européens aux Etats-Unis. »
Pourtant les Américains peuvent venir en Polynésie. Comment on explique cela ?
« D’abord la Polynésie n’est pas dans l’espace Schengen, ensuite nous avons obtenu une dérogation de l’Etat. Le président Fritch et le haut-commissaire ont bien travaillé avec le gouvernement central pour que nous obtenions une dérogation au vu de toutes les mesures que nous avons mises en place, les tests, les gestes barrières, etc. »
C’est une bonne chose que les Américains puissent revenir ici sur le plan économique ?
« C’est notre premier marché, donc effectivement c’est une bonne chose, surtout pour les grandes chaînes hôtelières de Bora Bora, Moorea, Tahiti, je pense à Rangiroa également qui reçoivent beaucoup d’Américains habituellement. »
Les mesures sanitaires qui sont mises en place avant et pendant le vol sont suffisantes selon vous pour éviter une réintroduction du virus en Polynésie ?
« Je n’ai pas toute l’expertise pour le dire, mais ce que je sais, c’est que nous avons pris toutes les précautions nécessaires, en tout cas au niveau de la compagnie aérienne, puisque à bord le port du masque est obligatoire. Chaque passager se verra remettre un kit sanitaire. Les PNC sont formés. En tout cas c’est pas dans l’avion que des passagers pourront être contaminés parce que l’air est filtré. Il arrête 99,9% des bactéries. Donc de ce côté-là, toutes les précautions sont prises. »
Les PNC aussi sont testés ?
« Oui. Ça dépend du temps de séjour à l’extérieur, mais ils sont testés régulièrement. Quand ils reviennent ils auront des tests et puis surtout les PNC ont été formés. Pas que les PNC, les PN en général, c’est-à-dire les PNC et les pilotes, les personnels navigants techniques également. Nous les avons dotés de masques et d’un kit sanitaire. Nous les avons entraînés aux consignes de distanciation sociale, les gestes barrières. Ils vont à l’hôtel, on leur a demandé de ne pas sortir de l’hôtel. Donc toutes les précautions sont prises. »
Sur un plan économique, cette reprise des vols est un bol d’air pour ATN, mais on suppose que la situation de la compagnie reste compliquée. Qu’en est-il aujourd’hui ?
« L’année 2020 est pratiquement morte, on le sait. Ce n’est pas que ATN, c’est toute l’industrie aéronautique qui est fortement impactée. On va perdre entre 55 et 60% de notre chiffre d’affaires habituel. Mais c’est une généralité dans l’aérien. Je crois que tous les jours malheureusement on voit des compagnies qui licencient, certaines se mettent en redressement judiciaire. La plupart des compagnies en Amérique latine sont passées en redressement judiciaire. »
Vous avez fait une demande de prêt auprès de l’Etat, qu’en est-il ?
« Par les trois banques locales, nous avons obtenu les prêts garantis par l’Etat. Nous avons également une aide du Pays d’avance en compte courant de milliards par notre actionnaire, ce qui va nous aider à tenir pour les prochains mois jusqu’à la fin de l’année. Le problème étant que c’est très difficile d’avoir de la visibilité, parce que les règles peuvent évoluer, l’épidémie n’est pas terminée donc les pays s’ouvrent, les pays se referment. On a une visibilité très réduite. »
Est-ce que l’entrée de l’Etat au capital d’ATN a été évoquée ?
« Ça fait partie des sujets qui ont été évoqués effectivement avec l’ancien gouvernement. Maintenant il y a eu remaniement ministériel en métropole. Les discussions devraient être rouvertes. Là elles se font d’abord avec le Pays, puisque notre actionnaire principal est le Pays. »