Covid-19 : les perliculteurs inquiets par la crise

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La perle de Tahiti va-t-elle perdre de sa valeur ? Avec l’arrêt des vols commerciaux, aucune vente n’a pu être organisée et c’est toute la filière de la perliculture qui est mise à mal. Les greffeurs chinois n’ont pas non plus pu revenir travailler dans les fermes. Des stations qui tournent au ralenti pour préserver au mieux les nacres.

Publié le 14/05/2020 à 16:59 - Mise à jour le 14/05/2020 à 16:59

La perle de Tahiti va-t-elle perdre de sa valeur ? Avec l’arrêt des vols commerciaux, aucune vente n’a pu être organisée et c’est toute la filière de la perliculture qui est mise à mal. Les greffeurs chinois n’ont pas non plus pu revenir travailler dans les fermes. Des stations qui tournent au ralenti pour préserver au mieux les nacres.

La crise du Covid-19 a mis à l’arrêt toute la filière perlicole. Aucune vente n’a pu se faire depuis la suspension des vols commerciaux. « Tout est en stand-by, autant au niveau des achats donc les relations avec les fermiers, que les ventes, puisque les clients sont tous bloqués à l’étranger, dans leurs pays respectifs » déclare Sabine Lorillon, présidente du syndicat des négociations en perle de culture de Tahiti.

Et bien que les perles de qualité gardent de leur éclat et de leur valeur, les prix seront tirés vers le bas lorsque les ventes seront à nouveau possible, selon cette négociante. La perle se vendra en dessous des 500-600 Fcfp, le prix moyen actuellement. Les pertes sur les stocks cumulés sont difficiles à chiffrer, mais il y aura un manque à gagner. « On est très inquiets, on a tous énormément de stock. Et le problème, c’est que les clients ont connu les mêmes difficultés que nous dans leur propre pays, et donc ils vont certainement venir avec des demandes de prix relativement inquiétantes pour nous » nous dit Sabine Lorillon.

« Dès que les premiers acheteurs vont revenir, ils vont profiter de la situation pour casser les prix, et les perliculteurs qui sont vraiment à court de leur trésorerie, vont brader les perles, et forcément, ça va encore tirer le prix vers le bas, un prix qui était déjà assez critique avant le Covid-19 » ajoute Thomas Esen, président du comité de gestion de la perliculture de Rikitea.

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Dans les fermes, l’activité est réduite à l’entretien des nacres. Aux Gambier, le comité de gestion de Rikitea n’a aucune visibilité sur les prochains mois pour écouler la production, réputée pour ses couleurs. Certains perliculteurs ont du revoir les salaires de leurs employés à la baisse.

Sans greffeur chinois bloqués dans leur pays, la production est retardée. Il faut compter 15 à 18 mois pour effectuer les récoltes. « Quasiment tous les perliculteurs, qu’ils soient gros ou petits, tournent au ralenti, à cause, entre autres, des greffeurs qui n’ont pas pu revenir, et du manque de trésorerie à cause des ventes qui n’ont pas pu avoir lieu. (…) Je pense que si ça dure toute l’année, beaucoup de fermes vont mettre la clé sous la porte, malheureusement. (…) On n’a pas de visibilité pour le moment » déplore Thomas Esen.

Les professionnels de la perle craignent également de ne plus voir d’acheteurs. Car si la quatorzaine est imposée à l’entrée du territoire, ils ne viendront pas. Leur séjour en Polynésie est souvent très court lors des ventes. « Il est bien évident que s’ils sont obligés de passer 14 jours, ils ne viendront pas… C’est trop cher. Ils ont maximum 4 à 5 jours pour effectuer leurs achats à chaque fois qu’ils se déplacent, et après ils continuent ailleurs » précise la présidente du syndicat des négociations en perle de culture de Tahiti. « Ce n’est pas une filière qui va s’arrêter parce qu’il y aura toujours un demande pour les bijoux, mais il est certain que ce n’est pas la priorité des consommateurs dans le monde entier actuellement, et qu’on sera l’une des filières qui mettra le plus de temps à repartir » conclut-elle.

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