FRPH : Faut-il appliquer une vérité des prix à la pompe ?

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Faut-il une plus grande transparence du prix des hydrocarbures ? La question se pose encore aujourd’hui alors que les tarifs à la pompe ne correspondent pas à la réalité des cours mondiaux. Le résultat d’un choix politique, puisque le Pays maintient les prix grâce au FRPH.

Publié le 28/04/2024 à 13:09 - Mise à jour le 29/04/2024 à 9:28

Faut-il une plus grande transparence du prix des hydrocarbures ? La question se pose encore aujourd’hui alors que les tarifs à la pompe ne correspondent pas à la réalité des cours mondiaux. Le résultat d’un choix politique, puisque le Pays maintient les prix grâce au FRPH.


C’est une particularité de notre territoire isolé sur le planisphère : des prix à la pompe inférieurs à ceux pratiqués dans l’Hexagone. Pour éviter la répercussion de la flambée des cours mondiaux du pétrole sur les prix appliqués localement, le Pays s’appuie sur le fonds de régulation des prix des hydrocarbures, le FRPH. Un compte spécial créé par une délibération de 1997.

Le principe de fixation des tarifs à la pompe est basé sur un prix CAF (Coût, Assurance, Fret)* à l’importation, auquel se rajoutent des taxes, un montant de compensation FRPH et la marge des grossistes et des détaillants.

Prenons l’exemple d’un prix CAF à 100 Fcfp + les taxes + la marge. Le résultat obtenu est de 192 Fcfp par litre. Si le prix à la pompe est de 182 Fcfp, la différence de 10 Fcfp peut être, soit compensée par le FRPH, soit supportée par le consommateur. On parle alors de vérité des prix.

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Sans recours au FRPH, le gouvernement doit augmenter les prix à la pompe d’au moins 10 Fcfp. Si la hausse est supérieure à 10 Fcfp, une partie des recettes générées abondera le FRPH.

Ce mécanisme peut générer des recettes pour le fonds lorsque le prix de vente est supérieur au prix de revient réel ou au contraire se traduire par des dépenses lorsque le tarif de vente est inférieur au prix réel. La stratégie du gouvernement actuel est la même que celle adoptée par le précédent : le maintien des prix à la pompe, en puisant chaque jour un peu plus dans les recettes du FRPH. De quoi s’interroger sur la pérennité d’un tel dispositif.  « Le problème, c’est qu’on en fait souvent un outil politique, plus qu’un outil d’amortisseur social, expliquait le 20 avril sur notre plateau l’économiste Florent Venayre. Et là typiquement, on sait qu’il y a des tensions sur le marché pétrolier au niveau international et avec les tensions du côté de l’Israël, l’Iran, ça ne va pas s’arranger. Et donc, oui il faudrait augmenter vraisemblablement le prix à la pompe.  Donc là, je pense qu’on est en train, très largement, de prendre de l’argent dans les réserves. Mais il n’y a pas d’argent gratuit, magique, donc ça va se payer, ces réserves-là, c’est de l’impôt des Polynésiens à un moment ou à un autre. »

Appliquer une vérité des prix permettrait également de sensibiliser à la consommation des énergies fossiles. « Aujourd’hui, l’énergie fossile, l’essence qu’on utilise, n’est pas chère. Certes, ça touche les petits ménages, mais aujourd’hui, il faut savoir que le carburant est subventionné en partie et ne reflète pas la réalité des prix, rappelle George Siu, président directeur général de Gaz de Tahiti. Est-ce une solution durable, je ne pense pas. »

Pour 2024, 1,4 milliard ont été inscrits pour le FRPH dans le budget primitif. Et malgré des tendances persistantes à la hausse à l’international, les prix de l’essence en Polynésie sont maintenus à 155 Fcfp le Litre au mois de mai. Contre 172 Fcfp en Nouvelle-Calédonie et 230 en moyenne dans l’Hexagone.

*Le prix CAF est le prix d’un bien à la frontière du pays importateur ou prix d’un service fourni à un résident avant acquittement de tous les impôts et droits sur les importations et paiement de toutes les marges commerciales et de transport dans le pays (source Insee)

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