Lors de la session budgétaire de l’assemblée de la Polynésie française, Edouard Fritch a souligné la bonne santé économique du Pays et le pouvoir d’achat des ménages renforcé. Pour le premier semestre de cette année 2019, le recours aux crédits à l’investissement des entreprises progresse de 12%, soit 81 milliards de Fcfp et celui du crédit à l’habitat de 7%, soit 7,6 milliards de Fcfp.
Pour créer de l’emploi, le pays propose de continuer à soutenir les entreprises privées. Dans le secteur des travaux publics, les appels d’offres des trois prochains mois, soit une enveloppe de 3 milliards de Fcfp, seront accélérés. Dans le secteur du tourisme, la construction de nouveaux hôtels pourra bénéficier d’une défiscalisation à hauteur de 40% du montant d’investissement et de 60% pour des hôtels construits ailleurs qu’à Tahiti, Moorea et Bora Bora.
« On voit la précarité dans laquelle vivent beaucoup de membres de notre communauté »
Eliane Tevahitua, représentante Tavini huiraatira à l’assemblée.
Mais malgré les chiffres annoncés, secteur par secteur, le bilan économique et les orientations du chef de l’exécutif n’ont pas convaincu l’opposition.« C’est un discours habituel du Président, qui dit que tout va bien en Polynésie, que l’économie est florissante. (…) Mais moi, ce que je remarque, quand je me promène dans les rues de Papeete, ou bien dans les communes qui jouxtent Papeete, je vois beaucoup de désarroi, beaucoup de personnes qui n’ont aucun domicile fixe. Et ce que j’ai remarqué également, c’est que avant, on voyait plutôt des hommes, et maintenant, on voit beaucoup de femmes, dont des jeunes. Ce sont des phénomènes nouveaux. Et quand on va aussi dans nos vallées, on voit la précarité dans laquelle vivent beaucoup de membres de notre communauté » nous dit Eliane Tevahitua, représentante Tavini huiraatira à l’assemblée.
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« Après quelques années de présidence, j’ai l’impression que c’est toujours le même discours qui revient, puisque les deux plus grands projets (Hao et le village tahitien, NDLR) n’ont pas encore démarré. Oui, les moyens financiers sont là, mais à un moment donné, il va falloir aller un peu plus vite, surtout savoir comment les utiliser pour que la population puisse reconnaître (…) Et on nous parle de l’emploi, du logement, de la santé… mais ce sont des dossiers qui reviennent tous les ans, et que l’on doit donc accompagner, poursuivre… Mais ce qu’attend la population surtout, c’est de l’emploi. Et quand on voit le nombre de SDF qu’il y a en ce moment, quand on voit le nombre de chômeurs qui ne cesse d’augmenter. (…) Ce sont des familles qui sont au bord de la route aujourd’hui, ce n’est plus l’homme ou la femme toute seule, mais la famille, avec les enfants. Créer des centres, oui, mais cela ne suffit pas, ils ont besoin d’être reconnus, d’avoir un emploi… « déplore Iriti, représentante Tahoeraa Huiraatira à l’assemblée.
« Nous devons continuer à déployer des efforts, à soutenir des entreprises. Car aujourd’hui, c’est l’emploi privé qui prime, nous, au niveau de l’administration des communes, c’est fini, nous ne créons plus d’emploi. (…) Il y a encore des difficultés. J’espère venir au budget avec quelques mesures pour celles et ceux qui sont dans la misère, car elle existe toujours. Il faut s’en occuper, y consacrer de l’argent. Aujourd’hui, nous pouvons le faire car nos finances vont mieux. Quand l’économie ne va pas, vous ne pouvez pas faire de social » déclare le président du Pays.
« Il faut toujours vivre avec l’espoir «
Edouard Fritch, président de la Polynésie française
Edouard Fritch a conclu son bilan économique par les deux gros chantiers toujours en attente de réalisation : la ferme aquacole de Hao reste toujours d’actualité, quant au village tahitien de Outumaoro, il n’est pas question de laisser place au pessimisme, suite au désistement des investisseurs néo-zélandais : « Cela va voir le jour. Il faut toujours vivre avec l’espoir. Tous les matins, le soleil se lève, même au lendemain d’un cyclone. J’ai espoir que les choses aillent jusqu’au bout, et je pense que les sociétés du Pays vont commencer à s’y intéresser sérieusement. Je ne compte que sur les entreprises de mon Pays, que sur l’argent de mon Pays. Et il faut que les Polynésiens y croient eux-mêmes ».
« Comme je l’ai dit, vraisemblablement, nos enfants nous reprocherons un jour d’avoir été trop sévères, mais je ne cède rien sur Hao. L’environnement, pour moi, c’est sacré. Ils respecteront toutes les règles qu’on leur imposera. Et je ne veux pas prendre de risque sur le village tahitien. C’est plusieurs milliards de Fcfp. Je ne veux pas commencer des travaux et qu’ils nous laissent en plan dans deux ans. Ce n’est pas possible. (…) Les investisseurs qui ont envie de ce projet n’arrivent pas derrière à fédérer les sociétés qu’il faut pour pouvoir financer de tels projets » a jouté le président.
Les représentants de l’assemblée de la Polynésie disposent d’un délai de trois mois pour débattre des mesures proposées par le gouvernement.